Jeep Liberty, l'aventure très civilisée
Quand on a décidé chez Jeep de lancer le nouveau Liberty, certains purs et durs ont crié au scandale. On abandonnait le Cherokee, une véritable légende du 4X4 qui avait fait ses preuves, pour un tout nouveau modèle affublé d'un nom plutôt controversé. D'autant plus qu'il était toujours vendu sous le nom de Cherokee sur les autres marchés.
Comme si ce n'était pas assez pour irriter les inconditionnels du Cherokee, Jeep ajoutait l'outrage à l'injure en adoptant, de série, une suspension indépendante aux roues avant, une première dans son histoire, tout en préservant l'essieu rigide arrière et les ressorts hélicoïdaux. Bref, un nouveau mélange de suspension qui faisait grincer des dents les mordus de Jeep, mais qui, au fil du temps, ont fini par donner raison aux dirigeants de Chrysler.
Il était faux à l'époque, comme aujourd'hui d'ailleurs, d'affirmer que ce VUS n'était qu'un véhicule affichant une belle gueule sans respecter l'héritage de la marque en conduite tout-terrain. C'est toujours dans les sentiers que le Liberty se fait le mieux justice avec sa traction intégrale efficace, surtout dans la version Renegade, arrivée à la fin de l'an dernier, dont les attributs visuels vous font rêver à de longues expéditions dans des contrées sauvages.
Le Jeep Liberty joue non seulement son rôle hors route, mais il se présente également comme une solution alternative fort intéressante sur la route. Tout cela justement grâce à cette suspension avant plus confortable qui le rend plus attrayant en usage routier traditionnel, ce qui lui attire du même coup de nouveaux admirateurs.
Il faut dire qu'en version de base, c'est plutôt décevant. Le moteur 4 cylindres de 150 chevaux s'avère un peu juste en tenant compte du poids de l'ensemble. De plus, il ne peut être offert qu'avec la boîte manuelle, et c'est une grande déception. Heureusement, tant pour les versions Renegade que Limited, le conducteur peut s'appuyer sur un solide moteur 6 cylindres de 3,7 litres qui développe 210 chevaux et un couple à faire pâlir d'envie la concurrence. Soulignons au passage que ce V6 est dérivé du moteur V8 4,7 litres utilisé dans le Grand Cherokee.
Deux systèmes de traction demeurent au catalogue : le CommandTrac permet de contrôler à volonté les quatre roues motrices, alors que le SelecTrac bénéficie d'une traction intégrale permanente.
Au freinage, le Liberty répond promptement et conserve sa trajectoire rectiligne, même s'il n'est pas doté d'un système ABS. Malheureusement, le constructeur a préféré offrir l'ABS en option.
Douce transmission
Une des belles trouvailles du Liberty est certes la transmission automatique qui agit avec une rare douceur pour ce genre de véhicule. En fait, son action appuie tellement bien celle du moteur que l'on pourrait la citer en exemple à bon nombre de constructeurs. Sans oublier la direction précise qui permet d'aborder les trajectoires les plus difficiles avec une assurance déconcertante et le freinage d'une redoutable efficacité.
En matière de comportement routier, le Liberty est donc exemplaire. Son seul petit défaut est d'être gourmand en essence, un constat qui s'explique aisément par le poids élevé de ce baroudeur.
L'aventure avec classe
On a beau vouloir l'aventure, on ne veut pas pour autant négliger l'apparence. Et cela, Jeep l'a bien compris en munissant le Liberty d'une silhouette unique, à mi-chemin entre le véritable Jeep et le véhicule de ville. Cela n'a rien à voir avec les plus sévères TJ du même fabricant qui ont carrément un look plus militaire.
Le modèle Renegade profite d'un éclairage surpuissant sur le toit. Quatre phares solidement installés dans un support solide confèrent un petit air sauvage au véhicule. Simple précaution, n'utilisez jamais ces phares sur la route, au risque d'aveugler à jamais tous ceux qui vous croiseront. Hors route cependant, ils facilitent grandement la vision nocturne en toutes circonstances.
Quant au modèle traditionnel, il peut compter sur de gros phares ronds, à l'avant, et sur la calandre à sept orifices latéraux qui sont la marque de commerce de Jeep. On retrouve aussi des marchepieds bien conÇus et solides, mais qui ont peut-être le défaut d'être un peu trop bas, ce qui peut devenir un désavantage en conduite hors route. Bien sûr, ils sont amovibles, mais au prix de quelques efforts.
À l'intérieur, l'espace est exceptionnel, tant à l'avant qu'à l'arrière. À l'exception des sièges qui souffrent un peu d'anémie en matière de support, il y a peu à redire de l'habitacle. De gros cadrans blancs faciles à lire garnissent le tableau de bord qui regroupe aussi un ensemble d'accessoires simples d'utilisation et répondant bien aux règles de l'ergonomie. Bref, une réussite qui permet d'avoir tout à portée de la main dans un environnement agréable.
Puisque la recette des éditions spéciales fonctionne toujours, l'édition baptisée Rocky Mountain est apparue en cours d'année. Elle est surtout constituée d'ajouts esthétiques et d'un équipement de série un peu plus étoffé. Encore une fois, certains puristes s'objectent, mais ils devraient se consoler en songeant que ces astuces permettent d'attirer des néophytes dans la confrérie des amateurs de 4X4.
En fait, tout dans le Liberty respire le goût de l'aventure civilisée. On lui a laissé la robustesse de ses prédécesseurs pour pouvoir laisser libre cours à cette envie d'exploration, tout en le dotant d'une silhouette nettement plus aguichante sans oublier de rendre l'habitacle confortable. C'est un peu comme si on se lanÇait à l'aventure avec une tenue de soirée conÇue pour résister aux pires abus.