Nissan 350Z, mission accomplie, presque
Énoncé de mission : faire renaître la Datsun 240Z, voiture sport culte des années 1970. Objectif : reprendre sa place de choix dans le créneau de plus en plus porteur de la véritable voiture sport et faire ainsi concurrence aux allemandes qui en font presque un monopole.
Tel était l'objectif que s'était fixé Nissan pour le lancement en 2003 de la 350Z, héritière en titre et en esprit de la légendaire Datsun 240Z, celle qui avait réussi pratiquement à elle seule à construire la réputation de Datsun ? devenue par la suite Nissan ? en Amérique du Nord. Une réputation de robustesse et de performances confirmée par de nombreux succès sur piste et en rallye, des succès qui font aujourd'hui de la première Z une voiture prisée par les collectionneurs et les nostalgiques des voitures sport d'avant le déluge. Ce déluge étant celui des normes antipollution et des dispositifs de sécurité qui ont freiné pendant 20 ans le développement de ce créneau et signé l'arrêt de mort de nombreux modèles et de plusieurs marques. Fin de cette note historique. Allons à présent voir si la nouvelle venue réussit à accomplir sa mission.
Si le démarrage du magnifique V6 de 3,5 litres ne laisse pas, par le bruit qu'il émet, deviner ce qui s'en vient, il est facile de constater au bout de quelques centaines de mètres que la 350Z va en mettre plein le chronomètre.
Avec ses 287 chevaux et ses 274 lb-pi de couple, le V6 répond « Présent ! » et permet de boucler le 0 à 100 km/h en 7 secondes et d'atteindre la vitesse inutile de 250 km/h. Secondé par une boîte manuelle à six vitesses précise et bien étagée, ce moteur devient une merveille de souplesse et de disponibilité à tous les régimes. Avec un vroum-vroum un peu plus? sexy, il serait parfait. Certes, il pourrait aussi être plus puissant, mais soyons honnêtes : la très grande majorité des automobilistes qui disposent de plus de 300 chevaux ne savent pas quoi faire de toute cette puissance et, à l'instar des amateurs d'utilitaires supposément sport qui ne s'aventurent jamais hors route, ces sportifs de salon ne se servent presque jamais de la puissance maximale qui, devons-nous le rappeler, n'arrive que lorsque l'aiguille du compte-tours frise les 6000 tr/min. En somme, 287 chevaux bien exploités, c'est bien suffisant.
Donc, la 350Z déménage, du moins pour votre humble serviteur. Mais est-ce qu'elle freine aussi bien ? Réponse courte : oui. Même sans les quatre freins Brembo livrables en option, les généreux pneus de 18 pouces « font la job » et réussissent à bien ralentir la bête. Mais s'ils tiennent bien la route, ces bandages à profil bas gonflés à 34 livres vous secouent aussi l'anatomie, car la suspension ne parvient pas à compenser la dureté des pneus, notamment sur chaussée dégradée. Certes, la tenue de route est remarquable, mais cette fermeté de suspension agace et nuit à l'agrément général.
Quant à la direction précise et bien dosée, elle permet de bien placer la voiture en virage et contribue au caractère sportif de la Z. Dernier commentaire sur l'agrément de conduite : les sièges. Enveloppants, bien profilés, les baquets garnis de cuir vous tiennent bien en place, condition essentielle pour la conduite sportive. Voilà pour le comportement dynamique de la Z qui, à quelques détails près, remplit le mandat fixé.
Reste le style. Et là, les opinions divergent, même si la 350Z a reÇu plusieurs titres l'an dernier, notamment celui du Design de l'année. Eh bien ! moi, je ne suis pas d'accord. Non pas que la Z ne soit pas réussie sur le plan esthétique. D'ailleurs, s'inspirant amplement de l'Audi TT, elle peut difficilement déplaire. Mais là où le bât blesse, c'est qu'elle ne rappelle aucunement la légendaire 240Z à qui, rappelons-le, elle doit son hérédité. Je l'ai bien zieutée de toutes parts : aucune ressemblance avec « ma » Z. À la limite, on pourrait dire que la forme de la petite glace latérale rappelle celle de la vraie Z, mais avouez que c'est faible. Or, et j'insiste bien là-dessus, pour qu'une voiture puisse perpétuer le mythe d'une célèbre devancière, IL FAUT qu'elle évoque l'ancêtre, ne serait-ce qu'un tout petit peu. C'est ce qui permet de dire : c'est la nouvelle 911, la nouvelle Jaguar, la nouvelle Corvette, la nouvelle Mustang, etc. Autrement, c'est tout simplement une nouvelle voiture, et même si elle est réussie, elle n'a pas le droit d'usurper ce nom qui ne lui appartient pas.
Sur le plan design, c'est donc ? encore une fois à mon humble avis ? à refaire. Et pour vous prouver que c'est possible d'évoquer le passé sans s'y soumettre, passons à l'intérieur où les stylistes ont su rappeler la 240Z avec ces trois petits instruments ronds plantés en fuseau sur le tableau de bord. Ils sont superbes. Mais malheureusement, ces mêmes stylistes se sont arrêtés là, sans doute épuisés par cet effort de « créativité ». C'est peut-être pour cette raison qu'ils ont complètement raté le bloc d'instruments principal revêtu d'un plastique argenté cheap. Quant aux panneaux des portes tout noirs, sans aucun relief, on dirait que Nissan a manqué d'argent à la dernière minute. Franchement, il y a moyen de faire mieux !
Car quand on paye près de 50 000 $, on mérite, outre des performances à la hauteur de la note, un style, une allure, un dessin, tant intérieur qu'extérieur, qui permettent à tout un chacun de dire : c'est la Z !
Quant au cabriolet, il est identique au coupé sur le plan mécanique et possède le même comportement. À l'?il toutefois, surtout avec la capote en place, on dirait un chapeau écrasé. Décidément, cette Z a maille à partir avec le style.