Toyota Sienna, il suffirait de presque rien
Il suffirait de presque rien pour que la Sienna soit une excellente fourgonnette. Au lieu, elle n'est que bonne. Où est le problème ? C'est que Toyota nous a habitués à mieux, et qu'il faut d'ailleurs payer cet avantage en conséquence. Mais cette fois, la réponse ne vient pas d'elle-même lorsqu'on se demande : « Pourquoi acheter une Sienna ? »
Une chose est sûre : ce n'est pas pour son apparence. Et qu'est-ce qu'elle a son apparence ? Rien, justement. La Sienna est d'une monotonie à toute épreuve ; certains fers à repasser ont un look plus excitant. Il lui faudrait une dose massive de personnalité. Et ce n'est pas vrai que de la carrosserie ; c'est tout le véhicule qui manque de caractère !
La Sienna est une fourgonnette sept passagers, à empattement court. Plus spacieuse que la Dodge Caravan, mais moins que la Grand Caravan, elle est en quelque sorte une petite qui joue dans la cour des grands. La traditionnelle feuille de contreplaqué 4 X 8 (on finira par croire qu'un utilisateur de fourgonnette ne part jamais sans elle) peut y entrer si on laisse le hayon ouvert. L'espace réservé aux bagages, derrière la 3e rangée de sièges, se situe dans la moyenne supérieure. On peut l'accroître en repliant le dossier de la banquette 50/50, ou en faisant basculer celle-ci contre les sièges du milieu. Et ces deux rangées de sièges s'enlèvent sans difficulté quand on a besoin de « l'espace cargo ».
Les sièges avant présentent un bon dosage de douceur et de fermeté, mais déméritent un peu par leur assise trop courte aux cuisses. Moins amène que les baquets mais tout de même correcte, la banquette centrale peut être remplacée par des sièges « capitaines » qui vous feront accepter volontiers d'être assis à l'arrière. Le dégagement pour la tête et les pieds s'avère suffisant, et l'accès aux places arrière est facilité par les deux portes latérales coulissantes de série. Les sièges capitaines gênent bien un peu le passage vers la banquette du fond, mais c'est sans grande conséquence, sinon qu'il faut vous souvenir de ne pas y envoyer mémé sans un scout pour l'assister.
Vos passagers ne devraient donc pas avoir de mal à trouver la quiétude, sinon le sommeil, d'autant que l'aménagement intérieur n'a rien pour éveiller les sens : des lignes, des formes et des couleurs conservatrices, au goût du jour, qui rassurent sans heurter le regard. L'excellente finition fait presque oublier que les matériaux n'ont pas tous l'apparence qu'on souhaiterait pour un véhicule d'un tel prix. La planche de bord est sobre et fonctionnelle, hormis la radio qui repose quasiment au plancher. Les espaces de rangement sont nombreux, et les vide-poches (portières avant) et aumônières (au dossier des baquets) ont bonne contenance.
Puissance et confort
Le point fort de la Sienna se trouve sans conteste sous le capot : un moderne V6 3 litres de 210 chevaux. Il procure des accélérations toniques, et la linéarité de son couple vous assure de disposer des réserves de puissance nécessaires pour affronter toutes les situations. Dans l'habitacle, c'est à peine si l'on entend son murmure. Tout aussi discrète, la boîte automatique à 4 rapports opère avec grande efficacité.
La Sienna repose sur le précédent châssis de la Camry, une caisse reconnue pour sa rigidité qu'on a aussi utilisée pour l'utilitaire Highlander et la Lexus ES 300. Mais un véhicule au poids et au centre de gravité plus élevés ne peut se comporter comme s'il était une berline. La Sienna penche davantage dans les courbes et répond plus abruptement aux changements soudains de direction. Les suspensions n'aident pas vraiment sa cause, car elles sont trop nettement ajustées en fonction du confort. Sur autoroute, en contrepartie, on s'y sent comme sur un billard. Même la direction, engourdie et peu communicative, semble conÇue pour isoler des sensations de la route !
La Sienna ne propose pas de traction intégrale comme ses rivales de chez GM ou Chrysler, mais la version haut de gamme XLE Limited avec sellerie en cuir dispose d'un antipatinage, d'un dispositif de contrôle du dérapage permettant de corriger le sous-virage et le survirage, ainsi que d'un répartiteur électronique de freinage. À quelque 46 000 $ avec taxes, c'est tout de même fort payé pour accéder à des équipements qui relèvent davantage de la sécurité que du luxe. L'ABS est toutefois de série, et le mordant des freins garantit de francs arrêts. Par ailleurs, la NHTSA lui accorde des scores parfaits pour la protection des occupants, sauf en cas d'impact latéral avant, évalué à 4 étoiles sur 5.
La CE, dont le prix de départ paraît abordable, n'offre à toutes fins utiles que le climatiseur comme commodité. Il faut compter 1 300 $ supplémentaires pour obtenir le groupe d'options Valeur donnant droit à des accessoires tels que le régulateur de vitesse et l'assistance électrique aux glaces et verrous. La Sienna LE adjoint à ces équipements les rétroviseurs chauffants, les pare-chocs et moulures de couleur assortie (quand même !), un revêtement de meilleure qualité pour les sièges, ainsi que plusieurs petits agréments. Elle semble donc un bon compromis, mais trois groupes d'options lui sont associés, de sorte que l'ajout de sièges capitaines (inclus dans le groupe Valeur), d'une portière coulissante assistée (LXE) ou des deux portières assistées (groupe LXE Limited) risque vite de faire exploser le budget initialement prévu.
La Camry ayant reÇu une nouvelle caisse l'an dernier, on peut s'attendre que la Sienna soit, dès l'an prochain peut-être, l'objet d'une révision majeure, auquel cas l'écoulement des stocks pourrait donner lieu à des rabais. L'occasion serait alors belle de vous procurer une fourgonnette dont la conception manque sans doute d'originalité, mais qui inspire confiance par le sérieux de sa construction et sa durabilité.