Mercedes-Benz Classe G, le Gelandewagon, vous connaissez ?
Si vous voulez faire votre petit « Jos Connaissant » auprès d'un auditoire constitué de personnes plus ou moins au fait de l'actualité automobile, demandez aux gens s'ils connaissent le Gelandewagon. L'effet est assuré : la majorité des personnes vont donner leur langue au chat. Vous allez passer pour un connaisseur.
Pourtant, Mercedes fabrique ce véhicule depuis 1979 en collaboration avec son partenaire Steyr-Puch à l'usine de Gratz, en Autriche. S'il n'était pas distribué sur notre continent avant l'an dernier, c'est que la direction ne croyait pas qu'il y avait un marché pour un tel véhicule. Elle a changé d'idée lorsqu'elle a réalisé que les succès des Range Rover, Lexus XL 470 et Hummer n'étaient pas qu'un simple phénomène passager. Le marché des gros utilitaires sport de grand luxe est toujours en croissance ; Mercedes a donc révisé son tir en important ce véhicule d'abord destiné aux forces armées qui a été transformé en modèle de luxe au fil des ans.
Une diffusion très limitée et un prix dépassant les 100 000 $ permettent au G500, désignation officielle du véhicule, de trouver sa place dans la catégorie. Et sa silhouette assez particulière vient lui ajouter une aura de produit d'exception. En passant, Gelandewagon signifie tout simplement « véhicule tout-terrain » en allemand tandis que la lettre G est utilisée pour identifier cette classe dans la palette des modèles produits par Mercedes. Apparence militaire, confort bourgeois
Pas besoin de s'étendre sur le fait que les premiers exemplaires de ce modèle ont été livrés à l'armée argentine en 1979. Sa silhouette taillée à la hache et ses tôles d'une épaisseur hors normes sont des éléments qui trahissent ses origines militaires. Il ne faut pas croire qu'on a affaire à un Hummer plus ou moins rafistolé pour plaire aux civils. Comme tout ce qu'entreprend Mercedes, l'approche est méthodique. Puisque les produits de la Classe G ciblent une clientèle bien nantie, il faut leur offrir tout le luxe possible.
L'habitacle intègre donc plusieurs composantes empruntées à la berline de Classe S. Les sièges sont confortables, la qualité des matériaux hors pair et l'équipement plus que complet : sellerie tout cuir, système de navigation par satellite avec écran couleur monté sur le tableau de bord, chaîne audio à 9 haut-parleurs, sièges avant réglables en 10 positions, éléments chauffants dans tous les sièges et la liste est presque interminable. En contrepartie, les poignées des portières sont rétro, les charnières visibles et certains éléments de cet équipement de luxe ont été greffés tant bien que mal dans l'habitacle. Par exemple, les porte-verres amovibles tiennent du bricolage. La fiche technique nous fait également remonter dans le temps en révélant la présence d'essieux rigides à l'avant comme à l'arrière. De plus, cet engin est doté de trois différentiels répartis au centre, à l'avant et à l'arrière. Ici, pas de gadget électronique pour assurer une meilleure traction, c'est de la mécanique pure et dure.
Le moteur est d'une cuvée plus moderne puisqu'il est le même que celui utilisé dans la S500 et le roadster SL. Ce moteur V8 5 litres en alliage produit 292 chevaux et est couplé à une boîte automatique à 5 rapports. La fiche technique se complète par la présence de freins à disque aux quatre roues, d'un système antipatinage « conventionnel » pour les « néophytes » en matière de conduite hors route et d'un système de stabilité latérale similaire à celui installé dans toutes les autres Mercedes.
Du solide
La silhouette du G500 intimide. Rien qu'à voir, on sait que Ça va faire mal en cas de collision avec ce bloc de métal carré. D'ailleurs, même si sa conception remonte presque à un quart de siècle, les ingénieurs n'ont eu à faire aucune modification pour qu'il se conforme aux normes de sécurité nord-américaines. En fait, le G500 surpasse les exigences en fait de collision frontale et latérale. Parions que c'est surtout l'épaisseur des tôles qui explique ces résultats.
Sur la route, le conducteur ne doit pas s'attendre à piloter un coupé sport. Plus haut que large et avec un centre de gravité élevé, ce véhicule n'est pas l'idéal pour faire des gymkhanas. D'autant plus que le poids est important, la direction pas mal lente et la pédale d'accélération dure. Malgré tout, sur la route, le comportement général est honnête et les accélérations et reprises assez fougueuses compte tenu du contexte : le 0-100 km/h se boucle en moins de 10 secondes. Pas mal pour un véhicule de près de 2 tonnes et demie. Et si jamais il faut arrêter rapidement, croyez-moi, les freins sont à la hauteur !
Si un jour vous voulez aller au plus profond des bois en véhicule à moteur, le G500 est ce qu'il vous faut. Peu importe l'état du terrain, la profondeur des ornières et l'angle de la pente, il poursuit sa course sans broncher. Embourbé jusqu'aux essieux ? Pas de problème ! Trois commutateurs placés bien en évidence au centre de la planche de bord vous permettent de verrouiller un, deux et même trois différentiels en fonction de l'importance de l'engluement. En général, on verrouille ceux du centre et de l'arrière pour se sortir d'ornières importantes. Celui à l'avant s'ajoute quand rien ne fonctionne. Dernier détail, l'angle d'attaque est de 36° tandis que la position de conduite élevée et les vitres très droites facilitent la conduite hors route.
Il ne vous manque plus que les ressources financières pour vous permettre de jouer les aventuriers au portefeuille bien garni au volant d'un ancien véhicule militaire transformé en jouet pour riches. Voilà pour le clan des militaristes. Et pour intéresser les sportifs à son frigo sur roues, Mercedes vous propose en 2003 une version AMG avec moteur V8 5,5 litres de 349 chevaux. Quel dilemme !