Lexus LS 430, hybride de luxe
Le marché des grandes berlines de luxe est en pleine mutation depuis environ un an. Pendant que la récente BMW 745i se transformait en arcade électronique, les grosses Mercedes de Classe S se dotaient de 4 roues motrices pour mieux affronter leur dernière rivale, la Volkswagen Phaeton. Pas question ici de faire un match comparatif entre ces limousines mais force est d'admettre que la concurrence est féroce. Par contre, au lieu de se copier les uns les autres, les constructeurs semblent avoir adopté chacun une philosophie différente.
Cela permet à Lexus de faire pratiquement cavalier seul dans sa petite niche peinarde où la qualité de la finition, le confort de l'habitacle et le silence de roulement sont des qualités essentielles tandis que l'agrément de conduite et le comportement routier sont des éléments secondaires. Conséquemment, si vous êtes de ceux ou celles qui apprécient une bonne ergonomie, un confort douillet et une qualité de finition au-dessus de la moyenne, vous serez conquis par la Lexus LS 430. La Mercedes S500 possède pratiquement les mêmes atouts avec, en prime, le comportement routier d'une voiture conÇue pour rouler 24 heures sur 24 à 250 km/h dans son pays d'origine. La dernière BMW de Série 7 dévie de sa trajectoire de berline sport et semble destinée à une clientèle mal définie entre l'amateur de gadgets électroniques et le fanatique de la conduite sportive.
La tradition de l'excellence
Voilà qui peut ressembler à un slogan publicitaire mais il faut admettre que la plus cossue des Lexus a toujours été reconnue pour sa qualité d'exécution et sa grande fiabilité. Ce qui ne l'a pas empêchée d'être lapidée pour un agrément de conduite inexistant, exacerbé par une direction ultrasensible et un antipatinage qui intervenait au moindre prétexte. Dans un tel contexte, on se demande même comment elle a pu survivre jusqu'à ce jour.
La réponse est facile. Elle a initialement attiré bon nombre d'acheteurs de grosses nord-américaines séduits par le confort et la finition, mais peu exigeants en fait de conduite. De plus, plusieurs consommateurs désabusés par leur expérience germanique ont voulu tenter l'expérience nippone. Puis, au fil des années, les ingénieurs ont continué de faire évoluer cette voiture. Ayant une parfaite maîtrise de la finition impeccable, de l'insonorisation à outrance et de la fiabilité mécanique, ils ont réussi à trouver un bel équilibre entre le luxe et l'agrément de conduite avec la 3e génération apparue en 2001.
Celle-ci a bénéficié d'un châssis plus rigide, d'un moteur V8 de 290 chevaux et de trois types de suspension. Elle permet également aux gens de combiner le luxe avec le luxe ou encore le luxe avec un comportement routier supérieur à la moyenne. La LS 430 possède toutes les caractéristiques des grosses nord-américaines d'antan avec beaucoup d'espace à l'arrière, une présentation bourgeoise et une débauche d'accessoires de série. Mais la similitude s'arrête là. Ses prestations routières impressionnent. Par exemple, ce salon sur roues de près de 2 tonnes est capable de boucler le 0-100 km/h en moins de 7 secondes et sa puissance de freinage s'avère très élevée. Il est en effet possible d'immobiliser ce gros bloc d'acier, de cuir, d'aluminium et de plastique en 39,8 mètres. Tout cela avec des pneus surtout sélectionnés pour leur confort et leur silence de roulement.
Le juste milieu
Cette voiture possède donc tous les atouts pour se mesurer aux plus performantes de sa catégorie, même si sa présentation générale nous porte à croire le contraire. C'est un hybride à sa faÇon, combinant la personnalité d'une voiture américaine à la tenue de route d'une Mercedes. L'influence américaine est caractérisée par la possibilité de commander une banquette arrière dotée d'un vibromasseur. De plus, les cadrans à affichage électroluminescent et la qualité de la sellerie en cuir sont autant d'éléments qui plaisent à un large public.
Le côté performances et tenue de route est mis en valeur surtout dans la version Touring à la suspension d'inspiration européenne. Elle permet d'obtenir de meilleures sensations, moins de roulis dans les virages et une direction moins engourdie. Il s'agit à mon avis de la meilleure des LS 430 et de celle qui comprend le moins de fioritures. La Premium peut également être commandée avec une suspension standard. C'est beaucoup moins ferme qu'avec la Touring, mais honnête tout de même. Ce sera le choix du juste milieu. Il est également possible de commander des ressorts pneumatiques à l'avant comme à l'arrière. Avec le régulateur de vitesse au laser, cette suspension pneumatique est l'apanage des voitures de ce prix. Par contre, elle nous isole davantage de la route et ne fait pas grand-chose pour améliorer le comportement routier. Au contraire, elle accentue le flou en virage.
Peu importe le modèle choisi, cette voiture nous laisse toujours sur notre appétit. Nous avons la sensation que l'électronique pilote à votre place. Par exemple, l'antipatinage entre toujours en action très rapidement, ce qui peut mettre le conducteur et les passagers dans une situation précaire. Lorsque l'adhérence est moyenne, il n'est pas toujours bon de voir ce système s'enclencher inopinément alors qu'on veut tout simplement accélérer pour éviter un obstacle ou doubler.
Plus près d'une nord-américaine que d'une allemande, la Lexus LS 430 n'en demeure pas moins un excellent compromis entre deux codes de pensée. Un confort serein plaira aux habitués de Cadillac et une tenue de route très correcte (version Touring) pour une voiture confinée à un reseau routier où les limites de vitesse ne permettent pas d'exploiter les qualités des berlines européennes.