Infiniti G35, la BMW 330 terrassée
Considérée depuis longtemps comme la championne des berlines sport, la BMW 330i a eu sa large part d'imitateurs au fil des années. Jusqu'ici toutefois, personne n'était parvenu à la déloger de la plus haute marche du podium. Que ce soit Audi, Mercedes, Acura, Lexus ou Jaguar, aucun constructeur n'avait réussi à lui ravir son titre tant convoité de meilleure berline à vocation sportive. Il aura fallu que Nissan, par l'entremise de sa filiale Infiniti, se mette au travail pour que la BMW 330i trouve finalement chaussure à son pied. La nouvelle G35 s'est même permis le luxe de l'humilier sur son terrain de prédilection, un circuit routier.
Notre match comparatif vous en dira plus long à ce sujet, mais la performance tous azimuts n'est pas l'unique vertu de cette Infiniti. Dérivée de l'excellente Nissan Skyline GT-R (non vendue en Amérique) et partageant le même châssis que le superbe coupé sport 350Z, la G35 est une voiture bien née. C'est d'abord une propulsion, un atout indéniable pour venir jouer dans le parc des berlines sport. Elle s'enrichit également d'un des meilleurs moteurs au monde, un fabuleux V6 à double arbre à cames en tête de 3,5 litres développant 260 chevaux, 35 de plus que la BMW 330. Ce moteur repose pratiquement en retrait de l'essieu avant afin d'améliorer l'équilibre des masses. Dommage que l'on ne puisse l'admirer qu'en maintenant le capot ouvert au moyen d'une béquille bon marché peu commode. La seule véritable ombre au tableau toutefois est que cette belle cavalerie n'était offerte qu'avec la transmission automatique à 5 rapports au moment de mon essai. Fort heureusement, une boîte manuelle à 6 rapports identique à celle du récent coupé G35 est au programme pour le début de 2003. Des freins à disque ventilé aux quatre coins, une suspension multibras en aluminium à quatre roues indépendantes et une direction à crémaillère complètent une fiche technique bien relevée.
Cette belle mécanique est mise en valeur par une carrosserie affichant une cote aérodynamique exceptionnelle avec un Cx de seulement 0,26. Si l'on y ajoute l'aileron arrière qui accompagne l'option Aero, Infiniti nous assure que l'effet de cabrage est ramené à 0° sur le train avant. Avec un empattement supérieur de 15 cm à celui des BMW de Série 3, la G35 échappe à la critique majeure adressée à ses rivales allemandes voulant que les places arrière soient vraiment exiguës. Et comme si tout cela n'était pas suffisant pour distancer la 330i, Infiniti propose sa nouvelle venue à un prix inférieur de 10 000 $ à celui de sa cousine germanique.
Un mauvais départ
Tout cela avait pourtant bien mal commencé. La G35 est en effet affublée d'une ergonomie désastreuse que l'on croirait imaginée par des ingénieurs de chez Saab tellement les commandes usuelles se réfugient dans des endroits contraires à la pratique courante. En prenant livraison de la voiture, j'ai sacré un bon bout de temps avant de trouver les boutons de réglage électrique des sièges du côté droit près de la console centrale. Comme on est pratiquement assis sur lesdits boutons, les conducteurs corpulents auront un mal de chien à régler leur siège, aussi confortable soit-il. Ensuite, c'est au tour du bouton de réglage des rétroviseurs extérieurs de se laisser chercher derrière le volant.
Parmi les autres petites contrariétés de l'aménagement intérieur, on peut mentionner la position saugrenue du repose-pied. À moins d'avoir les jambes d'un joueur de basket, il est impossible d'y poser son pied gauche en occupant une position de conduite normale. Et cette affreuse chose qui pendouille sous le tableau de bord, c'est le frein d'urgence qui devrait normalement se trouver sur la console comme dans toute berline sport qui se respecte. Sur une note plus positive, on ne peut passer sous silence la présence d'un volant qui se règle en hauteur en même temps que le bloc des instruments et d'une série d'aérateurs orientables en forme de barillet. La climatisation par ailleurs peut être réglée à des degrés différents côté conducteur et passager et un petit écran servant au système de navigation par satellite sort de la console au simple toucher d'un bouton. Et que dire de la banquette arrière à dossier inclinable !
Une arrivée triomphale
Ce n'est toutefois qu'en prenant le volant de la G35 que l'on découvre son vrai caractère. Au départ, la transmission automatique marque un léger temps de réponse, mais la fougue du moteur permet de vite rattraper la demi-seconde perdue. Avec ou sans antipatinage, cette Infiniti ne fait jamais de surplace et coiffe le 0-100 km/h en 7,1 secondes tout en disposant d'un couple moteur qui s'acquitte des reprises de faÇon spectaculaire.
Ce n'est pas tant le moteur de la G35 qui impressionne mais son impeccable châssis qui élimine totalement la sensation bien particulière que l'on éprouve au volant d'une voiture japonaise. Enlevez les emblèmes Infiniti et n'importe quel conducteur se croira au volant d'une voiture allemande, solide, silencieuse et rivée à la route. Même la direction a perdu sa légèreté habituelle et seul le freinage semble un peu en retrait.
Essayée dans sa version Aero avec une suspension sport et des pneus de 17 pouces, la G35 ne s'est pas montrée réfractaire à nos revêtements délabrés et le confort est resté très acceptable. Il est sans doute partiellement imputable aux Goodyear RSA qui sont particulièrement efficaces sous la pluie, tout comme d'ailleurs les gicleurs de lave-glace que l'on a eu la brillante idée de monter sur les balais. En dépit d'une monte pneumatique conservatrice axée sur la douceur, la voiture affiche une tenue de route plus tenace et surtout moins pointue que celle d'une BMW 330i.
En conclusion, les mêmes ingénieurs méritent une accolade pour avoir réussi à accomplir avec la G35 ce qu'aucun n'avait réussi à ce jour, c'est-à-dire faire plier l'échine à la prestigieuse BMW 330i.