Kia Sorento, le vrai défi
Il y a à peine trois ans que la compagnie Kia a pignon sur rue au Canada et elle a fait des progrès importants sur notre marché. Cela est d'autant plus impressionnant qu'elle s'est amenée ici avec deux modèles vraiment dépassés, le Sephia et le Sportage. Cette berline et ce 4X4 étaient carrément inférieurs à la moyenne en termes de performances et de finition. Heureusement, la qualité s'est améliorée avec la Magentis et la fourgonnette Sedona, deux modèles soumis à des essais à long terme par Le Guide de l'auto. Mais, nous dit ce constructeur, c'est avec le Sorento que Kia veut rehausser son image et augmenter ses ventes. Reste à voir si ce VUS a les atouts nécessaires.
Sur le plan esthétique, il est certain que l'objectif a été atteint puisque cet utilitaire sport intermédiaire affiche une certaine élégance. Plusieurs lui trouvent des ressemblances avec le Lexus RX 300 ou encore l'Acura MDX. Cette petite coréenne a indéniablement des affinités avec ces deux japonaises de luxe, mais elle n'est pas dépourvue de personnalité pour autant. Les lignes latérales se dégagent bien vers l'arrière et le pilier C incliné vers l'avant ajoute un effet de vitesse. Cette astuce donne aussi l'impression que le véhicule est plus bas qu'il ne l'est en réalité. Par contre, le côté « macho » est accentué par d'imposants panneaux de bas de caisse qui se prolongent sur le pourtour des passages des roues pour rejoindre les pare-chocs avant et arrière.
C'est astucieux et élégant à la fois. Les stylistes y sont peut-être allés un peu fort sur la proéminence de ces panneaux, mais l'effet recherché est obtenu. La partie arrière est sobre et ressemble en fait à une version modifiée du Sedona.
Des éléments connus
Il est certain que Kia mise davantage sur le style que sur la fiche technique du Sorento pour influencer les acheteurs. Comme pour tous ses autres modèles, Kia propose une mécanique constituée d'éléments éprouvés.
Il n'est donc pas surprenant de retrouver un châssis autonome de type à échelle auquel est relié un essieu arrière rigide à bras tiré. À l'avant, la suspension est à levier triangulé et à jambes de force. La transmission intégrale est constituée d'une boîte de transfert à visco-coupleur doté d'ailettes en carbone. Le modèle LX est une propulsion qui se transforme en 4X4 sur demande : on peut passer d'un mode à un autre en roulant. Les modèles EX et EXL sont pourvus d'un système à transmission intégrale. Le couple est donc toujours réparti aux roues avant et arrière. La démultiplication (Low) est engagée par l'entremise d'un bouton placé à la gauche du volant. Plusieurs modèles concurrents à transmission intégrale offrent un système similaire, mais celui-ci est généralement plus raffiné, permettant un plus grand choix de modes. Même si les planificateurs prévoient que plus de 90 % des acheteurs n'iront jamais rouler hors route, le Sorento est muni de plaques de protection sous le véhicule.
Le groupe propulseur est déjà connu puisqu'il s'agit du même moteur V6 que celui de la Sedona. Monté longitudinalement, il actionne les roues arrière en mode deux roues motrices dans le LX. Sa puissance est de 195 chevaux et il est associé à une boîte automatique à 4 rapports. Ce tandem est offert dans toutes les variantes, de même que les freins à disque aux quatre roues. Ce qu'il faut retenir, c'est que Kia a fait appel à une mécanique simple afin d'être en mesure d'offrir un véhicule qui répond à sa philosophie : un prix inférieur à la concurrence en même temps qu'un équipement plus complet.
Oubliez le Sportage !
Jusqu'à ce jour, les mots Kia et conduite tout-terrain nous faisaient immédiatement songer au Sportage, un véhicule plus que déficient sous plusieurs rapports. Le Sportage est un rescapé des années 70 dont la finition s'est améliorée au fil des ans, mais dont les performances et la tenue de route s'avéraient lamentables. Pour sa part, le Sorento soutient la comparaison avec les modèles concurrents.
Mais avant de prendre la route, il faut accorder de bonnes notes à l'habitacle dont la présentation est quelque peu inspirée de celle du Sedona, notamment la console centrale verticale avec ses commandes de climatisation, sa chaîne audio et d'autres commandes périphériques. On a inséré des garnitures en « bois » pour donner une touche de luxe à la présentation, mais n'ayez crainte, aucun arbre n'a été sacrifié puisqu'il s'agit de pièces en plastique qui ne réussissent absolument pas à cacher leurs origines chimiques. La qualité des matériaux de même que la finition semblent meilleures que dans tous les anciens modèles Kia. Toutefois, il faut souligner que dans un modèle essayé, le lecteur CD s'est grippé tandis que dans un autre, le plafonnier refusait de s'éteindre. Il faudra donc attendre avant de vanter la qualité améliorée du dernier-né de Kia.
