Toyota Echo, une citadine intelligente
Intelligente. Mais pas jolie. La petite Echo mise sur d'autres qualités pour nous séduire. Avouons quand même que Toyota marque des points face aux critiques persistantes des chroniqueurs et du public qui se plaignent souvent du manque d'originalité du paysage automobile moderne. Vous vouliez quelque chose de différent ? L'Echo vous en met plein la vue.
Elle est donc différente, cette Echo. Et c'est déjà un bon point pour Toyota. Certes, le premier constructeur japonais aurait pu, en se forÇant un peu, faire différent ET beau? comme pour la Yaris, une variante de l'Echo commercialisée en Europe. Ce sera pour une prochaine fois. En attendant, voyons ce que nous réserve cette petite aux allures d'ado dégingandé.
Régime minceur
Je dis bien « petite », car sans être la voiture la plus courte sur le marché, l'Echo est l'une des seules à afficher moins de 1 000 kg (950 pour être plus précis). Et Ça se sent tout de suite, d'abord dans les performances qui sont honnêtes malgré le petit 4 cylindres de 1,5 litre, puis par l'appétit de moineau de ce 16 soupapes moderne à 2 arbres à cames en tête et système de distribution variable. Le poids plume de l'ensemble se traduit aussi par une belle agilité dans la circulation et un freinage surprenant d'efficacité, malgré la présence de tambours à l'arrière et l'absence d'ABS. Cette agilité se confirme d'ailleurs avec un diamètre de braquage de moins de 10 mètres, autre chiffre qui place l'Echo parmi les meilleures sur le marché.
Au volant, l'Echo surprend une fois de plus par son originalité. D'abord, le tableau de bord et son bloc d'instruments flanqué au milieu. Oui, on s'y habitue. Mais est-ce mieux que l'instrumentation face au conducteur ? Non ! Car Ça vous oblige à jeter un coup d'?il sur la droite, ce qui va à l'encontre des canons de la sécurité. Et de nuit, pour les porteurs de lunettes bifocales ? comme moi ?, la lisibilité risque d'être amoindrie. Autre péché ergonomique : l'emplacement de la radio, trop basse pour permettre la manipulation sans avoir à baisser les yeux. Par contre, les nombreux espaces de rangement dans le tableau et dans les portes compensent quelque peu ces écarts d'ergonomie.
Une voiture verticale
Hauteur : 150 cm, selon la fiche technique. Comparez, par exemple, à une Honda Civic (144 cm) et vous comprendrez pourquoi l'Echo est une voiture « verticale » ou, si vous préférez, une voiture haute (d'où son air d'ado qui a grandi trop vite). L'avantage de ces quelques centimètres en hauteur : il n'est pas nécessaire de « descendre » ni de « monter » pour prendre place à bord, les sièges étant pratiquement à la hauteur du postérieur de l'humain moyen. Idéale pour les courses en ville, pour les petits trajets chez le dépanneur et, évidemment, pour les gens d'un certain âge dont le dos et les membres détestent les contorsions. Idéale aussi pour le dégagement à la tête et l'habitabilité générale (y compris la contenance du coffre) : les occupants étant assis plus à la verticale, on économise de l'espace en longueur (414 cm en longueur contre 443 pour la Civic). Résultat : économie de poids (150 kg de moins que la Civic). Donc, plus petit moteur pour des performances équivalentes, une consommation et une pollution moindres, etc. Bravo Toyota !
Cette position haute procure aussi une bonne visibilité vers l'avant et une sensation sécurisante de domination de la route. Justement, parlant de route, si nous louangeons les qualités citadines de l'Echo, nous avons moins aimé son comportement sur autoroute. Particulièrement sensible au vent latéral à cause de sa hauteur inhabituelle, l'Echo y est mal à l'aise ; et le confort à bord laisse à désirer, notamment à cause de la position de conduite bizarroïde et de la forme des sièges. En virage à allure modérée, rien de spécial à signaler, mais à vive allure, la caisse se penche, les pneus avant souffrent et le sous-virage domine. Vraiment pas une sportive, cette Echo.
L'Echo affiche une bonne insonorisation générale, sauf en accélération où le petit moteur se fait entendre. Quant à la boîte ? automatique sur notre voiture d'essai ?, elle se tire très bien d'affaire malgré le couple limité du moteur. Précisons que grâce à l'électronique, les boîtes automatiques, qui convenaient si mal aux moteurs de faible cylindrée il y a à peine quelques années, présentent aujourd'hui un rendement fort satisfaisant.
L'économie prime
Compte tenu du prix de l'Echo, Toyota s'est vu dans l'obligation de couper dans l'équipement offert : pas de glaces ni de rétroviseurs à commande électrique, pas de télécommande de verrouillage, pas de climatiseur, un garnissage « sobre », une instrumentation minimaliste (absence de compte-tours), etc. Restent la qualité de finition, la fiabilité mécanique et la valeur de revente qui permettent à l'Echo de prendre sa revanche. Notons aussi que dans la version 2 portes (la moins coûteuse), l'accès à l'arrière s'avère plutôt pénible, sans oublier l'allure encore plus étrange de la carrosserie.
Malgré ses lacunes évidentes en matière de look et d'agrément de conduite, l'Echo préfigure sur notre continent la vague de voitures intelligentes qui font rage outre-Atlantique et au Japon : des voitures hautes, offrant une belle habitabilité malgré une longueur réduite, légères, superéconomiques et peu polluantes, bien adaptées aux réalités de la circulation urbaine. Reste à Toyota à créer un dessin plus agréable (les retouches mineures apportées aux modèles 2003 n'arrangent rien), à corriger quelques lacunes d'ergonomie et à injecter une petite dose d'agrément de conduite. Notons pour terminer que notre public automobiliste, sensible aux arguments de prix, d'habitabilité et d'économie, a déjà bien réagi à ce petit laideron des villes.