Mini Cooper / Cooper S, un festin pour les yeux, mais... !
Mignonne, sympathique, espiègle, la Mini réinventée a droit à tous ces qualificatifs et elle récolte sa grande part de regards admiratifs partout où elle se pointe le nez. Au-delà de l'attrait qu'elle suscite sur son passage, à quoi doit-on s'attendre une fois au volant ? Disons tout de suite que le coup de c?ur initial diminue considérablement et que plus on accumule les kilomètres, plus on se rend compte que l'habit ne fait pas le moine.
Je me suis rarement fait poser autant de questions sur une voiture que lors de mon essai de la Mini. Que ce soit la Cooper ou la Cooper S, à peu près tout le monde, jeunes et vieux, est fasciné par cette nouvelle vedette du rétro-mobile. De tous les modèles ayant exploité le même thème, c'est de loin le plus réussi. En s'installant au volant, on souhaiterait que le plaisir se prolonge mais la magie s'estompe graduellement jusqu'à ce que l'on finisse par se rendre compte que, derrière cette belle faÇade, la MINI cache quelques vices de jeunesse.
Premières déceptions
On commence à déchanter dès que l'on essaie de régler le siège du conducteur dont les molettes et les leviers sont loin d'être faciles à manipuler. On finit par trouver une position de conduite acceptable mais les sièges sont carrément inconfortables. Il y a aussi cette série d'interrupteurs à bascule alignés sur la console centrale qui, par leur similitude, prêtent à confusion.
L'originalité du design intérieur ne fait aucun doute et là encore la Mini est un festin pour les yeux. Au plan ergonomique toutefois, c'est moins réussi et l'indicateur de vitesse central par exemple vous oblige à quitter la route des yeux une précieuse fraction de seconde de plus que lorsque cet instrument est placé face au conducteur. Notons que dans les Mini dotées du système de navigation, ce dernier remplace l'indicateur de vitesse central qui vient alors se loger à côté du compte-tours sur la colonne de direction. Si les rangements ne sont pas légion dans la cabine, la visibilité en revanche permet de bien profiter des faibles dimensions de la voiture.
Comme la New Beetle, la Mini offre un espace avant remarquable où même les conducteurs de grande taille se trouveront à l'aise. Elle partage toutefois avec sa cons?ur allemande une banquette arrière si peu habitable que l'on finira par s'en servir pour pallier la petitesse du coffre arrière. Ce dernier, incidemment, ne s'embarrasse pas d'une roue de secours rendue inutile par la présence de pneus à roulage à plat.
D'autres déceptions
C'est surtout en roulant au volant de la Mini que les choses se gâtent le plus sérieusement. La mise au point finale de la voiture a beau avoir été supervisée par BMW, la qualité de construction porte les stigmates de l'assemblage « made in England ». Deux des trois voitures d'essai confiées à la presse automobile ont vu leur pare-brise craquer à cause du stress exercé sur la carrosserie en roulant tandis que la Cooper et la Cooper S testées par Le Guide de l'auto étaient affligée de nombreux bruits de caisse. La S a aussi perdu son pommeau de levier de vitesses, mal fixé. Si l'on ajoute à cela un groupe propulseur qui râle plutôt qu'il ne rugit, on est en droit de s'inquiéter de la fiabilité à long terme de la Mini.
Essayée en premier, la Cooper voit son agrément de conduite saboté par un moteur de 115 chevaux carrément impotent. Les accélérations sont pénibles et la puissance est tellement mince que le temps de reprise entre 80 et 120 km/h en 4e est affecté par le moindre petit changement d'environnement. Il va de 12 à 15 secondes, selon le vent, la qualité du revêtement ou même la température ambiante. La seule faÇon d'obtenir des performances à peu près convenables est de triturer constamment le levier de vitesses qui, comble de malheur, semble guidé par des bandes élastiques.
On a beaucoup fait état du comportement routier de la Mini et de son style go-kart. Or, s'il est vrai que la voiture est particulièrement agile et maniable, sa tenue de route impose un lourd tribut au confort. Solidement rivées au bitume et pratiquement à l'abri des têtes-à queue, ces Cooper vous font payer leur maniabilité de go-kart par un confort de go-kart. Dans les deux versions, la rudesse des suspensions combinée à un empattement court a tôt fait de vous faire prendre conscience de l'état lamentable de notre réseau routier. Le simple passage de joints d'expansion entraîne des secousses désagréables qui font que les longs déplacements à bord d'une Mini sont à exclure, d'autant plus que la voiture est extrêmement bruyante à une vitesse d'autoroute. Et si l'on ouvre l'immense toit ouvrant proposé en option, le niveau sonore devient insupportable.
Je m'attendais à me réconcilier avec la Mini en prenant le volant de la Cooper S mais malgré les 163 chevaux de son moteur à compresseur, on se rend compte qu'un moteur de 1,6 litre, suralimenté ou pas, est une bien maigre pitance pour une voiture qui professe l'agrément de conduite. Il faut jouer du levier de vitesses et pousser sur chacun des rapports intermédiaires pour arriver à obtenir des performances convenables, sans plus. La direction à assistance électro-hydraulique est agréablement dépourvue d'effet de couple, mais elle est si rapide qu'il faut s'en méfier tellement la voiture réagit à la moindre impulsion sur le volant. À haute vitesse, cela peut même devenir dangereux.
Déjà conquis par son look, on ne demanderait pas mieux que de tomber amoureux de cette Mini réincarnée mais il n'en reste pas moins que, dans sa forme actuelle, la voiture est beaucoup plus un beau jouet très cher qu'une bonne petite voiture. Fort heureusement, toutes les faiblesses de ces premiers modèles ne sont pas irrémédiables. Avec un design aussi bien né, il suffira de quelques modifications Çà et là (sièges, suspension, moteur) et d'un resserrement de la qualité de construction pour que la Mini des années 2000 ait une carrière aussi fructueuse que sa célèbre devancière.