Saturn ION, à l'orientale
Même si la dernière Saturn Ion a plutôt bonne mine, ce n'est pas le type de voiture à provoquer le coup de foudre. On peut tomber amoureux, comme bien des gens l'ont fait, d'une Mazda Protegé5 ou d'une Volkswagen Golf, mais je ne connais pas grand monde qui craque pour une Saturn Ion et cela même dans son costume original de coupé quatre portes (ou presque). Entièrement redessinée l'an dernier, cette sous-compacte a pris du galon même si l'originalité ne fait pas partie de ses attributs. C'est en quelque sorte la plus « orientale » des voitures nord-américaines. C'est déjà une qualité enviable.
Contrairement aux ridicules Chevrolet Cavalier ou Pontiac Sunfire, les Saturn Ion peuvent facilement nous laisser croire qu'elles ont un passeport japonais? ou disons coréen. Jusqu'en 2002, les petites Saturn faisaient le bonheur de milliers de gens qui appréciaient sans doute beaucoup plus l'ambiance amicale instaurée par General Motors dans le réseau de concessionnaires que les qualités intrinsèques du produit. Nos matchs comparatifs ont souvent fait plier l'échine aux petites Saturn. Mais assez de blabla, passons à cet essai d'une berline Ion à transmission automatique.
Comme beaucoup de ses rivales, la voiture n'a aucun caractère particulier. Les adeptes de la marque sauront par contre que la petite Saturn utilise toujours des panneaux de caisse en polymère qui résistent mieux aux égratignures ou aux chocs légers comme nous l'a répété à outrance la publicité.
Mieux assise
Les deux points forts des récentes Ion tiennent à leurs deux composantes majeures, c'est-à-dire le moteur et le châssis. GM a puisé dans son stock européen la plate-forme Delta utilisée notamment dans l'Opel Astra allemande et a eu recours à un petit moteur de facture moderne qui a déjà fait ses preuves, l'Ecotec. Il s'agit d'un 2,2 litres de 140 chevaux que l'on peut jumeler à la boîte manuelle à 5 rapports offerte de série ou à une transmission automatique à 5 rapports. Le coupé hérite pour sa part, en option, d'une transmission à rapports continuellement variables repêchée de l'utilitaire sport VUE. Et grande nouveauté pour 2004, le coupé essaie de se donner un caractère plus sportif en s'affichant avec un moteur Ecotec suralimenté de 200 chevaux dans sa version « Red Line ».
Pour en revenir à la berline, certains vont certainement se demander comment la Ion peut se tirer d'affaires avec une suspension arrière demi-indépendante alors que sa devancière pouvait compter sur quatre roues indépendantes. En cela, elle ne fait que suivre les traces de plusieurs modèles, dont la Golf, la Corolla et même la Nissan Maxima, trois voitures au comportement routier plus qu'acceptable. Une autre caractéristique digne de mention est la direction à assistance électrique, une astuce de plus en plus courante dans les voitures récentes.
Les deux grosses bévues des Saturn Ion sont l'absence de freins à disque à l'arrière et, surtout, l'obligation d'allonger quelques centaines de dollars de plus pour obtenir le freinage ABS qui s'accompagne alors de l'antipatinage.
Pas de panique
Malgré son air climatisé et ses nombreux accessoires de luxe, notre Saturn ne possédait justement pas l'option ABS et devinez quelle est la première chose que j'ai écrite dans la colonne des « contre »? Lors d'une simulation d'arrêt d'urgence à 100 km/h, notre Ion s'est payé un magistral travers accompagné d'un nuage de gomme de caoutchouc partie en fumée. Alors, de grâce, évitez ce genre de man?uvre ou cochez l'option ABS. Cette Saturn ne m'a pas convaincu non plus de l'efficacité de la direction électrique qui ne donne pas une grande sensation de contact avec la route. Vantons en revanche le court diamètre de braquage qui lui confère une belle maniabilité. La tenue de cap est sans problème à grande vitesse et le comportement routier tout à fait satisfaisant eu égard à la clientèle visée. Quant au moteur, il n'a nécessairement aucun mal à faire oublier l'ancien quatre cylindres grognon qui équipait les modèles de la précédente génération. Même avec l'automatique, les performances s'avèrent adéquates, aussi bien l'accélération que les reprises. Et le fait d'avoir recours au kick down ne vous oblige pas à hausser le ton de la conversation.
Pour que la silhouette de l'Ion passe assez bien la rampe, il faut éviter les couleurs qui mettent en relief ces lisières de plastique qui courent de chaque côté du toit et qui ressemblent à une paire de bretelles. Rien à faire toutefois pour se débarrasser de ce volant hideux en forme de moule à gâteau. Comment peut-on avoir laissé une telle horreur atteindre le stade de la production ? Contrairement à mon collègue Denis, je suis de ceux qui considèrent l'instrumentation centrale comme une source inutile de distraction de la route. En revanche, mon dos n'a pas eu à se plaindre des sièges réglables manuellement en hauteur comme chez Volkswagen et agrémentés d'un tissu d'apparence plutôt agréable. D'ailleurs, la finition de la voiture mise à l'essai ne souffrait d'aucune bavure apparente. Ce qui plus est, aucun angle mort important ne vient gêner la visibilité. À l'arrière, l'espace est satisfaisant. Quant au coffre à bagages, c'est incontestablement l'un des plus grands de toutes les voitures de cette catégorie. Le coupé pour sa part est en tout point identique à la berline, à l'exception de ses deux panneaux latéraux qui s'ouvrent à contresens afin de faciliter l'accès aux petites places arrière.
Voilà donc le bilan des choses. Il démontre que les Saturn Ion sont maintenant en milieu de peloton par rapport à leurs concurrentes alors que les précédents modèles avaient bien du mal à suivre la parade.