Toyota Camry, la voiture de monsieur Tout-le-Monde
On a beaucoup parlé en 2002 de la nouvelle Nissan Altima et très peu de la Toyota Camry, pourtant tout aussi nouvelle. Cela s'explique par la politique adoptée, en matière de design, par les deux plus importants constructeurs automobiles japonais. Pendant que Toyota continue de rester fidèle à un style assez conservateur, Nissan n'avait pas d'autre choix que de se montrer un peu plus agressive dans le dessin de ses nouveaux modèles. La recette, semble-t-il, a porté fruit et l'Altima est finalement sortie de l'obscurité pendant que la Camry poursuivait son petit bonhomme de chemin en tête du palmarès des voitures les plus vendues en Amérique. En bout de ligne, la question que l'on se pose est la suivante : comment une voiture aussi effacée peut-elle connaître autant de succès ?
Il suffit de conduire une Toyota Camry, ne serait-ce que quelques jours, pour comprendre tout de suite ce qui la rend aussi attirante pour l'usager moyen. Cette voiture est l'image même du conformisme. Rien chez elle n'excite, mais rien ne dérange non plus. Bien sûr, sa très grande fiabilité et les nombreux trophées en attestant contribuent aussi à élargir sa clientèle, mais ses prestations routières et son aménagement sont également des atouts non négligeables. Depuis sa remise à jour l'an dernier par exemple, la Camry a gagné en volume et elle a quitté la catégorie des compactes pour accéder à celle des intermédiaires. Et chez nos voisins du Sud, il se trouve que c'est ce format de voiture qui se vend le plus. En passant, la Camry a gagné 34 cm en longueur (plus d'un pied) depuis son apparition sur le marché dans les années 80.
Nous avons donc affaire à une voiture spacieuse offrant de confortables places arrière et un immense coffre à bagages. Plusieurs apprécient également la position de conduite surélevée (une tendance chez plusieurs constructeurs) qui donne l'impression de dominer la route, une caractéristique héritée sans doute de la mode des utilitaires sport. L'attrait de la Camry ne s'arrête pas, Dieu merci, à son habitabilité et à sa fiabilité.
Des prix élastiques
Pour l'acheteur, ce modèle propose un choix quasi illimité de versions et d'équipements dans une fourchette de prix très étendue. Ainsi, ma voiture d'essai, une XLE V6, représentait le summum du luxe avec un groupe d'accessoires facturé à 8 815 $ et un autre à 3 625 $ comprenant notamment le système de stabilité, l'antipatinage, l'intérieur partiellement en cuir et les sièges chauffants. Par rapport à une LE de base d'environ 24 000 $, le prix atteignait la coquette somme de 36 195 $, ce qui rapproche la Camry de voitures aussi attirantes qu'une Audi A4 ou une Acura TL. Tout cela revient à dire que l'intérêt du rapport qualité/prix de cette Toyota diminue au fur et à mesure que la facture grimpe. Car même les versions d'entrée de gamme sont offertes avec un climatiseur de série.
On ne saurait passer sous silence l'existence de la SE qui adopte une personnalité un peu moins aseptisée en se parant d'un aileron, de jantes en alliage qui lui sont propres, d'une grille de calandre noire et d'un équipement (suspension raffermie et pneus de 16 pouces) visant à donner un caractère pseudo sportif à la Camry.
Mais revenons à la XLE V6 mise à l'essai. Comme son nom l'indique, cette version bénéficie du moteur V6, un 3 litres développant 192 chevaux, soit 35 de plus que le nouveau 4 cylindres de 2,4 litres qui équipe les modèles de base. Même avec la transmission automatique, ce moteur fait preuve d'un dynamisme étonnant, particulièrement à régime moyen. Les reprises sont spectaculaires, ce qui n'empêche pas ce V6 de pratiquer une consommation raisonnable et un fonctionnement tout en douceur.
Le moteur 4 cylindres est certes plus tempéré mais saura répondre aux attentes de la grande majorité des acheteurs qui se fichent éperdument des temps d'accélération ou de la vitesse de pointe de leur voiture. On peut même se demander combien d'acheteurs opteront pour la boîte de vitesses manuelle à 5 rapports qui figure au catalogue.
La suspension est à l'image du reste de la Camry qui préfère soigner le confort de ses occupants plutôt que de favoriser l'adhérence ultime en virage. Les trous et les bosses sont bien amortis, bien que l'on dénote une légère perte de stabilité, principalement sur les dos d'âne. Par contre, une conduite un tant soit peu sportive fait ressortir un caractère sous-vireur prononcé, ce qui, encore une fois, est le cadet des soucis des propriétaires de Camry. Ceux-ci apprécieront, en revanche, la qualité de la direction qui n'est jamais perturbée par ce fameux effet de couple qui a souvent tendance à faire tirer la direction à droite ou à gauche en accélération. Quant au freinage, il fait son travail sans jamais causer de mauvaises surprises.
Un soupÇon de Lexus
Dans sa version XLE V6, la Camry se donne des airs de ES 300, sa riche cousine de chez Lexus. La liste des accessoires de luxe n'en finit plus et comprend même un rideau pare-soleil pour la lunette arrière comme on en trouve dans les Mercedes de Classe S. D'accord, celui de la Toyota est à commande manuelle plutôt qu'électrique mais l'effet désiré n'en est pas moins atteint. Les passagers arrière ont même droit à leurs propres aérateurs pour contrôler la chaleur ou le froid débité par un système de climatisation à contrôle automatique. Une fois de plus, l'acheteur moyen sera ravi de pouvoir contrôler radio et climatisation au moyen de gros boutons antimyopie. Et que dire des nombreux rangements, d'une visibilité où les angles morts sont réduits au minimum et de sièges à commande électrique dans lesquels on se sent parfaitement à l'aise ?
On peut donc conclure que, sans susciter un grand enthousiasme, cette Toyota Camry atteint parfaitement le but visé, soit celui de plaire à la grande majorité des acheteurs. Et de se vendre comme des p'tits pains chaud.