Chevrolet Impala, c'est pas les gros chars !
Soyons francs : la Chevrolet Impala n'est pas « les gros chars », mais au moins son propriétaire peut se vanter d'avoir un gros char. Pas aussi gros que la défunte Caprice, à laquelle il a succédé à titre de berline Chevrolet la plus volumineuse, mais tout de même suffisamment pour accueillir trois sièges d'enfant sur la banquette arrière.
Cette précision étant faite, il faut admettre qu'on ne risque pas de voir souvent trois sièges de bébé à bord d'une Impala, et pas seulement parce que la famille québécoise compte en moyenne 1,4 enfant Voyez-vous, cette berline intéresse surtout une clientèle d'un âge certain, qui n'a pas, objectivement, besoin d'autant d'espace qu'en dispose la Impala, mais qui apprécie le sentiment de confort et de sécurité d'une grosse voiture.
Pas fou, Chevrolet a donné une tournure nostalgique à l'opération en ressortant des boules à mites le nom prestigieux de Impala. Hélas ! L'avatar a peu à voir avec ce que fut cette populaire voiture dans ses belles années. La « nouvelle » Impala était déjà dépassée lors de sa réintroduction au catalogue GM de l'année 2000. Depuis, elle n'a pas subi de remise à niveau, et cette année encore elle revient inchangée.
Une version super sport
Le vieux V6 de 3,4 litres anime donc la Impala de base. Vaillant, il besogne laborieusement en émettant des rots qui semblent évoquer ses lointaines et primitives origines. Le V6 3,8 litres, qui équipe la version LS, lui est infiniment préférable. De facture encore plus ancienne que le premier, mais remanié avec bonheur au fil de ses multiples rénovations, il manifeste un bel entrain en accélération comme en reprise. Ce même 3,8 litres se retrouve au coeur de la version Super Sport dont s'est enrichie la gamme Impala en 2004, à cette différence qu'il profite d'un compresseur volumétrique lui permettant d'ajouter 40 chevaux à sa cavalerie. Malgré sa configuration obsolète, il n'a pas à rougir de ses performances : couple impressionnant à bas régime, temps de réponse quasi inexistant et puissance « utile » importante, même si le régime maximal apparaît assez limité, à 5 800 tr/min. La boîte automatique à 4 rapports interagit en bonne entente et passe les vitesses en douceur.
Cela dit, l'inertie opposée par sa lourde masse enlève à la Impala SS toute prétention au titre de "muscle car". En conduite, elle a juste ce qu'il faut d'aptitudes routières pour titiller votre fibre sportive. La direction ne transmet pas grande rétroaction mais elle est rapide et précise, et l'effet de couple est généralement bien maîtrisé en regard de toute la puissance transmise au train avant. La tenue de cap est rassurante et n'est pas trop perturbée par le vent ou les ornières.
Les suspensions renforcées conviennent à une conduite de type "cruiser", en plus de contribuer au confort. En revanche, la caisse bouge latéralement de façon trop prononcée sur les "silent blocks" avant de prendre appui lorsque vous l'inscrivez dans les virages. Vous l'aurez deviné, cette soi-disant « Super Sport » n'est pas la plus agile. Cependant, les pneus Goodyear RS-A de 17 pouces qui équipaient le modèle à l'essai se sont montrés très tenaces et relativement silencieux.
Évidemment, la Impala en version LS ou de base manifeste un comportement encore plus débonnaire. Quasi imperturbable en ligne droite, elle met littéralement les genoux à terre dans les courbes. Ce n'est rien de bien dangereux cependant, puisqu'elle laisse sentir ses limites bien avant de décrocher. Et les freins à disque assurent un freinage adéquat, surtout lorsqu'ils sont jumelés à l'ABS (de série sur LS et SS).
En fin de carrière
Certains aiment les lignes de la Impala, d'autres les jugent affreuses. En tout cas, elles commencent à faire sérieusement vieillottes. La Impala SS édition Indianapolis Motor Speedway que j'ai mise à l'essai avait assez belle allure avec sa peinture toute noire et ses discrets petits écussons sur les ailes avant, mais pour tout dire, elle gagne à être regardée de loin. La finition est en effet approximative, et les roues chromées de 17 pouces ont carrément l'air de pacotille.
Idem pour l'habitacle, où matériaux et assemblage laissent à désirer, y compris sur la SS, dont la sellerie en cuir s'apparente au vinyle. Le design torturé de la planche de bord date d'une époque révolue, et les contrôles ont un aspect simpliste, notamment les deux leviers pour la température qui semblent provenir d'un jouet Fisher-Price. L'ergonomie est néanmoins satisfaisante, sauf en ce qui concerne la commande des sièges chauffants, si mal logée qu'on ne peut savoir si elle fonctionne autrement que par la chaleur aux fesses. Parlant de fesses, les gros fauteuils leur font bon accueil, mais ils offrent peu de soutien latéral, et c'est encore pis sur les modèles équipés de la banquette avant. La banquette arrière est, quant à elle, parfaitement plane, mais elle a l'avantage de ne pas trop mal lotir le passager du centre. Le coffre est apprécié pour ses dimensions vastes et régulières, de même que pour sa large découpe.
La version de base bénéficie des principales assistances électriques, du régulateur de vitesse, et de la climatisation à deux zones. C'est un bon début, mais on trouve facilement l'équivalent - ou mieux - pour moins cher, et cela sans avoir à faire de concession vitale sur l'espace habitable. Un exemple ? La Chevrolet Malibu.
Conclusion : la Impala, sous sa forme actuelle, est un modèle en fin de carrière dont le rapport prix/équipement n'arrive pas à racheter les faiblesses. Mais si vous avez absolument envie d'un gros char...