Mitsubishi Outlander, un utilitaire en quête de moteur
Des huit véhicules à se disputer le plancher des salles d'exposition des concessionnaires Mitsubishi, un seul porte véritablement le sceau de la nouveauté : l'Outlander. Cet utilitaire compact est la plus récente addition à la gamme de ce constructeur japonais qui, comme on le sait, commercialise depuis le mois de septembre ses produits sur le marché canadien.
La direction canadienne de Mitsubishi estime que la Lancer sera son produit vedette. L'Outlander, son second. Assemblé au Japon, cet utilitaire a pour mission de livrer bataille aux actuels CR-V, Forester, RAV4 et autres véhicules de cette catégorie qui remporte beaucoup de succès. Il nous sera proposé en deux versions : LS et XLS. Cette dernière, contrairement à ce qui est le cas sur le marché américain, sera uniquement proposée avec un rouage à 4 roues motrices. La LS comporte par contre une version tractée. Cette dernière, dont le prix n'a toujours pas été dévoilé, sera cependant offerte plus tard en cours d'année.
Puisque le groupe motopropulseur (moteur et transmission) est identique, les différences entre LS et XLS se retrouvent naturellement au chapitre des accessoires. Peu importe la version retenue, la liste des équipements s'avère assez complète. Climatiseur, régulateur de vitesse, glaces électriques et commande de déverrouillage à distance, pour ne nommer que ceux-là figurent parmi les caractéristiques offertes de série. Au rayon des options, on retrouve notamment une chaîne audio de 210 watts avec lecteur CD, des jantes en alliage de 16 pouces (LS), une sellerie de cuir, des baquets chauffants et un toit ouvrant.
De Maybach à Mitsubishi
Avant de monter à bord, quelques mots sur la présentation extérieure. ConÇu sous la direction du styliste franÇais Olivier Boulay (ex-Maybach), le style de la partie avant est, et de loin, la partie la plus originale et inaugure, dit-on, la nouvelle signature esthétique de Mitsubishi : musclée et expressive. Dans le domaine aérodynamique ce Mitsubishi figure parmi les meilleurs avec un coefficient de traînée (Cx) de 0,39 ? celui du Toyota RAV4, par exemple, est de 0,48.
Maintenant, pour mieux visualiser l'espace qu'il occupera dans votre entrée de garage, sachez que ce Mitsubishi est plus long, plus lourd et moins large qu'un Mazda Tribute. Ça vous situe un peu ? Maintenant, ouvrez les portières et vous constaterez rapidement qu'on y est mieux installé à l'avant qu'à l'arrière. Comme c'est le cas dans beaucoup de véhicules utilitaires de cette catégorie, le coussin de la banquette est ancré beaucoup trop bas. Un aménagement style « théâtre », comme sur le CR-V de Honda par exemple, aurait permis d'éliminer ce sentiment de cloisonnement que risquent de ressentir les tout-petits. Cela dit, les places arrière n'en sont pas moins spacieuses avec beaucoup de dégagement pour les genoux, les jambes et la tête. De plus, le dossier de la banquette s'incline (idéal pour faire la sieste), se rabat en tout ou en partie et aligne à son sommet trois appuie-tête. Sécurisant.
Le coussin (encore lui) des baquets avant paraîtra peut-être un peu court pour certains, mais la position de conduite se laisse trouver en un rien de temps grâce aux nombreux ajustements possibles et à une colonne de direction qui s'incline en hauteur. Une fois confortablement installé, vous aurez d'autres motifs de croire que la vie à bord de l'Outlander peut devenir une expérience des plus agréables : matériaux bien choisis et harmonisés, tableau de bord classique et sobrement agencé, instruments lisibles et nombreux. On y retrouve même un rappel du rapport de transmission engagé et une jolie pendulette.
D'un point de vue pratique, on accède au coffre par un hayon dont la lunette est, contrairement à plusieurs de ses rivales, regrettablement fixe. Le seuil de chargement est un brin élevé, mais l'aire de chargement, une fois le dossier de la banquette rabattu, s'avère fort satisfaisante.
Pas pour grimper aux arbres
Tout comme la majorité de ses concurrents, l'Outlander préfère jouer les « je-vais-n'importe-où » sur les artères de nos cités plutôt que de se couvrir de ridicule (et de boue) dans nos chemins creux. L'un des principaux attraits de l'Outlander, comme ses congénères, est d'offrir une position de conduite surélevée, laquelle procure des sensations de sécurité et de domination de la circulation que seules les camionnettes et autres fourgonnettes peuvent offrir aussi.
