Kia Magentis, glace à la vanille
Vous devez vous procurer une berline par obligation ? L'idée de dépenser un sou de trop pour de la « ferraille » vous rend malade ? Vous avez le portefeuille qui grimace ? Kia prétend avoir la solution : la Magentis. Une berline qui, avec le Sorento, permet aujourd'hui au constructeur sud-coréen de faire taire ceux qui lui reprochaient de ne construire que des véhicules bon marché, image qui lui colle à la peau depuis qu'elle s'est établie en terre d'Amérique.
Offerte en trois versions, 2,4 LX de base avec un 4 cylindres, 2,5 LX plus luxueuse, animée, vous l'aurez deviné, par un moteur 6 cylindres et 2,5 SE, la Magentis a eu droit, cette année, à la visite des stylistes. Ces derniers lui ont dessiné une calandre plus « chic » pour reprendre l'expression de mon fils ainsi que des phares, des ailes avant et un capot tous plus profilés. Sans être une ?uvre d'art sur roues, cette Magentis « renouvelée » fait bien meilleure impression que le modèle de l'année dernière. Serons-nous également impressionnés par la qualité de la fabrication ? C'est à souhaiter puisque dans l'un des deux exemplaires essayés au cours des derniers mois de 2002, certains plastiques menaÇaient de se détacher de la carrosserie alors que la peinture (fait rare de nos jours) faisait des bulles sur le capot.
Vaste et fonctionnel, l'habitacle peut s'habiller d'une sellerie de cuir (esthétiquement plus jolie que la « peluche », pourtant nouvelle, qui habille baquets et banquette des livrées ordinaires). L'accès à bord se fait aisément, la cabine pouvant accueillir sans problème quatre adultes. Un cinquième ? Sur une courte distance seulement ! La position de conduite est relativement confortable grâce à un volant inclinable et à un baquet à réglages multiples, mais les baquets manquent tout de même de soutien.
Le tableau de bord, tatoué d'une affreuse (le mot est bien pesé) applique de similibois, rassemble des indicateurs et jauges (y compris un rappel de la sélection du rapport de transmission) logiquement regroupés dans un bloc d'instrumentation bien à la vue du conducteur. Les principales commandes se révèlent faciles à repérer et à actionner sans quitter la route des yeux. Le climatiseur, de série, se retrouve au centre de la planche de bord, tout juste au-dessous de la chaîne audio qui comporte un lecteur de disques compacts. Avec un grand coffre à gants, une console complètement redessinée cette année, des pochettes dans les portes et derrière les dossiers, le rangement ne manque pas. Le couvercle du coffre s'ouvre sur un espace de chargement modulable (le dossier de la banquette se rabat pour accroître l'espace utile).
Du point A au point B
Avant d'entrer dans le vif du sujet, parlons boulons. La Magentis repose, rappelons-le, sur une plate-forme mécanique similaire à celle de la Sonata. On boulonne alors les mêmes mécaniques. On retrouve donc de série (dans la LX) un moteur 4 cylindres de 2,4 litres de 149 chevaux alors que dans les autres versions, on peut le remplacer par un V6 de 2,5 litres (170 chevaux) ; il serait d'ailleurs retenu par la majorité des acheteurs, selon Kia. Pour accompagner le moteur V6, seule une transmission semi-automatique à 4 rapports (le moteur 4 cylindres s'accompagne d'une boîte automatique traditionnelle) se propose d'entraîner les roues avant, auxquelles Kia a rattaché un dispositif antipatinage mais seulement dans la SE, lire la plus chère. Dommage !
Au premier coup d'accélérateur, ce moteur V6 semble plus en verve qu'il ne l'est en réalité. En effet, il faut compter près de 10 secondes (9,9 pour être précis) pour atteindre les 100 km/h, soit près de 1 seconde de plus que ses plus proches concurrentes. Idem au chapitre des reprises, quoique dans ce domaine, l'écart est moins important. Même si elle se retrouve à la traîne dans ces deux domaines, cette berline sud-coréenne prend sa revanche en sirotant calmement les 65 litres d'essence de son réservoir (moyenne de 11,1 l/100 km).
Comme avec bien des transmissions du genre, on se lasse rapidement de passer manuellement les rapports de la transmission semi-automatique, si bien qu'on finit par stationner de manière définitive le levier en position « D ». Dans un tout autre registre, saluons la présence d'une monte pneumatique de 15 pouces (le modèle animé par un moteur 4 cylindres roule sur du 14 pouces), offrant un confort de roulement fort acceptable. Et quoi encore ? La direction à assistance variable en fonction de la vitesse apparaît bien calibrée.
Cependant, elle est un peu légère et ne transmet pratiquement aucune sensation. Amateur de conduite, prière de s'abstenir ! Il faut dire aussi que les réglages de la suspension (pourtant, elle aussi assez sophistiquée) n'aident en rien pour dynamiser le comportement de cette Magentis puisqu'elle réplique mollement aux imperfections de la route. Ainsi, aussitôt qu'on augmente la cadence, elle se met à sous-virer. En d'autres mots, ne cherchez pas à tutoyer ses limites ! Et son système de freinage, composé de quatre disques (mais pas d'ABS, celui-ci étant à l'usage exclusif de la SE), immobilise la Magentis sur une distance raisonnable, mais s'échauffe rapidement, lui faisant ainsi perdre beaucoup d'efficacité.
Véritable glace à la vanille aux côtés d'autres intermédiaires savoureuses (Honda Accord, Nissan Altima, Mazda 6, Toyota Camry), la Magentis plaira pour son prix à tous ceux ? et je vous devine nombreux ? qui se désintéressent de la chose automobile. Elle attire l'attention avec une liste impressionnante d'accessoires, une garantie alléchante (5 ans) et un prix très avantageux. Ces trois raisons suffiront à inciter certains d'entre vous à lui faire une place dans votre entrée de garage ? Très bien, mais vous ne la retrouverez assurément pas dans la mienne?