Chrysler Pacifica, aguichante mais perfectible
Chaque année, près de trois millions de conducteurs en Amérique du Nord délaissent la fourgonnette pour une voiture ou un VUS. Fort de ce constat, Chrysler raisonna qu'une familiale offrant plus d'espace qu'une berline, et plus de confort qu'un boit-sans-soif haut perché, pourrait sans doute aller chercher quelques parts de ce lucratif marché. Et c'est ainsi que naquit l'an dernier la Pacifica, une familiale à six places de configuration 2+2+2.
Le concept était prometteur, mais il n'a pas tenu ses engagements au chapitre de l'habitabilité. La troisième rangée de sièges est en effet difficilement accessible et inconfortable, une situation acceptable s'il s'agit de dépanner des passagers occasionnels, mais qui devient vite intolérable si votre famille compte plus de deux enfants, d'autant que l'utilisation de cette banquette réduit considérablement l'espace réservé aux bagages. En outre, le prix de départ corsé de près de 40 000 $ imposait de sérieuses réflexions ...
Chrysler n'a pas tardé à corriger le tir, puisqu'il revient cette année avec une Pacifica d'entrée de gamme à 5 places (munie d'une banquette ordinaire à l'arrière), dont le prix de détail suggéré s'établit aux environs de 37 000 $. Deux autres variantes se tiennent dans le nouveau catalogue aux côtés de cette version de base, la Touring et la Limited. Cette dernière impose le rouage intégral, alors que les deux premières sont aussi disponibles en traction.
Trop « pacifique »
Ce que la nouvelle version de base gagne en diminuant substantiellement le prix exigé pour une Pacifica, elle le reperd en accueillant sous son capot le vieux V6 3,8 litres de 210 chevaux que l'on retrouve sur la fourgonnette Town & Country. Les deux véhicules étant de poids semblables, il faut s'attendre à des performances très « pacifiques » de la lourde familiale. Elles sont déjà suffisamment paisibles avec le V6 de 250 chevaux qui anime la Touring et la Limited. Douce et relativement silencieuse, cette mécanique libère une puissance acceptable avec deux personnes à bord, mais elle peine véritablement à la tâche à pleine charge. La boîte automatique séquentielle Autostick qui lui est accouplée passe les vitesses en douceur, à défaut de ne pas offrir davantage que quatre rapports.
La direction est précise, la tenue de cap imperturbable et le diamètre de braquage apparaît dans la norme pour un véhicule de ce gabarit. Mais la caisse penche considérablement en virage, et la maniabilité en souffre. Les suspensions, une des belles surprises de la Pacifica, font un bon travail de liaison au sol tout en soignant la tranquillité des occupants. Un seul gros reproche : les amortisseurs trop lâches laissent tressauter les roues au passage des saignées. Les freins à disque munis de l'ABS déploient une force suffisante, du moins ce fut le cas sur le véhicule ayant fait l'objet d'un premier essai, alors que le second freinait comme si les disques s'échauffaient immédiatement, probablement à cause d'un précédent journaliste en mal de performances. Le mécanisme de traction intégrale fonctionne sans intervention du conducteur, en transmettant une partie de l'énergie motrice aux roues arrière à l'aide d'un visco-coupleur central lorsque celles d'en avant patinent, faisant de la Pacifica une tout-chemin, davantage qu'une tout-terrain.
Confort et prestance
La Pacifica ne passe pas inaperçue avec ses lignes originales qui lui confèrent beaucoup de prestance. On s'installe aisément à son bord, entouré de matériaux globalement de bonne qualité (les garnitures en faux alu sont très convaincantes) et agencés en un tout qui flatte l'oeil. Chrysler avance que la sellerie de cuir de la Limited sera de qualité supérieure à celle que l'on retrouve sur la Touring ; tant mieux, car j'avais été désappointé par le triste aspect des peaux de la Pacifica 2004. Les tissus ne sont guère attrayants non plus, mais ils semblent résistants.
Confortables malgré une assise un peu courte, les sièges avant bénéficient de réglages assistés à l'aide de leur modèle réduit implanté dans les contre-portes, façon Mercedes, et l'on trouve d'autant plus aisément une bonne position de conduite sur les modèles équipés du pédalier électrique. Les occupants de la rangée centrale jouissent de baquets bien rembourrés, et profitent de dégagements généreux pour la tête et les jambes. Ils apprécieront la console centrale logeant les commandes de la climatisation et des compartiments à rangement. Par contre, la banquette de troisième rangée est carrément à repenser. Il faudrait aussi revoir la soute à bagages : vaste et logeable lorsque les dossiers des places arrière sont abaissés, elle rétrécit comme peau de chagrin avec chaque nouveau passager qui s'ajoute.
L'équipement de série inclut plusieurs éléments accrocheurs, tels que hayon motorisé et coussin gonflable au niveau du genou pour le conducteur. Au sommet de l'échelle, la Limited devrait satisfaire vos attentes : sièges chauffants aux deux premières rangées, rideaux gonflables latéraux aux places arrière, toit ouvrant, pneus de 19 pouces, et une assistance au stationnement arrière qui ne sera pas de trop pour manoeuvrer en ville. En option, l'écran DVD peut distraire les enfants.
En fin de compte, la Pacifica témoigne d'un concept intéressant, dont l'exécution demeure toutefois très perfectible. Reste à mettre au point une version intégrale cinq places offrant au moins 300 chevaux. Mais elle existe peut-être déjà en la « personne » de la Dodge Magnum !