Nissan Frontier, la grande boîte
Il ne faut pas toujours sauter aux conclusions. Puisque le Frontier et le Xterra se partagent la même plate-forme, il serait facile de conclure qu'ils ont un comportement routier identique et que seule la boîte de chargement les différencie. Ce n'est pas si simple, même si les deux affichent des présentations extérieures semblables et des tableaux de bord pratiquement interchangeables.
Soulignons que le Frontier se targue d'offrir la boîte de chargement la plus longue parmi les camionnettes compactes quatre portes. Il devance à ce chapitre le Ford Explorer SportTrak de 60 cm et le F-150 Super Crew de 20 cm. Il y a de quoi pavaner. Mais cet avantage peut également se tourner en désavantage. Il est bon d'avoir une capacité de chargement plus importante, mais encore faut-il bénéficier de la puissance nécessaire pour en tirer profit. Le moteur V6 3,3 litres de 170 chevaux n'offre pas des performances très impressionnantes et il est mal adapté pour transporter des objets plus lourds que la moyenne. La version suralimentée du même moteur n'est pas plus convaincante. On a parfois l'impression que c'est l'intensité du bruit qui change et non pas les accélérations ou les reprises. À titre de comparaison, le Ford F-150 SuperCrew peut être commandé avec un moteur V8 de 5,4 litres d'une puissance de 260 chevaux. Le Frontier est mieux adapté au transport d'objets longs et légers. Cette caisse allongée s'avère donc moyennement pratique.
Banquette et radio
Pour en revenir à la comparaison avec le Xterra, le Frontier quatre portes possède lui aussi une banquette arrière. Sur papier, Ça semble pareil, mais c'est une tout autre histoire lorsqu'on prend place à bord. Celle du Xterra permet de voyager dans un confort relatif tandis que les places arrière du Frontier font partie des plus inconfortables qui soient. Non seulement l'assise est trop basse, mais le dégagement pour les jambes est presque symbolique. Comme si cela n'était pas assez, il est impossible de rabattre le dossier pour transporter des objets encombrants.
Par contre, les tableaux de bord du Frontier et du Xterra sont identiques. On y retrouve les mêmes éléments en plastique de couleur titane qui donnent un peu de relief à la présentation et la finition est acceptable de part et d'autre. Les deux partagent aussi les mêmes irritants. D'abord, une fiche 12 volts placée entre les commandes de la radio et de la climatisation que l'on confond toujours avec le bouton de la radio. Et il y a cette tirette de désengagement du frein de stationnement qui est toujours mal placée et dont la poignée est carrément désagréable. En ce qui concerne la chaîne audio, le Frontier a un avantage marqué avec son système Rockford Fosgate de 300 watts à chargeur intégré de six disques équipant les modèles SE-V6 et SC-V6. Compte tenu des dimensions de la cabine, ses neuf haut-parleurs sont capables de vous en mettre plein les oreilles. Toutefois, les commandes de la radio ne sont pas très explicites et il faut souvent essayer plus d'une fois avant de trouver le réglage recherché. Les autres versions sont livrées avec lecteur de CD simple et un ampli de 100 watts.
Le secret : l'empattement
Il n'est pas un essayeur qui se respecte qui n'a pas fustigé les ruades du train arrière du Xterra sur mauvaise route. Celui-ci offre des capacités légèrement supérieures à la moyenne en conduite hors route, mais sa suspension est rapidement prise de court sur la route en raison de son essieu arrière rigide. Le Frontier partage pratiquement la même mécanique, mais montre un comportement routier beaucoup plus civilisé.
Cette différence s'explique très facilement. La camionnette bénéficie d'un empattement beaucoup plus long que son petit frère à cabine fermée. Même le modèle à caisse régulière possède un avantage de 30 cm en fait d'empattement et la différence atteint 68 cm dans le cas du Frontier à cabine multiplace. Pas besoin d'être un ingénieur bardé de diplômes pour conclure que ces centimètres de plus ont un effet direct sur le confort. Pour le reste, les deux font pratiquement match égal. La direction à billes est tout juste adéquate et on apprécierait un peu plus de précision au centre. Et si vous tentez de trouver un espace de stationnement en ville, vous ne serez nullement impressionné par le diamètre de braquage.
Il ne faut pas non plus s'intéresser uniquement à ce modèle haut de gamme équipé de presque toutes les options. Ne perdons pas de vue le King Cab à cabine allongée, la seule autre configuration au catalogue car Nissan ne commercialise plus de Frontier à cabine simple. C'est un choix intéressant puisque l'espace derrière les sièges avant est un bon endroit pour ranger ses choses. Comme pour toutes les camionnettes du genre, mieux vaut oublier les strapontins et ne transporter que des bagages à l'arrière. L'offre d'entrée de gamme est propulsée par un moteur 4 cylindres de 2,4 litres d'une puissance de 143 chevaux. Celui-ci n'aime pas les régimes élevés et son niveau sonore augmente de faÇon appréciable au fur et à mesure que l'aiguille du compte-tours se déplace vers le haut. Mais ce moteur consomme peu et devient encore plus sobre lorsqu'il est couplé à une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports. Cette combinaison ne peut cependant être livrée avec la transmission 4X4. Pour l'obtenir, il faut commander le V6 3,3 litres en version atmosphérique ou suralimentée.
En résumé, tout comme le Xterra, le Frontier se veut un véhicule aux formes très modernes associées à un châssis qui aurait besoin d'être modifié. Les stylistes et les ingénieurs ont accompli du bon travail pour moderniser cette petite camionnette compacte plus économique que performante apparue en 1998. Au fil des ans, les ajouts dictés par la mise en marché ont étoffé son registre, mais une révision en profondeur de la mécanique serait la bienvenue.