Mitsubishi Eclipse / Eclipse Spyder, du bas de gamme
Autrefois, un coupé du nom d'Eagle Talon était vendu au Canada. C'était en fait une copie conforme d'un modèle que les Américains connaissaient sous le nom de Mitsubishi Eclipse. Oh ! il s'est passé bien des choses depuis la dernière année d'existence du Talon au pays, notamment une tentative avortée de conquérir le marché canadien, en 1998. Mais nous y revoilà enfin. L'Eclipse sera finalement vendu en sol canadien. Avec, en prime, l'Eclipse Spyder, une version décapotable du bolide. Grâce à un choix de moteurs incluant un 4 et un 6 cylindres et à un prix de détail oscillant entre 24 000 $ et 36 000 $, l'Eclipse ratisse large.
Le 4 cylindres de 2,4 litres qui équipe les modèles RS et GS livre 147 chevaux, avec la transmission manuelle, ainsi que 158 lb-pi de couple. C'est déjà 13 chevaux de moins que l'Acura RSX, mais 17 lb-pi de plus. Par comparaison, avec un embonpoint d'environ 100 kilos face à cette dernière, l'Eclipse de base risque de vous laisser un peu sur votre appétit. Seul avantage, le régime auquel le moteur livre le maximum de puissance est plus bas, à 5 500 tr/min (contre 6 500 pour la RSX). Cet argument tient aussi si l'on opère les mêmes comparaisons avec la Celica, puisque le coupé Toyota doit rouler à très haut régime pour être véritablement maniable. Mais pas l'Eclipse.
Une Tiburon japonaise ?
Cela dit, c'est le 6 cylindres de 3 litres de la version GT de l'Eclipse et du Spyder qui s'avère le principal intérêt de cette nippone. Grâce à une transmission manuelle tout à fait agréable ? comparable, en ce sens, à celle d'une Hyundai Tiburon ?, les 200 chevaux annoncés ne déÇoivent pas une fois au volant, comme cela arrive parfois avec les voitures asiatiques. Sur la route, la comparaison entre Eclipse et Tiburon va de soi : malgré les minces différences de chiffres, le comportement est similaire. La suspension indépendante dans les deux cas réagit tout en douceur. Ça brasse sur chaussée cahoteuse, mais n'exagérons rien ; c'est un coupé, pas une limousine. L'Eclipse bénéficie d'une adhérence un peu plus relevée, attribuable sans doute à la qualité des pneumatiques. C'est en ligne droite, à haute vitesse, que ses limites se font rapidement sentir. La stabilité de la voiture diminue à vue d'?il, à tel point que la première imperfection de la route venue vous fera pester contre le volant qui ne cessera de tressauter entre vos mains. Problème de pneus ? Dans le spectre des vitesses permises par la loi, cela est beaucoup moins apparent, heureusement.
À ceux qui vous demanderont comment il est possible de résumer la gamme Mitsubishi en peu de mots, je vous suggère de répondre ceci : du japonais bas de gamme. Certes, la renommée des mécaniques japonaises n'est plus à faire, tout comme la rigueur d'assemblage ou de finition. Mais la qualité des matériaux utilisés pour, disons, la confection de l'habitacle de l'Eclipse, résume bien le côté économe des véhicules Mitsubishi. Rien d'excitant, rien d'osé. On n'a qu'à jeter un ?il sur le tableau de bord et la console centrale du coupé pour comprendre le sens de cette phrase.
Une fois passée l'impression d'occuper la place du pilote dans un cockpit d'avion, impression créée par les gros cadrans entassés devant les yeux du conducteur, on doit cependant se rendre à l'évidence : cette absence de flafla ne laisse de choix que de se concentrer sur l'essentiel : la conduite. Les passagers que vous coincerez à l'arrière, soient-ils acrobates ou simplement de très petite taille, vous remercieront d'avoir choisi le Spyder, qui, au moins, permet de garder la tête sur les épaules et pas entre les genoux. Comme tout bon 2+2?
Idée de vitesse
Au risque de passer (déjà !) pour un nostalgique, je trouve la génération précédente de l'Eclipse beaucoup plus sexy que celle-ci. Toute en courbes et en fluidité, sa silhouette criait « coupé sportif » à tout vent. Maintenant? c'est comme si les ingénieurs s'étaient fait taper sur les doigts après avoir créé l'ultime carrosserie et qu'on leur avait dit que maintenant qu'ils avaient atteint le meilleur de leurs capacités, le mieux qu'ils pouvaient faire était de mélanger des éléments de style d'autres constructeurs pour donner quelque chose d'un peu moins inusité.
Pourtant, Pontiac a bien fini par comprendre que les lignes latérales dans les portières, supposées donner une « idée de vitesse » (sic), faisaient carrément kitsch?
Mais n'allez pas penser que ce n'est pas un véhicule attrayant. Au contraire. Mais comme le dit le vieil adage, quand on est au sommet, il n'y a que vers le bas qu'on puisse aller. Cela dit, tout ce que vous pouvez rechercher dans un coupé sportif est présent dans l'Eclipse : phares halogènes clairs « à l'européenne », feux arrière arrondis, capot proéminent, habitacle reculé, long empattement? La calandre inexistante, remplacée par une grille sous le niveau du pare-chocs (et encadrée par une paire de feux antibrouillards dans le modèle GT), c'est Ça, la clé : avec la forme des phares et du capot, Ça fait Ferrari, vous ne trouvez pas ?
De l'aveu même des hauts dirigeants de la marque, il faut être mal pris pour conduire le Spyder en hiver. Contrairement à d'autres véhicules, rien n'a été fait pour donner l'illusion qu'on peut sortir celui-ci l'hiver sans se les geler. Alors on joue la carte de l'honnêteté : si vous n'avez pas les moyens de vous offrir l'Eclipse comme deuxième ou troisième véhicule, eh bien ! songez à faire l'achat de bons gants, d'une tuque et d'un manteau épais comme Ça. D'autres voitures, comme la Ford Mustang décapotable sont plus recommandées dans ce cas.
Mais Ça laisse trois saisons pendant lesquelles apprécier les qualités dynamiques de l'Eclipse. Vous pourrez alors apprécier les performances d'un coupé sport abordable et différent.