Ford Mustang, la légende se transforme
Quand Ford a introduit le concept de la nouvelle Mustang, tous, sans exception, ont été charmés par son style rétro. Il est vrai que la tendance des manufacturiers est de créer des icônes en faisant revivre les belles du passé, et que le prétexte du 40e anniversaire de la légende américaine était le meilleur moment pour relancer un peu la marque. Il faut dire que depuis quelques années, on avait eu droit à quelques tentatives moins réussies, et à des surprises mécaniques qui n'étaient pas nécessairement à la hauteur des attentes des véritables amateurs.
La Mustang devait être complètement redessinée, et on avait promis de lui greffer les nouvelles technologies. Mais, tradition oblige, il fallait bien garder quelques éléments. Au grand désespoir de certains puristes, au nombre des éléments conservés, il faut parler des essieux rigides arrière. Chez Ford, cette décision s'explique tout simplement par un objectif précis : conserver tous les avantages que la Mustang a toujours eus sur les pistes d'accélération. Et les essieux rigides sont un facteur déterminant de cette réussite, notamment avec la forte capacité d'absorption du couple.
Heureusement, on a aussi tenu parole sur plusieurs points de vue et la nouvelle Mustang vient de prouver que c'est à 40 ans que la vraie vie commence.
Habitacle nouveau genre
L'intérieur est très sympathique avec un mélange rétro futuriste de très bonne qualité. Rétro, pour rappeler les souvenirs, et futuriste parce qu'on utilise des matériaux comme l'aluminium qui vient donner une touche de renouveau.
Les futurs propriétaires auront l'embarras du choix, puisqu'ils pourront choisir entre 250 couleurs pour le rétro éclairage du tableau de bord. Le volant à trois branches est magnifique, et se tient en main comme les anciens : avec fermeté et conviction. Après tout, la Mustang demeure le plus macho des véhicules et la prise du volant traduit bien cette personnalité.
Les places arrière sont peut-être un peu serrées pour les jambes, mais proposent un dégagement très respectable pour tous les passagers. Et bien entendu, l'intérieur est disponible en plusieurs versions. Ma préférée : le cuir rouge et noir qui est assez séduisant.
Petit reproche cependant, l'ordinateur de bord est, quant à moi, très mal placé, immédiatement sous le compteur de vitesse. Il faut donc quitter la route des yeux et faire une brève recherche visuelle avant de vraiment pouvoir le consulter.
Les sièges, même s'ils sont esthétiquement réussis, manquent de support latéral. On a considérablement amélioré la tenue de route, mais les sièges ne sont malheureusement pas à la hauteur. Le conducteur glisse de gauche à droite chaque fois qu'il tente d'exploiter les capacités de la voiture.
Le pédalier, contrairement à la dernière livrée, est plus rapproché ce qui facilite le déplacement et les jeux des pieds. Et grâce au positionnement de la transmission et à une nouvelle tringlerie, la tige du levier de vitesses sur la version manuelle n'est plus en forme de « s » comme jadis. On parle alors d'améliorations notables en terme de facilité de maniement, tandis que la fermeté est tout ce qu'il y a de plus sportif.
Le coeur de la bête
Au coeur des performances de la Mustang, et pour faire fumer les pneus, on retrouve le moteur de la version GT, un V8 en aluminium de 4.6 litres et trois soupapes par cylindre qui développe rien de moins que 300 chevaux à 6 000 tr/min. Si on le compare à son prédécesseur, soit celui qui équipait la version 2004 de la Mustang GT, ce nouveau moteur est plus léger d'une trentaine de kilos, ce qui n'est pas rien. Mais il est surtout plus puissant grâce aux 40 chevaux de plus qu'il possède. Pour arriver à une telle augmentation, les ingénieurs de Ford ont effectué un travail remarquable sur un ensemble de détails.
On a, par exemple, augmenté le diamètre de l'échappement, fabriqué un conduit d'entrée d'air en matériau composite plus léger et plus efficace et diminué le poids en installant un arbre à cames en magnésium. Bref, une véritable cure d'amaigrissement pour permettre à ce moteur plus léger de rugir comme un grand.