Comme la très grande majorité de ses concurrents, l'Outlander emprunte plusieurs de ses composantes à une automobile, en l'occurrence la Lancer. C'est donc dire que nous nous retrouvons en présence d'un châssis suffisamment rigide pour une utilisation routière, mais pas pour des excursions hors route. Il n'y a pas que nous qui le disions, les concepteurs de l'Outlander ont l'honnêteté de le reconnaître. Alors, mettons-nous d'accord tout de suite : le rouage à quatre roues motrices de cette japonaise n'a pas été conÇu en fonction d'expéditions hors route, mais plutôt pour assurer une conduite plus sûre sur une chaussée à faible coefficient d'adhérence. D'ailleurs, aucune plaque de métal ne protège les organes vitaux de ce véhicule.
L'antipatinage en congé
Aussi, devons-nous ajouter, l'Outlander propose deux modes d'entraînement : traction (roues avant motrices) ou intégrale (quatre roues motrices). Même si elle tarde à se montrer le bout du nez, il est bon de savoir que la version tractée ne dispose pas, comme les Escape et Tribute « tractées » de ce monde, d'un dispositif antipatinage. Mais comme vous le lirez plus loin dans ces pages, vous comprendrez pourquoi les concepteurs de ce véhicule n'ont pas jugé bon de lui en greffer un. Quant à la version 4 roues motrices, sachez que le dispositif développé par Mitsubishi ne diffère pas tellement, à l'exception de celui de Subaru, des systèmes élaborés par la concurrence. Grosso modo, les ingénieurs japonais ont recours à un visco-coupleur, lequel se charge de distribuer la moitié de la puissance aux roues arrière aussitôt que le train avant se met à patiner. C'est donc dire que dans des conditions normales d'utilisation, seules les roues avant sont motrices. Mentionnons également que l'Outlander à 4 roues motrices ne compte, lui non plus, sur aucun dispositif antipatinage ni sur un différentiel à glissement limité. Ce n'est pas très sophistiqué, j'en conviens, mais l'approche technique de Mitsubishi a sans doute le mérite d'être fiable.
Sous le capot, on note que cet utilitaire retient les services d'un moteur 4 cylindres à simple arbre à cames de 2,4 litres et 140 chevaux. Une valeur fort modeste comparée aux 4 cylindres qui animent les ténors de la catégorie. Et comme un malheur ne vient jamais seul, l'Outlander n'est pas un modèle de légèreté (plus de 1 400 kg à la pesée) et qui plus est, offre seulement une transmission semi-automatique à 4 rapports pour transmettre la puissance au sol. Au cours de cette première prise en main, ce véhicule a mis plus de 12 secondes (chronométrage manuel) pour atteindre les 100 km/h alors que les CR-V et Forester, pour ne nommer que ces deux concurrents équipés eux aussi d'un moteur 4 cylindres, mettent près de 2 secondes de moins pour réaliser le même exercice. Même si ce moteur ne casse rien sur le plan des performances, il peut néanmoins compter sur une force de couple assez vigoureuse (157 lb-pi) et qui, par bonheur, s'exprime assez tôt (2 500 tr/min).
Il existe deux remèdes pour retrouver le sourire au volant de cet utilitaire : passer manuellement les 4 rapports de la transmission semi-automatique ou adopter la version à roues avant motrices, à la fois plus légère et dotée d'un rapport final de boîte un brin plus long.
Ce n'est à vrai dire qu'une fois sa vitesse de croisière atteinte que l'Outlander se révèle sous un jour plus favorable. Aidée d'une monte pneumatique assez performante (pour un utilitaire), la direction cisèle avec une certaine précision les virages. Honnêtement, je l'aurais souhaitée un brin plus ferme ; la suspension aussi, d'ailleurs. J'avais également cru le véhicule plus agile pour man?uvrer dans les espaces de stationnement, mais son long diamètre de braquage nous a rappelé, plus d'une fois, que ce n'était pas l'un de ses points forts non plus. En revanche, le confort de roulement constitue une agréable surprise. Remarquablement bien filtré et insonorisé, l'Outlander adopte, avec un ballant supérieur toutefois, les bonnes aptitudes routières de la berline compacte dont il est dérivé. Le freinage ne m'a en revanche pas tellement convaincu. À moins de s'offrir la version la plus coûteuse (XLS) et de débourser un montant additionnel, le dispositif antiblocage refuse de monter à bord de ce Mitsubishi qui autrement se met facilement en équerre. Pis encore, on ne retrouve que des tambours à l'arrière. Conséquence, les distances d'arrêt sont plutôt longues et, en usage soutenu, les freins résistent faiblement à l'échauffement. On a déjà vu mieux chez les concurrents.
À court d'arguments
À la lumière de ce premier essai, l'Outlander m'apparaît un peu à court d'arguments pour se détacher de la meute des utilitaires. D'accord, il est joliment dessiné, son habitacle est agréablement décoré et son comportement routier ne réserve aucune mauvaise surprise. Par contre, son moteur est beaucoup trop anémique et sa fiabilité encore inconnue. Réflexion faite, il s'agit d'un utilitaire de plus?