Les personnes de grande taille connaîtront certaines difficultés à prendre place à bord puisque l'ouverture des portières est basse et qu'il faut se contorsionner légèrement pour se glisser sur un siège dont le confort est convenable, rien de plus. Comme dans presque tous les véhicules de la catégorie, le dégagement pour la tête est généreux de même que l'espace pour les jambes aux places arrière. L'absence d'une troisième rangée de sièges explique sans doute cette spaciosité. Et les amateurs de ces accessoires seront heureux d'apprendre que la console centrale possède en sa partie arrière un module escamotable comprenant deux porte-verres et que les espaces de rangement dans les portières sont moulés de faÇon à contenir une bouteille d'eau ou autre. Par contre, la banquette arrière de type 60/40 s'est révélée difficile à abaisser, les boutons de dégagement se montrant récalcitrants. La soute à bagages est de bonnes dimensions en plus de posséder un espace de rangement additionnel sous le plancher, mais son seuil de chargement est élevé.
Du sérieux
Par le passé, Kia nous a souvent habitués à des modèles à la silhouette agréable, mais dont les prestations routières se révélaient assez médiocres. Puisque le Sorento est bien nanti sur le plan esthétique et que sa mécanique est tout au moins correcte face à ses concurrents, reste à savoir de quoi il en retourne une fois sur la route et en dehors.
Comme le Sorento partage son groupe propulseur avec la fourgonnette, je m'attendais à ce qu'il soit affligé des mêmes accélérations engourdies, de la même lourdeur en virage et d'un sous-virage important dans les courbes serrées. Ce fut une agréable surprise de découvrir qu'il se démarquait avantageusement par rapport à la fourgonnette. Celle-ci est plus longue de 36 cm et plus lourde de 150 kg, ce qui explique son comportement anémique. Sans avoir des ailes, l'accélération initiale du Sorento est vive, ce qui facilite la conduite en milieu urbain. De plus, une bonne répartition des masses permet ainsi des changements de voies sans trop de problèmes.
Un détail en passant : dans certaines versions, le boudin du volant est en similibois. C'est extrêmement glissant et d'une prise peu agréable. Heureusement que la position de conduite est bonne et le repose-pied confortable.
Au ralenti, le Sorento est l'un des véhicules les plus silencieux que nous ayons testés à ce jour. Ça se gâte à l'accélération et sur la route alors que les bruits de vent provenant du porte-bagages font danser l'aiguille du sonomètre. Mais la surprise la plus agréable en fait de comportement routier a été le bon équilibre en virage. Le roulis est peu prononcé et le véhicule se campe sur ses roues pour suivre le point de corde avec assurance. Sur une route constituée de gravillons, le rouage intégral assure une bonne répartition du couple et il est possible d'effectuer assez facilement une glissade contrôlée. Il faudra toutefois refréner ses élans, car le système de freinage s'est révélé moyen avec une pédale spongieuse et parfois difficile à doser.
La présentation de ce modèle comprenait une longue randonnée sur une route forestière en mauvais état et le Sorento s'en est fort bien tiré. Dans les courbes parsemées de bosses, l'essieu arrière est demeuré sous contrôle tandis que le rouage intégral a fait son travail dans les passages difficiles. Toutefois, cette route était poussiéreuse à souhait et un peu de poussière s'est infiltrée dans l'habitacle même si le système de ventilation fonctionnait en circuit fermé.
Ce nouveau Kia constitue une agréable surprise à presque tous les points de vue. Sa silhouette est moderne, son comportement routier très honnête tandis que le niveau de confort de l'habitacle ne fera pas beaucoup de mécontents. Le manque de données quant à la fiabilité de ce véhicule en incitera cependant plusieurs à se montrer prudents.
Kia est consciente de la situation et compte sur sa garantie pour rassurer la clientèle. Petit à petit, la marque coréenne veut sortir du sous-sol des aubaines sans pour autant sacrifier sa politique du meilleur rapport qualité/prix sur le marché. C'est un défi qui ne sera pas facile à relever. Toutefois, s'il est un véhicule qui pointe dans la bonne direction, c'est bien le nouveau Sorento. Celui-ci devra cependant faire preuve d'une fiabilité digne de ce nom pour que Kia soit en mesure de respecter ses engagements.