Lexus GS 300 / GS 430, négligemment abandonnées
L'histoire se répète. Comme l'année dernière, les Lexus GS 300 et 430 continuent leur (très) petit bonhomme de chemin en 2003 sans recevoir de modifications vraiment dignes d'intérêt. À croire que le constructeur ne se soucie pas d'entretenir la flamme, ce qui risque de laisser les acheteurs un peu froids.
Pourtant, cette luxueuse berline sport constitue à la base une excellente voiture. Elle risque cependant de sombrer dans l'anonymat si elle demeure trop longuement figée techniquement. Car, dans cette industrie hautement compétitive, l'immobilisme se transforme rapidement en recul dans un peloton emporté par une certaine frénésie.
Heureusement, les lignes de la carrosserie vieillissent bien, à telle enseigne d'ailleurs que Lexus n'a rien trouvé de mieux cette année que de faire disparaître l'aileron arrière. Parlez-moi d'un changement? Les quatre blocs optiques à l'avant donnent au véhicule un petit air de Mercedes (qui semble en haute estime chez Lexus), mais la partie arrière plus originale dégage une certaine lourdeur. L'habitacle de bonne dimension offre amplement d'espace aux passagers à l'avant, et suffisamment pour deux occupants à l'arrière. Malgré la présence d'un appuie-tête central, le troisième passager devra s'y faire petit.
Les matériaux d'excellente qualité dégagent une ambiance luxueuse et feutrée, et leur facture demeure incroyablement méthodique. Les fauteuils procurent soutien et confort à l'avant, et la banquette arrière fait de son mieux? pour une banquette. La ligne assez haute du coffre lui permettrait d'offrir une contenance appréciable, si ce n'était de ses formes assez biscornues.
Deux moteurs modernes
Depuis son arrivée sur notre marché, la GS est offerte en deux versions, soit la 300 avec un moteur 6 cylindres en ligne de 3 litres, et une 430 mue par un V8 de 4,3 litres. Les deux font appel à une distribution à calage variable et continu des soupapes (VVT-i) qui leur permet d'offrir un couple robuste à bas régime, sans trop s'essouffler dans les tours. On ne pourrait qualifier le 6 cylindres de lymphatique, car son rendement unitaire (73 chevaux au litre) s'aligne bien avec la concurrence. Néanmoins, ses 220 chevaux commencent à faire un peu juste parmi des V6 de cylindrée supérieure offerts dans le même segment. Fort heureusement, sa douceur exemplaire et sa grande disponibilité ne le placent pas trop en retrait. Les plus exigeants pourront se rabattre sur le 4,3 litres qui demeure, quant à moi, un des meilleurs V8 offerts sur le marché, toutes nationalités confondues. Tous deux utilisent la technologie Drive By Wire remplaÇant le câble de l'accélérateur par un potentiomètre, ainsi qu'une boîte automatique adaptative à 5 rapports pour faire passer leurs chevaux aux roues arrière. Cette dernière accomplit son travail avec zèle, et offre aussi un mode séquentiel pour la sélection des vitesses. Vous savez déjà ce que je pense d'un tel mécanisme : en dehors de certaines circonstances bien particulières, il est plus pratique de placer tout simplement le levier en position « D ».
Sur la route, les deux berlines affichent un comportement présentant des différences assez marquées. La GS 300 se montre conciliante avec les inégalités de notre réseau routier, tout en offrant une tenue de route de bon niveau au conducteur pour qui rouler présente un agréable défi. La direction, précise, pourrait cependant être plus communicative. Pour sa part, la GS 430 apparaît plus sèchement suspendue et chahute ses occupants, particulièrement lorsqu'elle roule sur les pneus de 17 pouces en option, des P235/45ZR17. À ce chapitre, la modeste taille (P225/55VR16) des pneumatiques d'origine pour les deux versions et leur frileuse semelle quatre saisons inhibent sans aucun doute le potentiel du châssis extrêmement rigide de cette berline.
Équipement semblable, prix disproportionnés
Comme on peut s'y attendre d'une Lexus, l'équipement fera la fierté de son propriétaire. Fauteuils chauffants en cuir aux ajustements multiples à l'avant, climatisation à deux zones, magnifiques instruments « électroluminescents » , la liste s'allonge presque indéfiniment pour les deux versions, et la seule option digne de mention concerne le système de navigation. En fait, l'avantage revient bien entendu à la GS 430, mais uniquement grâce à sa chaîne audio absolument éblouissante (j'aimerais bien avoir la même dans mon salon) et à quelques garnitures d'aspect plus chic. Il devient donc impossible de justifier les 10 000 $ qui séparent la GS 430 de sa s?ur sans tenir compte de leurs moteurs respectifs; et, malgré toute l'estime que j'entretiens pour le V8, j'hésiterais à le recommander à un acheteur qui ne pourrait utiliser régulièrement chacun des 300 chevaux.
Le freinage puissant et endurant est confié à quatre disques commandés par un ABS perfectionné à quatre canaux. Il s'en remet aussi à un système d'assistance qui applique une forte pression sur les étriers en certaines circonstances considérées comme urgentes par l'ordinateur de bord, même si le conducteur réagit plus mollement. À l'instar de Mercedes (tiens, tiens), les Lexus protègent très bien leurs occupants. Pour ce faire, on trouve dans chaque GS des coussins frontaux et latéraux, ainsi que des sacs pour la tête des passagers, mais à l'avant seulement. Parions que la prochaine édition offrira la même protection à l'arrière.
Bien conÇue, impeccablement exécutée, performante, solide et agréable à regarder, la GS ne se retrouve pourtant pas en grand nombre sur nos routes. Son prix en intimide plus d'un, bien sûr , mais il faut aussi considérer franchement l'absence de snob appeal et son comportement routier un peu indiscipliné pour expliquer son manque de popularité.