Nissan Xterra, l'habit ne fait pas le moine
Lorsque le Xterra est apparu sur le marché en 1999, il s'agissait de l'un des rares produits Nissan dont le style ne soulevait pas un tollé. Se spécialisant dans les « chars de papy », cette compagnie nippone produisait des véhicules d'une solidité mécanique à toute épreuve, mais dont la silhouette faisait pleurer d'ennui. Ce tout-terrain se révélait une agréable exception avec sa carrosserie qui faisait tourner les têtes. Côté habitacle, c'était autre chose, car il avait été emprunté à la camionnette Frontier. Mais c'était tolérable compte tenu de la dynamique de l'ensemble.
Les temps ont changé. Nissan a accompli l'une des plus spectaculaires remontées économiques dans l'histoire de l'automobile et ses nouveaux modèles sont louangés aussi bien pour leur silhouette inédite que pour leur mécanique sophistiquée. Dans ce nouveau contexte, le Xterra perd des plumes. Mais parlons tout d'abord des points positifs. La présentation extérieure a été revue l'an dernier et il faut admettre que le résultat est encore meilleur que précédemment. L'imposant pare-chocs avant, le bouclier inférieur délimitant une importante prise d'air, l'incontournable porte-bagages à tubulures surdimensionnées et les phares ronds enchâssés dans un réceptacle en plastique de couleur contrastante ont permis d'augmenter le niveau de testostérone visuel de ce véhicule. Curieusement, c'est une femme qui a dessiné cette nouvelle présentation macho.
L'habitacle a été également modifié par la même occasion. D'une désolante tristesse auparavant, le tableau de bord est devenu l'un des plus spectaculaires de la catégorie. Ici, pas de demi-mesures. Grâce au contraste entre le plastique de couleur titane de la console centrale et le gris de la planche de bord, les stylistes ont grandement rajeuni la présentation. La présence de boutons de commande ronds comme des bonbons est également à souligner. Ces trois rondeurs bien en évidence dans un rectangle aux angles arrondis constituent la signature visuelle de la cabine. Et si les cadrans indicateurs sont conventionnels, ils sont délimités par un cadre extérieur débordant de la nacelle d'accueil. Enfin, un volant à quatre branches ajoute une note sportive à l'ensemble. Pour compenser une position de conduite basse, on a intégré aux sièges avant un épais bourrelet pour supporter les cuisses et relever les jambes afin d'offrir un confort acceptable. Soulignons au passage que les places arrière assurent un dégagement adéquat pour les jambes et la tête. Malheureusement, la banquette est peu rembourrée.
Détail saugrenu : le toit ouvrant est d'utilisation limitée puisqu'il donne sur le porte-bagages et son bac de remisage. Cela incite les gens à laisser la cache amovible installée en permanence.
Un plumage macho
Le plumage du Xterra fait l'unanimité en raison de son caractère ludique qui s'associe très bien à la vocation d'un véhicule utilitaire sport. Malheureusement, le jugement est beaucoup moins positif lorsque vient le temps d'évaluer ses qualités dynamiques. S'il était possible de lui pardonner quelques faiblesses à ce chapitre il y a cinq ans, l'évolution du marché nous empêche d'être aussi généreux. Au fil des années, de nombreux nouveaux modèles sont apparus et le Xterra perd du terrain chaque fois qu'un nouveau concurrent se pointe.
Cela, pour une raison bien simple. Ce véhicule est dérivé de la camionnette Frontier, elle-même une version assez peu modifiée du légendaire Hardbody dont les origines remontent au milieu des années 80. Nissan, dont les ressources financières étaient chancelantes à ce moment, devait adopter ce genre de solutions. Mais cela a naturellement eu des incidences négatives sur le Xterra.
Ça gronde et Ça brasse
L'un des principaux problèmes du Xterra est son moteur V6 de 3,3 litres. En version atmosphérique, ses 180 chevaux peinent à la tâche tandis que son couple de 200 lb-pi est en deÇà de la moyenne de la catégorie. De plus, en accélération, il est bruyant et s'essouffle rapidement. On peut aussi opter pour la version suralimentée de ce même 3,3 litres. La puissance est alors portée à 210 chevaux tandis que le couple est de 246 lb-pi. Des chiffres plus acceptables. À l'usage, toutefois, ce moteur déÇoit aussi bien en raison d'accélérations très moyennes que d'une sonorité désagréable. Il suffit d'appuyer à fond sur l'accélérateur pour entendre un sifflement asthmatique provenant du compresseur. Et la boîte de vitesses automatique qui accompagnait ce V6 effectuait des passages de rapports parfois saccadés. La boîte manuelle à 5 rapports n'est pas un choix à ignorer même si l'étagement est assez espacé et la course du levier plus ou moins précise. Malgré tout, plusieurs sauront s'en accommoder.
En conduite, le comportement hors route du Xterra est l'élément le plus positif. Sa garde au sol élevée, un système 4X4 à temps partiel efficace et une bonne dose d'agilité sont en mesure de satisfaire les attentes des amateurs de balades en forêt et d'excursions dans la boue. Par contre, si vous envisagez de conduire le Xterra presque exclusivement sur le macadam, sa prestation s'avère beaucoup moins rassurante. Lorsque la chaussée est en bon état, le véhicule se comporte correctement, même si la direction à billes pourrait être plus précise. Par contre, dès que le revêtement se dégrade, la suspension arrière à essieu rigide se met à sautiller dans tous les sens tandis que la stabilité latérale en souffre. Dans les virages, même si la route est lisse comme un billard, cette suspension simpliste et un centre de gravité élevé n'arrangent pas les choses. Et si un vent latéral se met de la partie, la situation se corse davantage. Enfin, les choses ne s'améliorent pas non plus avec une charge supérieure à la moyenne.
Donc, si les stylistes ont fait du bon travail, il est temps que les ingénieurs se mettent à la tâche.