Lexus SC 430, mondaine ou parvenue
Le constructeur Lexus ne cessera jamais de nous étonner. Après avoir modifié considérablement le paysage des berlines de grand luxe et celui des utilitaires de luxe avec les modèles LS et RX, la division de prestige de Toyota a récidivé il y a deux ans dans la catégorie des coupés grand-tourisme avec la SC 430. Fidèle à sa réputation, Lexus a pris les grands moyens pour s'assurer que la SC 430 réussisse là où le défunt coupé SC 400 avait échoué dans les années 1990. On se rappellera que malgré ses belles qualités techniques, la silhouette de la SC 400 n'avait jamais enflammé les passions. Pour son grand malheur, la SC 400 devait évoluer dans une catégorie « coup de foudre » où l'acheteur type s'arrête plus à l'emballage qu'au contenu? Comme quoi la nature humaine demeurera toujours la nature humaine !
Consciente que le c?ur a ses raisons que la raison ne connaît pas dans le créneau des coupés grand luxe, Lexus n'a rien négligé pour courtiser les richards de ce monde. À cet effet, la SC ne joue pas le rôle de « voiture fatale » comme seules savent le faire les belles italiennes que sont les Ferrari, Lamborghini et Maserati. Par ailleurs, qui voudrait subir le même sort que l'Acura NSX qui a compris bien trop tard qu'elle ne pouvait rivaliser avec la sensualité de ces sportives au c?ur chaud ? De même, la SC laisse de côté les formes athlétiques des Porsche 911 et Mercedes SL500 pour se conformer à son style. Son style ! Quel style ? Celui de la voiture sport des compromis? N'oublions pas qu'il s'agit d'une Toyota et que l'élaboration d'un coupé de luxe à vocation sportive est assez particulière chez ce constructeur japonais. Pour preuve : la nouvelle Solara 2004 et la défunte Supra sont des exemples patents de ces éternelles tergiversations. Il en résulte souvent des voitures dont l'essence même de l'existence nous laisse perplexes. Toutefois, avouons que cette fois-ci, la SC 430 semble avoir touché la cible.
Une voiture typée
Si l'ancienne SC 400 avait épousé une ligne d'une banalité singulière, il en va autrement avec la SC 430. Si l'on se fie à la nouvelle Solara, il semble que le style de la SC deviendra peu à peu la signature visuelle de Toyota. Ainsi, les stylistes ont tracé une ligne de profil en forme de V qui se termine par une partie arrière au renflement distinctif. Son aileron en surplomb et ses feux arrière en forme de goutte d'eau ajoutent une note d'élégance qui permet de la reconnaître à cent lieues. Avec un peu d'imagination, sa carrosserie pourrait ressembler à la carapace d'un scarabée. Est-elle aussi solide ? Pas sûr. Car elle laisse filtrer quelques bruits de caisse.
Comme dans toutes les Lexus, l'apparat ornant l'habitacle permet à la SC de jouer le jeu de la grande séduction au cas où sa silhouette serait impuissante à faire craquer l'acheteur. Pour ce faire, la texture et le contour des sièges en cuir souple se font invitants. Même si le galbe des coussins ne correspond pas à tous les gabarits, les passagers ne tardent pas à trouver leurs aises dans ce décor édénique. Qui plus est, l'ambiance créée par la finition et le tableau de bord garni de bois exotiques, notamment de l'érable piqué, font écarquiller les yeux, même les plus chastes. Les survêtements en bois du volant, du pommeau du levier de vitesses et de la console sont d'une douceur exquise au toucher. Quant à la banquette arrière, elle n'est que symbolique et sert plutôt à empiler les bagages. Bref, cette japonaise fait concurrence non pas à la sensualité des belles voitures italiennes mais plutôt à la magnificence des anglaises portant la griffe Jaguar.
Si la SC 430 est l'art des compromis, cette philosophie se retourne en sa faveur puisque les ingénieurs embarrassés à l'idée de proposer un simple coupé ont concocté un ingénieux toit rigide rétractable qui transforme la SC en cabriolet. Même à découvert, le silence de l'habitacle est si feutré que les passagers peuvent discuter sans élever la voix ou écouter leur musique préférée à des vitesses dépassant et de loin la limite permise sur nos autoroutes.
Toutefois, tout ce confort a un prix. Non pas que la Lexus soit dispendieuse. Au contraire. À moins de 90 000 $ l'unité, la SC est une aubaine par rapport aux créations de Maranello et de Coventry. À vrai dire, les sensations de conduite que procure la SC titillent à peine les glandes surrénales. Si votre plaisir dans la vie est de piloter des voitures qui ont du caractère, celle-ci vous laissera de glace.
Quoi qu'il en soit, les 300 chevaux du 4,3 litres ne dorment jamais. Toujours prêts à bondir, ils propulsent la SC de 0 à 100 km/h en 6,6 secondes, et ce, même si la boîte automatique à cinq rapports hésite à passer à l'acte. Si la SC perd des plumes sur les petites routes en serpentin et se sent plus à l'aise sur les grands boulevards, elle surpasse plusieurs de ces concurrentes au test de freinage. Pour immobiliser cette lourde caisse de 1745 kilos lors du test de 100 à 0 km/h, il ne faut que 36 mètres et des poussières. De même, si vous mesurez mal les capacités dynamiques de la SC, un système de stabilité latérale aura tôt fait de vous ramener dans le droit chemin.
La SC 430 possède tous les atouts pour faire des conquêtes. Toutefois, il est difficile de savoir à quelle clientèle elle s'adresse. Les principales caractéristiques de ce coupé-cabriolet, dont son prix, ses performances et son confort, lui permettent de jouer dans les plates-bandes des voitures ultramondaines de la vieille Europe. Reste juste à savoir si elle sera acceptée par ses pairs ou accueillie comme une parvenue.