Mercury Grand Marquis, nostalgie, quand tu nous tiens
N'auriez-vous pas parié, il y a une quinzaine d'années que la Grand Marquis avec son châssis qui s'apparente plus à la chaudronnerie qu'à la technologie de pointe automobile, ses roues arrière motrices et son gros V8 franchirait, comme si de rien n'était, les années 2000 ? Les adeptes de cette Mercury ? et Dieu sait qu'ils sont nombreux ? lui ont permis d'échapper à une mort certaine. Reconnaissante, la Grand Marquis s'enrichit chaque année de nouveaux perfectionnements, de nouveaux accessoires pour garder la forme. Et parlant de forme, mentionnons que l'athlétique Marauder demeure toujours scotché au catalogue.
Même si plusieurs la regardent avec dédain, la Grand Marquis a tout de même sa raison d'être? à l'extérieur de nos frontières. Mais rendons à la belle ce qui lui appartient. Depuis sa refonte esthétique, il y a quelques années, la Grand Marquis s'est découvert un sens plus pratique. On ne se heurte plus le crâne en accédant aux places arrière, et la forme moins biseautée du coffre a permis de gagner quelques litres en volume, quoiqu'il faille tout de même encore faire preuve d'imagination et de créativité pour utiliser pleinement l'espace disponible. Mais revenons à l'habitacle, décoré sobrement et où seuls les instruments qui comptent sont exposés en permanence à la vue. Les autres, reliés à des voyants lumineux, ne s'allument que pour nous rappeler qu'il est trop tard? Cabine aérée, banquettes confortables et espace habitable font honneur aux dimensions extérieures de cette sobre intermédiaire qui, cette année, s'enrichit d'un traîneau de nouveautés. Ainsi, le toit ouvrant, les coussins de sécurité gonflables latéraux, les glaces latérales laminées ainsi que des éléments chauffants pour nous réchauffer le callipyge figurent désormais au catalogue des options. Sans qu'il ne vous en coûte un cent de plus, toutes les Grand Marquis chassent le lecteur-cassettes au profit d'un capable de lire les disques compacts.
D'architecture classique, donc robuste, vous diront ses fidèles, la Grand Marquis reprend, à peu de chose près, les mêmes organes mécaniques qui lui ont valu sa proverbiale fiabilité. Le V8 à simple arbre à cames en tête de 4,6 litres se voit de nouveau confier le soin de pousser ce fauteuil roulant, ne réclamant en échange que l'or noir dont il est avide. On serait tenté d'écrire que le comportement routier de la Grand Marquis s'attire des louanges une fois que la bretelle d'accès à l'autoroute se trouve dans le rétroviseur. Mais ce serait une injustice. En fait, si vous êtes disposé à sacrifier un peu de confort, optez pour le groupe « tenue de route », qui rend la conduite moins constipante. Avec ses semelles plus larges, une barre antiroulis plus grasse et des amortisseurs arrière pneumatiques, la Grand Marquis prend de l'assurance, son conducteur aussi. En prime, le V8 de 4,6 litres gagne 15 chevaux que vous n'aurez aucun mal à exploiter. Seul hic, en courbes, les irrégularités du revêtement entraînent des mouvements de caisse saccadés et les déhanchements du train arrière feraient rougir d'envie un certain Ricky Martin.
Prenons la prochaine sortie pour aller en ville, où l'on pestera contre son engourdissement dans les man?uvres, ou encore contre son encombrement, qui rend difficile la recherche d'un espace de stationnement. Au cours de la saison hivernale, la Grand Marquis préfère le confort du garage aux routes enneigées ou glacées, même si elle propose un précieux dispositif antipatinage. Tant mieux, car entre vous et moi, cette grand-mère a passé l'âge des glissades !
Pour nostalgiques seulement
Au terme d'une interminable attente (Ford du Canada n'entendait pas l'offrir tant que le dispositif antipatinage ne lui était pas accolé), la Marauder s'offre à une poignée d'irréductibles en manque de passé. Pour réussir un voyage dans le temps, on peut difficilement choisir mieux, à condition d'y mettre le prix. À ce chapitre, ne serait-il pas préférable de lorgner du côté de l'Infiniti M45 qui sous une robe presque aussi rétro dissimule une technologie plus avant-gardiste. C'est plus cher, mais sa valeur de revente et sa garantie plus complète en font certainement une meilleure affaire que la Mercury. Mais bon, vous préférez cette icône des années 1960 quand même ! C'est votre argent après tout. Alors, sachez que deux nouvelles teintes extérieures s'ajoutent au catalogue et que la transmission automatique a non seulement été renforcée (le convertisseur de couple aussi), mais elle enfile ses rapports plus rapidement.
Comme à la belle époque
Cela dit, la Marauder n'est pas une vilaine auto pour autant. Les 302 chevaux de son moteur galopent avec tant d'entrain que le capot en vibre, comme à la belle époque. Comme il est possible, en débranchant l'antipatinage, de faire cirer les roues arrière pour épater les copains, la copine surtout. Un peu plus de 7 secondes sont nécessaires pour franchir le cap des 100 km/h après un départ arrêté et les temps de reprises sont tout aussi convaincants. Par chance, le système de freinage est à la hauteur et permet d'immobiliser la Marauder rapidement. Quant à la direction, elle se montre suffisamment précise et rapide pour viser le point de corde des virages. Conduite à un rythme d'enfer, cette Mercury finit toutefois par lasser. Son encombrement, son manque d'agilité et son poids auraient raison du plus aguerri des pilotes d'endurance.