Subaru Legacy/Outback, la gestion des apparences
Il y en a qui se prennent pour Clark Kent, d'autres pour Bruce Wayne, et Subaru exploite activement ce filon pour faire tinter son tiroir-caisse. Peut-on croire qu'un changement de costume suffit pour se donner les superpouvoirs de Superman ou de Batman ? Peut-on être assez mystifiable pour croire qu'une Outback est plus performante qu'une Legacy GT ?
Il faut répondre affirmativement à cette dernière question si on se fie au nombre d'Outback que l'on rencontre sur la route par rapport aux autres versions de la Legacy. Ces véhicules s'annoncent en effet sous des aspects distincts, mais leur personnalité est beaucoup plus ressemblante qu'ils ne le laissent croire.
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La Legacy existe sous forme de berline ou de familiale, chacune d'elles se déclinant en versions L et GT. Cette année, la familiale laisse tomber l'appellation « Brighton », qui servait de proposition d'entrée. Ne cherchez plus, non plus, la berline haut de gamme GT Limited. Sa sellerie de cuir et ses coussins gonflables latéraux sont maintenant disponibles dans l'une des livrées de la GT.
L'Outback vient pour sa part en version de base, ou Limited. Finalement, cette appellation pittoresque (nom donné à l'arrière-pays australien) désigne ni plus ni moins qu'une Legacy familiale dotée d'une garde au sol plus élevée et affublée de quelques accessoires « pince-sans-rire » destinés à lui donner une allure plus costaude. Pour le reste, Legacy et Outback reÇoivent le même châssis, le même moteur de 2,5 litres et la traction intégrale.
Car c'est bien sûr avant tout pour leur « intégrale » que l'on choisit les Subaru, et à ce chapitre, la réputation de la Legacy/Outback n'est pas surfaite. Constamment raffiné, ce dispositif ne possède peut-être pas la sophistication que l'on trouve dans une Audi, mais son efficacité permet tout de même de se tirer de plusieurs pièges tendus négligemment par notre ministère des Transports, que ce soit à l'aide du différentiel central avec visco-coupleur pour les boîtes manuelles ou de l'embrayage multidisques contrôlé électroniquement, Active AWD System pour les automatiques. Et malgré ce que l'on pourrait penser, les Outback ne se tirent pas mieux de ce jeu, car leur mécanique est identique à celle des Legacy. Il est vrai que leur garde au sol supérieure les avantage sur une surface accidentée, mais le centre de gravité plus élevé qui en résulte les défavorise en toute autre circonstance, sans compter que la sportive GT offre des pneus plus performants, au profil plus bas, et des suspensions plus rigides.
La critique est moins élogieuse en ce qui a trait au moteur 4 cylindres à plat de 2,5 litres. Malgré les améliorations qu'on lui a apportées il y a deux ans (et qui auront au moins servi à atténuer sa rugosité), le vieux « boxer » manque de verve et peine encore à la tâche. Sa prestation n'est pas rédhibitoire, qu'il soit accompagné de la boîte automatique ou manuelle, mais, comme disait mon père, on ne fera jamais un cheval de course avec un cheval de trait.
C'est d'autant plus dommage que la tenue de route affiche un aplomb qui s'accommoderait de plus de puissance. D'une rigidité « germanique » malgré les glaces latérales sans cadre, le châssis démontre des qualités dynamiques indéniables et les suspensions contrôlent bien son inclinaison tout en absorbant efficacement les imperfections de la chaussée. Bien que peu communicative, la direction se montre rapide et précise, tandis que les freins ABS à quatre canaux assurent des arrêts rectilignes, bien qu'un peu longuets. Petit détail par lequel cette voiture se démarque encore de la concurrence : les familiales démontrent un équilibre légèrement supérieur à celui des berlines.
Une nouvelle présentation
Cette année, les Legacy/Outback reÇoivent des retouches esthétiques (nouveau design de la grille et du pare-chocs avant, poignées et moulures de couleurs assorties) qui contribuent à les rendre plus attrayantes. Déjà, on aimait leur silhouette sobre et moderne ? surtout celle de la GT, qui se caractérise par un bon aérodynamisme. Pour sa part, fidèle à l'imagerie tout-terrain qui est sienne, la populaire Outback conserve encore l'allure d'un soulier de trekking. Belle réussite de marchandisage, j'en conviens, mais on repassera pour l'élégance.
À l'intérieur, l'aménagement montre de nets progrès, et cela dans toute la gamme Legacy/Outback, même si certains matériaux supportent encore mal la comparaison avec la concurrence. Il n'y a pas grand-chose à redire, non plus, en ce qui concerne l'ergonomie et l'habitabilité. L'espace est certes un peu compté à l'arrière et l'assise des fauteuils avant profiterait de quelques centimètres supplémentaires, mais quatre adultes voyagent somme toute confortablement, les rangements sont nombreux et la soute, spacieuse et bien découpée, tant dans la berline que dans la familiale.
L'équipement est devenu plus relevé avec le temps, suivant en cela les prix, et la version d'entrée L propose à peu près tout ce que l'on peut demander pour rendre la vie confortable. La GT s'enrichit cette année de quelques accessoires de luxe, en plus d'offrir en option le système antipatinage VTD de l'Outback H6. Ajoutons que sa boîte automatique est munie d'un dispositif séquentiel appelé Sport Shift qui permet de passer les vitesses en mode manuel.
En somme, la Legacy/Outback constitue une voiture à la présentation originale, au comportement routier efficace grâce à son rouage d'entraînement intégral et jouissant d'une mécanique qui offre une bonne tenue dans le temps. Ses seuls véritables handicaps ? Un rapport poids/puissance moins avantageux que la concurrence à prix égal et une consommation un peu forte. Pour ma part, la plus réussie demeure la familiale GT noire, avec les glaces latérales légèrement fumées.