Outre le gros V8, la version V6 a aussi subi d'importantes modifications qui ont permis d'améliorer, le couple de 5 % (235 lb-pi à 3 500 tr/min) pour une puissance totale de 202 chevaux. On peut donc parler d'un engin qui possède désormais une souplesse remarquable et qui inspire confiance.
Les transmissions, tant en version manuelle qu'automatique, ont été améliorées en performance. Ainsi, pour la première fois de son existence, la Mustang est disponible avec une transmission automatique 5 rapports. On peut ainsi maintenir des performances dignes de ce nom, tout en misant davantage sur l'économie d'essence. La nouvelle boîte contrôlée par ordinateur communique avec l'électronique du moteur pour offrir des changements de vitesses dix fois plus rapides et précis.
Autre détail qui a son importance - et tous ceux qui ont conduit la version 2004 de la Mustang me comprendront - on a sérieusement modifié l'embrayage. Les mollets rendus sensibles par un usage abusif de la pédale dans les embouteillages seront ravis d'apprendre que l'embrayage est maintenant hydraulique, ce qui le rend de loin plus confortable sans rien perdre de sa qualité.
Que du positif... Enfin presque !
Sur la piste d'essai de Ford où j'ai eu l'occasion de tester la nouvelle Mustang, j'ai pu pousser la bête à la limite. Le verdict est nettement positif.
Le comportement de la suspension est plus rigide en général, ce qui rend la maîtrise plus facile dans toutes les circonstances, surtout quand les virages sont plus accentués. Au freinage, on ressent nettement moins de plongée, ce qui en augmente l'efficacité, tout en permettant au pilote de poursuivre son tracé sans avoir à corriger la trajectoire.
Dans les courbes, la voiture présente moins de roulis, ce qui améliore la traction notamment en sortie de virage et qui permet donc de reprendre le droit chemin plus rapidement. La raison qui explique cette solidité renouvelée : le châssis qui est de 31 % plus rigide en torsion. En courbe, la voiture est vive et bien équilibrée, le dérapage apparaît progressivement ce qui permet d'avoir de bonnes sensations et d'offrir une sécurité de conduite.
En revanche, le fait d'être passé du profil 45 à 55 en pneumatiques restreint les performances du châssis, qui doit travailler beaucoup plus à cause de la structure plus haute du pneu. Ce compromis permet cependant un amortissement supérieur qui, sur la route, est très apprécié. En calculant cet amortissement, le compromis confort-performance obtient une excellente note.
Les freins ont augmenté de diamètre avec des disques de 316 mm ventilés à double piston à l'avant et 300 mm ventilés à simple piston à l'arrière, ce qui donne maintenant un freinage prompt et endurant. On a, de, plus réussi à éliminer la sensation étrange que donnait l'ancienne version de la Mustang : on croyait devoir ralentir un autobus tellement le freinage était lourd et capricieux.
L'empattement réduit de 15 centimètres, doublé d'une nouvelle disposition des roues, procure un habitacle plus spacieux et augmente aussi la stabilité sur la route. Pour mieux distribuer les masses tout en préservant l'équilibre, les ingénieurs n'ont pas hésité à utiliser différents matériaux et alléger certaines pièces. La Mustang pourra donc dorénavant compter sur un capot d'aluminium, nettement plus léger, et des pièces de suspensions elles aussi plus légères.
Avec tous ces changements techniques, la Mustang poursuit sur sa lancée, et continue d'être une voiture aux performances remarquables. Les changements faits par Ford n'ont rien enlevé des qualités de cette légende sur roues. Au contraire, on a réussi à les rendre encore plus présentes, tout en éliminant certains irritants qui empêchaient de conduire avec plaisir.
Les passionnés de Mustang ne seront pas déçus. Les simples amateurs comme moi non plus puisque la nouvelle voiture, par son équilibre et sa sophistication, n'est rien de moins que la meilleure Mustang de l'histoire. Une belle façon de célébrer un anniversaire !