Saturn série L, cent fois sur le métier...
La division Saturn traverse une période délicate. Le modèle plus économique, la LS, n'est plus en production et la nouvelle ION ne sera disponible en quantités importantes qu'au début de 2003. La famille des modèles L doit donc attirer un nombre élevé d'acheteurs pour compenser. Mais c'est justement là le problème, les ventes ne sont pas aussi importantes que prévu. Les responsables de la mise en marché ont beau répéter que ce modèle a connu un bon succès initial, ce n'est pas suffisant. Cela explique la révision esthétique de cette année.
Les parties avant et arrière ont été complètement redessinées afin de donner plus de caractère tant à la familiale qu'à la berline. Ces changements surviennent un peu moins de trois ans après l'arrivée de ce modèle au pays, ce qui donne une idée de l'accueil qu'on lui a réservé. Au premier coup d'?il, il semble que les stylistes se soient contentés de remplacer la calandre et les phares avant. Mais les ailes, le capot, le carénage, la moulure de bas de caisse, les feux arrière, la gouttière du toit, et j'en oublie probablement, ont tous été transformés. Il faut souhaiter pour les concessionnaires Saturn que le public va apprécier cette nouvelle apparence. À mon avis, l'avant ressemble à une ancienne Peugeot à laquelle on aurait greffé une grille de calandre empruntée à une voiture japonaise. Les changements ont déplu à plusieurs, d'autant plus qu'ils ne s'harmonisent nullement avec les autres modèles Saturn, soit l'ION et le VUE. Puisque les goûts et les couleurs ne se discutent pas, je vous laisse le choix de vous faire une opinion devant cette nouvelle allure.
Mauvaises nouvelles, les freins à disque arrière sont remplacés par des freins à tambour dans les modèles L200 tandis que le système ABS est dorénavant offert en option dans tous les modèles. Ce sont des économies qui enlèvent à l'attrait de ces voitures qui ne sont déjà pas des plus populaires. Il est facile de reprocher ce geste à GM, mais il faut souligner que plusieurs constructeurs japonais ne sont pas toujours généreux non plus. Sans doute pour compenser, il est possible de commander le groupe Commodité comprenant un soutien lombaire pour le siège, les miroirs de pare-soleil éclairés, un rétroviseur intérieur lumineux et des accoudoirs aux sièges arrière. Encore une fois, les bébelles ont le dessus sur l'essentiel.
Une familiale songée
Les familiales semblent effectuer un retour en vogue après une éclipse de plusieurs années. Force est d'admettre que Saturn pourrait en profiter puisque ses modèles LW200 et LW300 ne manquent pas de qualités pour intéresser les acheteurs. D'autant plus que ce type de carrosserie s'harmonise mieux avec les éléments esthétiques choisis par les stylistes. Mais ce qui importe davantage, ce sont les dimensions trompeuses de cette intermédiaire. Par exemple, elle est plus courte qu'une Ford Taurus familiale, mais offre un espace de chargement presque identique dans le coffre. De plus, elle est plus légère d'au moins 100 kg par rapport à la grosse Ford, ce qui a une incidence sur la consommation de carburant. En fait, les familiales Saturn sont à cette catégorie ce que le Dakota représente chez les camionnettes : des dimensions plus petites, mais une capacité de chargement presque similaire à celle de modèles plus gros. En revanche, la Taurus profite d'une capacité de remorquage plus importante.
Ceux qui ont des objets encombrants à déplacer mais qui ne veulent pas d'un véhicule trop gros auraient donc intérêt à regarder la LW de plus près. Comme la berline L300, la version LW300 est propulsée par le moteur V6 3 litres à double arbre à cames en tête dont les 182 chevaux font bon ménage avec le caractère polyvalent de ce type de carrosserie. Il est couplé à une boîte automatique Hydra-Matic à 4 rapports. Le modèle LW200 est livré avec le moteur 4 cylindres de 2,2 litres qui convient cependant mieux à la berline.
Sans posséder beaucoup de caractère, la familiale offre un excellent compromis entre le confort qu'apporte la suspension arrière indépendante, les dimensions raisonnables, un compartiment à bagages modulaire très pratique et une consommation de carburant dépassant à peine les 10 litres aux 100 km. Il faut de plus souligner que le comportement routier est acceptable, même si un certain effet de couple dans le volant risque de vous agacer.
Et la berline ?
Même si elle a connu plusieurs modifications esthétiques qui vont soulever bien des discussions, cette berline n'a rien perdu de ses qualités et de ses? défauts. À part sa silhouette qui ne fera pas l'unanimité, soulignons que la présentation de la planche de bord est toujours d'un style aussi quelconque et que certaines commandes sont à revoir. Il est bon de vouloir faire à part des autres, mais il faut également que cette différence ne devienne pas un irritant. Au lieu de se contenter d'un volant banal, d'un réceptacle des cadrans indicateurs quelconque et de commandes peu orthodoxes, il faudrait un peu plus d'uniformité et un sens esthétique plus critique.
La même remarque s'applique au comportement routier. Autant la berline que la familiale sont dotées d'une suspension qui impressionne en certaines circonstances, mais qui semble incapable d'en maîtriser d'autres. Sur mauvaise route, la suspension avant perd ses moyens alors que le rebond des amortisseurs est brutal. De plus, la voiture serpente en suivant les interstices de la chaussée et la direction manque de précision.
C'est dommage puisque le moteur 2,2 litres de 135 chevaux associé à la boîte manuelle est bien adapté. Et il y a toujours la version L300 avec le moteur V6 qui n'est pas dépourvue de confort si vous choisissez les bonnes options. Il n'en faudrait pas beaucoup à ces deux modèles pour s'illustrer. D'autant plus que leur carrosserie en panneaux de polymère est un atout indéniable pour affronter nos hivers. Mais ce n'est pas la révision esthétique de ce millésime qui en fera un choix incontournable.