Infiniti QX4, le prix du maquillage
Depuis plusieurs mois maintenant, la division Infiniti nous a offert d'agréables surprises avec une Q45 entièrement revigorée, une spectaculaire G35 et des prototypes à faire saliver les plus blasés. Jadis embourbée dans les tréfonds de la catégorie des véhicules du luxe, cette division de Nissan tente de remonter la pente avec des modèles très spectaculaires. L'avenir semble prometteur et les nouveautés sont en demande. Par contre, il faudra encore passer au travers d'une période de transition puisque certains vestiges du passé sont toujours dans les salles de montre.
Le QX4 fait partie de ces modèles de transition. Il faut se souvenir qu'à une certaine époque, personne ne croyait vraiment à l'avenir des VUS de luxe. N'eussent été des succès du Grand Cherokee Limited et de son prix astronomique pour l'époque, aucun cadre chez ce constructeur ne se serait agité pour lui offrir un modèle concurrent. Jeep engrangeant les succès avec son Limited, toutes les marques de luxe ont embarqué dans le bateau et Infiniti a été obligée de suivre la parade.
Malgré des ressources limitées à cette époque, il fallait développer un modèle rapidement. Puisque le Pathfinder était le véhicule Nissan le plus vendu au pays, c'était la plate-forme idéale pour en développer une version plus luxueuse. Quelques modifications à la calandre, un habitacle plus cossu et un tableau de bord exclusif associé à la transmission intégrale de la berline Skyline et le tour était joué. Une finition supérieure à la moyenne, un équipement plus complet et le prestige de la marque venaient justifier le prix plus élevé.
C'était la bonne recette en 1996 lors de l'arrivée du QX4 sur le marché. Les clients ont été lents à se laisser convaincre de ses qualités, mais ceux qui ont tenté l'aventure ont bien apprécié le caractère douillet de l'habitacle, une insonorisation supérieure à la moyenne et un service hors pair. Malheureusement pour Infiniti, l'arrivée du Lexus RX 300 et du Mercedes ML320 est venue marginaliser le QX4 davantage. Incapable de répondre à ses concurrents par un modèle tout beau, tout neuf, cette division a été obligée de se contenter de mesures de compensation qui n'ont malheureusement pas renversé la vapeur. Au contraire, les améliorations apportées au Nissan Pathfinder, notamment la transmission intégrale, ont jeté de l'ombre sur la petite cousine de luxe qui a perdu une certaine exclusivité dans l'opération. Il est devenu encore plus difficile de répondre à la question : « Pourquoi payer plus cher ? »
Le poids des ans !
Malgré les modifications apportées à la carrosserie au fil des ans, les effets de l'âge se font sentir. Même le moins initié des observateurs réalise que la silhouette est d'une autre époque en comparaison des Acura MDX, Lexus RX 300, GMC Envoy, Lincoln Aviator et même Volkswagen Touareg. Les esquisses affichées sur les murs des centres de design de Nissan sont très accrocheuses. Mais en attendant, il faut faire avec un style du début des années 90. Pire encore, la capacité de chargement du compartiment à bagages n'est pas plus généreuse qu'il le faut, toujours en comparaison avec la concurrence. Elle doit en moyenne concéder 100 litres d'espace de chargement à plusieurs autres modèles de la catégorie.
Le style du tableau de bord est également un clin d'?il à la dernière décennie. L'immense module des instruments et des commandes occupe plus de la moitié de la planche de bord. La finition est impeccable, mais à force d'ajouter, au fil des années, un bouton par-ci, un commutateur par-là, l'ergonomie en prend pour son rhume. Par exemple, la télécommande des rétroviseurs extérieurs est obstruée par le volant tandis que les commandes de la climatisation et de la radio pourraient être simplifiées. Soulignons au passage l'élégant volant dont le boudin en bois exotique donne du cachet à l'habitacle. Tout comme les appliques en bois d'érable moucheté, un ligneux très rare.
Heureusement que la qualité des matériaux et de la finition est à la hauteur du prix demandé. Il faut également ajouter que les sièges avant sont confortables à défaut d'offrir un bon support latéral. C'est malheureusement une tout autre histoire à l'arrière. Non seulement il est difficile d'accéder à la banquette en raison d'une portière étroite et de l'intrusion du puits de roue, mais l'assise du siège est trop basse pour assurer un confort acceptable. Heureusement, les stylistes ont conservé la montre analogique cerclée or qui fait partie intégrante de tout véhicule Infiniti. Ça, c'est de la « classe » !
Bonne et mauvaise nouvelle
La bonne nouvelle lorsqu'on pilote un QX4 est le silence de roulement dans l'habitacle et la vivacité du moteur V6 3,5 litres de 240 chevaux. Il est vrai que plusieurs modèles concurrents développent 10 à 20 chevaux de plus, mais ce V6 offre un bon rendement et une consommation de carburant raisonnable compte tenu de la catégorie. Il est de plus d'une fiabilité à toute épreuve tandis que la boîte automatique à 4 rapports accomplit du bon boulot. Le différentiel arrière à glissement limité est avantageux lorsque les conditions d'adhérence sont difficiles. En conduite hors route, ce modèle se débrouille pas mal, même si je doute que plusieurs propriétaires s'en servent souvent pour aller s'amuser à s'embourber dans le sable et la boue.
La mauvaise nouvelle, c'est que le comportement routier est handicapé par une conception qui date de plusieurs années. Une fois le véhicule chargé de quatre occupants et de leurs bagages, la suspension semble prise au dépourvu et le confort en souffre beaucoup. Le comportement routier n'est pas très inspirant avec un sous-virage et un roulis de caisse prononcés. Heureusement, le freinage est adéquat.
Réussissant de moins en moins à dissimuler son âge, le QX4 se fait malmener par des concurrents plus modernes souvent moins chers. Alors ?