Kia Sedona, et elle roule encore !
Après neuf mois d'utilisation et une vingtaine de milliers de kilomètres, elle roule encore? C'est sans doute le plus beau compliment que l'on puisse adresser à la Kia Sedona dont une version EX 2002 a fait l'objet d'un essai à long terme du Guide de l'auto. Dès son arrivée sur le marché l'automne dernier, cette nouvelle fourgonnette avait fait belle impression auprès de notre équipe d'essayeurs, mais sa fiabilité au fil du temps constituait un gros point d'interrogation. Face à notre scepticisme sur sa capacité à traverser un rigoureux hiver canadien, les gens de Kia ont eu le courage de nous en prêter une pour une évaluation plus en profondeur. Les résultats sont tout à leur avantage? à quelques exceptions près.
CommenÇons par la bonne nouvelle : notre Sedona EX ne nous a jamais fait faux bond et la colonne des ennuis mécaniques ou autres est parfaitement vierge dans notre livret de bord. Bien sûr, l'hiver 2001-2002 n'a pas été très méchant dans notre coin de pays, mais notre grande familiale Kia a démarré au quart de tour par les matins les plus frisquets et les pneus à neige (obligatoires à notre avis) ont permis à cette grosse traction de ne pas s'empêtrer dans les congères tout en lui procurant l'adhérence voulue pour que la conduite ne soit pas périlleuse. Contrairement à ce qui était le cas dans les premiers modèles Kia importés chez nous, les serrures de porte ont aussi bien résisté au gel.
De bonnes notes
La Sedona EX a aussi recueilli de bonnes notes sous d'autres rapports, notamment pour les performances de son moteur V6 de 3,5 litres et 195 chevaux. Jumelé à l'une des seules transmissions automatiques à 5 rapports offertes dans cette catégorie de véhicules, le groupe propulseur s'est attiré les éloges de nos essayeurs. Compte tenu qu'il a à déplacer le véhicule qui est, et de loin, le plus lourd de sa catégorie, on pouvait craindre qu'il soit un peu pris de cours. Or, les accélérations et les reprises sont très honnêtes et en parfaite harmonie avec ce que l'on trouve dans les modèles concurrents. Si le moteur a bien des qualités, la frugalité n'est pas l'une d'elles. Trahie par son poids excessif, cette voiture a besoin de 14 litres aux 100 km pour traîner son immense carcasse. Comble de malheur, la jauge à essence donne une lecture plutôt fantaisiste et nos essayeurs ont préféré faire le plein dès que l'aiguille arrivait au quart du réservoir pour ne pas risquer de se retrouver en panne sèche. Comme ce problème avait aussi fait surface dans une Optima (anciennement Magentis) essayée l'an dernier, il faut en conclure que Kia a des devoirs à faire de ce côté.
Avec des dimensions extérieures supérieures à celles d'une Dodge Caravan à empattement court et inférieures à celles d'une Ford Windstar, cette fourgonnette coréenne est nécessairement très spacieuse avec la possibilité de transporter jusqu'à sept personnes. Dans cette configuration, toutefois, il ne reste pas beaucoup de place pour les bagages. Le hayon arrière n'a pas fait l'unanimité chez nos conductrices qui l'ont trouvé difficile à refermer et salissant ; elles ont en revanche beaucoup apprécié le fonctionnement sans histoire des portes coulissantes. La Sedona n'est pas avare non plus de rangements avec, au dernier décompte, sept compartiments différents pour égarer vos lunettes. Un peu plus et on aurait besoin d'un aide-mémoire. Le confort de cette fourgonnette a aussi fait l'objet de plusieurs mentions honorables et cela en dépit de la présence d'un essieu arrière rigide.
Et de moins bonnes
Hélas ! tout n'est pas parfait à bord de la Sedona. Ainsi, l'hiver a fait ressortir la faiblesse du chauffage qui a beaucoup de mal à amener un aussi vaste intérieur à une température confortable. Les sièges s'avèrent raisonnablement confortables, mais certains ont déploré l'absence d'un repose-pied au plancher et la position encombrante de la pédale de frein d'urgence. Ajoutons que la forêt d'appuie-tête à l'arrière nuit un tantinet à la visibilité dans cette direction. Vers l'avant, tout irait pour le mieux si ce n'était des essuie-glaces qui, en mode intermittent, s'agitent à des intervalles qui ne correspondent pas toujours au réglage demandé.
Comme la plupart de ces véhicules surdimensionnés, la Sedona exige d'être conduite « tranquillement pas vite ». Affligée d'une direction lente qui la rend difficile à garer à la ville et d'un freinage aux distances d'arrêt très longues (100-0 km/h sur 47 m) découlant de l'absence de disques aux roues arrière, cette Kia nous dit clairement de ménager nos transports. Les rafales de vent et le bruit qui les accompagnent auront d'ailleurs tôt fait de vous rappeler à l'ordre.
Si la mécanique et la finition ont bien résisté à l'équivalent d'une année d'utilisation, la carrosserie souffre d'un manque de rigidité qui se traduit par des bruits de caisse occasionnels sur mauvaise route.
L'argument massue de la Kia Sedona demeure son prix raisonnable qui s'accompagne d'une rassurante garantie de 5 ans et 100 000 km. Si l'EX de notre essai à long terme était curieusement dépourvue d'un système antipatinage, elle était dotée en revanche d'un système de climatisation avec des ventilateurs aux places arrière, d'un lecteur CD ainsi que de glaces et de sièges à commande électrique. Seul le toit ouvrant et une sellerie en cuir auraient pu hausser la facture qui dans le cas présent se chiffrait à 29 595 $. Malgré les quelques lacunes que notre essai à long terme a fait ressortir, la Sedona a passé le test le plus difficile, c'est-à-dire celui de la fiabilité. Compte tenu des histoires d'horreur des années précédentes, c'est une victoire pour Kia et la
Sedona constitue très certainement un choix à considérer pour ceux qui sont en quête d'une fourgonnette. Elle n'est pas exempte des vices inhérents à ce genre de véhicule, mais au moins, elle a la décence de s'afficher à un prix qui permet de pardonner plus facilement.