Volvo XC90, la sécurité avant tout
Comparativement au BMW X5, à l'Infiniti FX45 et au récent Porsche Cayenne, le Volvo XC90 n'a pas été conÇu dans l'esprit d'égaler les performances d'une berline sport, mais plutôt sur la base traditionnelle de la marque suédoise reconnue pour « la sécurité de ses véhicules ». Voilà un thème qui a longuement défrayé les manchettes au cours des dernières années.
En effet, de nombreux groupes de pression (religieux notamment) américains et européens ont fait campagne pour que l'on boycotte ou réglemente l'utilisation des utilitaires sport. En plus d'être énergivores, on reproche à ces mastodontes d'être à l'origine d'accidents mortels. Il est facile d'imaginer les dégâts causés par un gros utilitaire lors d'un impact avec une petite voiture. Le mouvement anti-VUS est encore plus répandu en Europe où les sous-compactes occupent la grande majorité du marché. Sensibles à ce genre d'arguments, les ingénieurs de Volvo ont usé de leur savoir-faire pour tenter d'améliorer la sécurité du XC90 face à ses vis-à-vis.
Une conception sécuritaire
Comme les utilitaires sport possèdent une garde au sol éléphantesque, leurs pare-chocs et autres éléments structuraux sont boulonnés à une hauteur plus élevée que celle des autres véhicules. Même si les voitures modernes possèdent des poutres protectrices et des zones de déformation conÇues pour dissiper l'énergie en cas de collision, ces éléments s'avèrent presque inutiles face à un gros utilitaire. Pour réduire les dommages causés aux autres véhicules, le sous-châssis de la suspension avant du XC90 est complété par une traverse inférieure dissimulée derrière le becquet aérodynamique avant et positionnée à la hauteur du pare-chocs d'une voiture conventionnelle. De même, la ligne douce de la carrosserie dépourvue de pièces en saillie a été dessinée dans le but de réduire les risques de blessure aux piétons et aux cyclistes. De plus, le capot déformable est censé amortir le choc advenant qu'un individu y soit projeté. Des tests ont prouvé que Volvo avait vu juste. Toutefois, personne de l'équipe du Guide de l'auto ne s'est porté volontaire pour expérimenter le tout?
De par leur conception, les utilitaires sport sont plus susceptibles de capoter. Pour réduire un tel risque, le XC90 est le premier véhicule de sa catégorie à être équipé d'un système de contrôle de stabilité du roulis (RCS). Dès que le dispositif anticipe un angle de roulis critique, celui-ci sollicite le régulateur de contrôle dynamique de la stabilité (DSTC) qui réduit la force motrice des roues jusqu'à ce que la stabilité soit rétablie. Puisque tout système d'aide à la conduite a ses limites et qu'un capotage demeure toujours possible, les passagers sont également bien protégés en cas de retournement. En effet, certaines parties de la structure du toit ont été renforcées d'acier au bore, un alliage quatre à cinq fois plus résistant que l'acier ordinaire. De même, un rideau gonflable s'étend aux trois rangées de sièges et épouse le contour des vitres latérales en cas d'impact.
Le XC90 est équipé de série d'un rouage intégral Haldex similaire à celui de la S60. Dès que les roues motrices avant patinent, le système dirige instantanément jusqu'à 95 % du couple vers les roues arrière. Ce dispositif agit de concert avec le système DSTC qui freine automatiquement la roue en perte de traction pour reporter le couple vers celle qui en possède le plus. Malgré les prétentions de Volvo, nous avons été en mesure de constater que le système n'intervient pas aussi rapidement que prévu, soit en moins de 1/7 de tour de roue ! Malgré tout, le système assure une motricité permettant de rouler en toute quiétude sur les routes hivernales. Toutefois, ne croyez pas que le XC90 vous fera grimper aux arbres. Dépourvu d'une boîte de transfert à rapport court, il n'a pas les prétentions d'un Land Rover. Cependant, il a le mérite de déclasser l'imprévisible rouage intégral du BMW X5, et ce, tant sur les surfaces glacées qu'en terrain accidenté.
Selon la version, le XC90 est animé par un cinq cylindres turbocompressé à basse pression de 208 chevaux ou un six cylindres biturbo avec échangeur air-air de 268 chevaux. Dans les deux cas, la puissance est un peu juste pour déplacer cette masse de 2000 kg. Qui plus est, Volvo semble contrariée par les performances de son nouveau rival allemand à moteur V8, le Volkswagen Touareg. On s'attend donc que les dirigeants de Volvo introduisent un moteur huit cylindres d'ici la fin de 2004.
À cause de ses dimensions et de son long diamètre de braquage, on se sent plus à l'aise sur les grands boulevards que dans les rues étroites du centre-ville en XC90. Par ailleurs, la suspension est sèche mais confortable, et le freinage assure des distances d'arrêt sécuritaires. Soulignons aussi que le XC90 a connu des problèmes d'amortisseurs et que les modèles 2003 n'ont pas un dossier fiabilité sans tache.
Un intérieur signé Volvo
Pour les habitués de la marque, ajoutons que l'habitacle s'inspire de celui des familiales V70/XC70. Toutefois, contrairement à certains produits dans lesquels on a la désagréable surprise de trouver des pièces Ford (boutons de la radio, commandes de lève-glaces, etc.), les véhicules Volvo se démarquent de ceux de la maison mère (Ford est propriétaire de Volvo) en ne partageant pas leurs pièces. Fidèle à leur réputation, les sièges avant figurent parmi les plus confortables et sécuritaires de l'industrie. Quant à la troisième banquette, elle est étroite et a été conÇue pour accueillir des passagers ne mesurant pas plus de 1,60 m.
Il faut espérer que les autres manufacturiers s'inspirent des dispositifs de sécurité et d'aide à la conduite du XC90, ingénieusement conÇus, pour élaborer les prochaines générations de VUS. Les groupes de pression et autres n'en seront que plus heureux !