Land Rover Freelander, le p'tit frère des riches
Consciente que la popularité des VUS sur notre continent exigeait une présence dans tous les créneaux, la direction de Land Rover a concocté une version compacte au milieu des années 1990. Le fruit de ce labeur a été le Freelander, dévoilé à Francfort en 1997. Il a fallu attendre quatre années avant que ce tout-terrain fasse ses débuts sur notre marché à l'automne 2001 comme modèle 2002. Puis, l'an dernier, c'était au tour du SE3, le modèle trois portes, de faire son entrée au pays.
Il s'agit non seulement de la version la plus économique de la famille, mais de celle qui se démarque le plus des autres. En plus d'être la seule Land Rover trois portes, elle est aussi munie d'un toit amovible en sa partie arrière afin de la transformer en demi-cabriolet. Cette réplique britannique au Jeep TJ peut sembler attrayante de prime abord. Après tout, le fait de pouvoir enlever cette coque de plastique doit nous permettre de prendre du bon temps. Malheureusement, cette opération de « décapotage » nécessite la présence de deux adultes aux larges épaules pour enlever et replacer cet appendice en plastique noir. De plus, Ça prend une patience d'ange pour le replacer correctement. Bref, comme c'est le cas pour la plupart de ces gadgets, vous allez définitivement l'enlever si vous résidez en Californie ou le laisser en permanence si vous résidez au Québec. Par contre, cette partie de toit manquante a certainement une incidence sur la rigidité en torsion du châssis monocoque puisque des bruits de caisse se faisaient entendre sur mauvaise route. Comme il se doit, notre modèle d'essai était équipé d'une grille de protection avant qui fait plus aventurier. Encore une fois, les rares personnes qui utiliseront ce véhicule dans des conditions difficiles pourront protéger la calandre de l'impact des branches ou d'obstacles de toute nature. Pour les autres, ce sera une faÇon de plus d'essayer de se donner des airs de ce qu'ils ne sont pas.
Attention à votre tête
Avis aux grands six pieds et plus, vous mettez votre vie en danger en tentant de prendre place à bord. En effet, le siège est tellement haut que vous devez pencher la tête de faÇon exagérée, sinon elle va heurter le cadre de la portière. Et il faut répéter cette contorsion des vertèbres cervicales à la sortie. Quant aux places arrière, elles s'avèrent assez confortables, mais ne sont pas nécessairement faciles d'accès. Un détail en passant, la troisième portière est de type à battant et les charnières sont placées du côté droit. Cette combinaison est correcte si votre entrée est placée à la droite de votre maison. Par contre, lorsque vous êtes stationné à droite de la rue, cela exige un certain détour. Comme le veut la tradition de la marque, le pneu de secours est boulonné sur cette portière, ce qui la rend lourde à ouvrir et refermer. En plus, la lunette arrière se rétracte par commande électrique.
La position de conduite est démesurément haute et une personne de grande taille ne pourra utiliser le pare-soleil, car celui-ci lui voilera complètement la vue. Parlant d'obstruction, le volant, tout comme dans le Discovery, voile l'accès à certaines commandes placées de chaque côté de la nacelle des instruments. Ceux-ci sont par ailleurs dotés de chiffres ridiculement petits. Autre détail saugrenu, l'horloge de bord est placée très loin dans une petite cavité pratiquée au centre de la planche de bord et sa consultation est anecdotique. Parmi les autres détails incongrus, soulignons la présence d'un toit ouvrant en deux parties n'offrant aucun moyen de se protéger des rayons du soleil, une chaufferette qui empiète sur l'espace réservé pour les pieds du passager avant et une tirette d'ouverture du capot sur la paroi de droite. Enfin, l'absence de garniture de portière fait un peu pitié dans un véhicule frôlant les 40 000 $.
Malgré une certaine lourdeur dans le volant et un moteur qui s'essouffle à haut régime, le Freelander se montre plus agréable à piloter que le Discovery. Il est également plus maniable tout en étant tout aussi efficace en conduite hors route. Il est doté d'un rouage intégral à commande électronique dont l'efficacité a été prouvée. Par contre, le bouton d'activation du système de retenue de pente, une démultipliée à commande électronique, peut être facilement enclenché par erreur. De plus, l'insonorisation est quelconque et les pneus d'origine ne font rien pour améliorer les choses.
Plus pratique
Il ne faut pas oublier que la version cinq portes est toujours au catalogue et qu'il s'agit d'un modèle plus sophistiqué et plus raffiné que le coupé. Sa silhouette plaira aux traditionalistes et il est facile de l'identifier à tout coup. Grâce à ces deux portières supplémentaires, l'accès aux places arrière est nettement plus aisé même si ces dernières demeurent un peu justes. Soulignons également que la finition m'a semblé plus sérieuse dans cette version.
La conduite est similaire à celle du SE3 avec ce moteur V6 2,5 litres dont les 174 chevaux semblent toujours peiner à la tâche. Heureusement, la boîte automatique à cinq rapports de type manumatique permet d'adoucir les choses et de réduire le niveau sonore du moteur. Par contre, avec une position de conduite si élevée, chaque virage pris à vitesse un peu plus rapide que la moyenne incite à s'agripper au volant. Enfin, malgré une suspension arrière indépendante, le train arrière sautille parfois sur mauvaise route.
Le Freelander est moins excentrique que le Disco et propose sa part d'éléments intéressants. Mais il faut payer cher le privilège d'affirmer qu'on roule en Land Rover.