Dodge Viper, morsure de serpent
Saviez-vous qu'une morsure de serpent est rarement mortelle, mais qu'elle peut entraîner des séquelles à long terme, et qu'elle peut vous donner une fièvre qui provoque hallucinations et délire? Ce sont exactement les symptômes que ressentent tous ceux et celles qui ont l'occasion de prendre le volant de la Dodge Viper, cette mégasportive développée par Chrysler et pour laquelle l'année
2005 n'apportera que des changements mineurs au chapitre de la disponibilité des couleurs. Rien de plus. Mais que pourrait-on ajouter à une telle bombe ?
Au premier regard, la Viper séduit. Ses lignes démesurées trouvent écho uniquement dans la démesure de la mécanique qui l'équipe. Mais si vous chatouillez la queue du serpent, la Viper vous injectera facilement son venin en déclenchant la colère de ses 10 cylindres. Et là, attention au rugissement de la bête.
La Viper, c'est une des voitures de série les plus puissantes de la planète. Remodelée en 2003, elle a conservé ses lignes uniques de grandes sportives américaines et qui la feront passer à l'histoire. Car c'est dans cet esprit que la Viper a d'abord été créée : pour passer à l'histoire. Ses créateurs, un certain Bob Lutz en tête, ont voulu mettre en marché une voiture qui égalerait, ou surpasserait, la Cobra dans la tête des Américains. On a donc lancé, en 1989, un prototype de la Viper. Depuis, son nom est devenu synonyme de performance américaine, même si la dernière livrée a résolument un petit air européen. La génétique ne trompe cependant pas, et on ressent bien l'influence Dodge.
Caprice de bête
Quand on s'installe dans une Viper, on sait qu'on va prendre en main une des bêtes les plus capricieuses de la planète. Heureusement, les modifications apportées au fil des ans l'ont un peu civilisée, car elle avait la réputation d'être un des véhicules les plus difficiles à diriger.
Une telle réputation s'explique facilement. Le seul moteur de la Viper, un V10 de 8,3 litres, est en soi relativement impressionnant. Il développe 500 chevaux et quelque 525 livres-pied de couple à 4 200 tr/min, et peut atteindre la vitesse de pointe de quelque 335 kilomètres à l'heure.
Confortablement installé (nous reviendrons plus tard sur l'habitacle), le pied dégage doucement la pédale d'embrayage, pendant que l'autre pied appuie un peu sur l'accélérateur. Immédiatement, le moteur s'emballe et entraîne le bolide sans aucune hésitation. En fait, un tel temps de réponse équivaut à celui de n'importe quelle voiture de n'importe quelle série de course sur piste. On est bien loin des temps de réaction des voitures de série habituelles.
La transmission à six rapports profite d'une précision quasi unique au monde. Les rapports sont courts, et s'enclenchent sans même le moindre effort. On a si bien étagé la courbe de puissance, et tout est tellement bien démultiplié qu'en usage normal, c'est-à-dire en deçà des limites de vitesse permises par la loi, il est plutôt rare que le conducteur ait besoin de dépasser le quatrième rapport.
Même si elle est toujours dotée d'un caractère fort, la Viper s'est tout de même adoucie un peu en tenue de route. Mais attention, sa conduite, et surtout sa maîtrise, ne sont pas données à tout le monde puisqu'il faut, au minimum, une véritable passion pour les virages excitants pour être en mesure de bien l'apprécier.
Il faut aussi avoir un minimum de connaissances de la physique pour pouvoir savourer les sensations uniques que procurent les appuis monstres du freinage, rendus possibles grâce à de gigantesques disques ventilés de 14 pouces. Rien à voir avec votre voiture de tous les jours, croyez-en la parole d'un pilote. Et comme il n'existe sur la Viper aucun dispositif d'antipatinage ou de contrôle de traction, le seul véritable outil dont vous disposez pour assurer la pleine maîtrise, c'est votre jugement. Alors, la prudence est de mise.
Ce qui définit le mieux la conduite de la Viper, c'est le mot « émotion ». Rarement un conducteur éprouve-t-il ; autant d'émotions en conduisant une voiture. Seules quelques voitures permettent d'atteindre ce nirvana de la conduite automobile, où la force brute du moteur que l'on maîtrise nous fait vibrer. La force de la Viper intimide, ses dimensions impressionnent, mais sa conduite impose le respect.
Le ventre de la bête
Se glisser dans l'habitacle d'une Viper, c'est un exercice presque extrême. Il faut évidemment faire preuve d'une bonne dose de souplesse pour s'asseoir dans un siège qui enveloppe et supporte comme peu d'autres du genre. Comble de bonheur, le toit de la voiture se dégage en un tournemain, et permet de profiter à l'air libre d'un véritable plaisir de pilote. On a même installé des arceaux de sécurité en aluminium pour assurer la sécurité de tout le monde.
Pour assurer le confort du pilote, on peut ajuster la hauteur du pédalier. En revanche, il faut être capable de conduire dans une position un peu retournée, puisqu'il est orienté vers la gauche. L'étroitesse de la caisse limite évidemment l'espace disponible pour le pilote et son seul passager, mais on le ressent peu quand on est bien calé dans le siège.
Vous l'aurez compris, ce n'est pas avec une Viper que vous amènerez la famille en vacances. En fait, compte tenu de la petitesse du coffre arrière, vous aurez même de la difficulté à y insérer votre seule valise. Mais la Viper, c'est un symbole, celui de la puissance des sportives américaines. Un symbole renouvelé récemment, mais qui a bien su conserver toute sa force.