Honda Pilot, esprit de famille
Assez, c'est assez ! Honda a fini d'être un observateur dans la catégorie des véhicules utilitaires sport intermédiaires, l'une des plus lucratives sur le marché. Après avoir boudé ce créneau pendant que les autres engrangeaient les profits, ce constructeur va pouvoir bénéficier d'une demande toujours très forte grâce à l'arrivée du nouveau Pilot.
Cette décision est d'autant plus logique que les éléments de base existaient déjà puisque l'Acura MDX, considéré comme la référence de la catégorie, sert d'élément de départ. La mécanique étant partagée entre les deux véhicules, restait aux stylistes et aux ingénieurs à harmoniser le tout.
Les stylistes maison n'apprécient pas tellement les carrosseries flamboyantes et les artifices visuels exagérés. Ce qui explique la présentation extérieure sobre, très sobre même. Il suffit de croiser un Pilot sur l'autoroute pour croire qu'il s'agit d'un CR-V souffrant d'un problème glandulaire. Une analyse plus en détail permet de les différencier l'un de l'autre, la silhouette du Pilot étant plus anonyme. Peu de gens vont s'enflammer pour son look, mais cette discrétion devrait être appréciée au fil des ans.
La même remarque s'applique à la présentation de l'habitacle qui est d'une austérité quasiment germanique avec un tableau de bord dépouillé ayant pour seule interruption un centre de commandes de la climatisation et de la radio. Ici encore, pas de fla-fla. Heureusement, il y a les buses de ventilation avec leurs rangées d'ailettes horizontales, les gros boutons de commande en position centrale et le moyeu du volant bordé de plastique de couleur titane pour ajouter un peu d'éclat à une présentation somme toute assez monotone.
En réponse aux demandes du public, trois rangées de sièges permettent d'accueillir sept ou huit personnes, selon le cas. La 3e rangée est naturellement réservée à des enfants. Pour sa part, la banquette centrale est confortable avec une assise assez haute. Des porte-verres dans les portières et sur l'appuie-bras permettront aux assoiffés de se désaltérer comme bon leur semble. Le confort des sièges avant est dans la norme bien que le support latéral soit moyen. Et le passager avant devra cohabiter avec une planche de bord dont la partie inférieure se prolonge jusqu'au plancher, ce qui enlève de l'espace pour les jambes.
À part ces quelques irritants, l'habitacle est pratique, confortable et très bien fini, comme c'est la coutume chez ce constructeur. Et le Pilot est l'un des seuls véhicules capables de transporter l'incontournable feuille de contreplaqué 4X8 à plat dans la soute à bagages, une fois les deux rangées de bancs repliées, bien entendu.
Esprit de famille
Le moteur V6 3,5 litres est identique à celui du MDX et produit lui aussi 240 chevaux tout en étant couplé à la même boîte automatique à 5 rapports. Pour respecter la hiérarchie des marques, le moteur du MDX produit 20 chevaux de plus en 2003.À quelques détails près, on retrouve également la même suspension indépendante à l'avant comme à l'arrière et le rouage intégral VTM-4 à gestion variable du couple. Ce dernier système fait appel à un embrayage multidisque à régulation électromagnétique. Il est géré par un ordinateur qui donne les « commandements » pour activer une répartition optimale du couple. Il est ainsi possible de répartir 52 % du couple aux roues arrière. De plus, lorsque la route est très glissante, on peut verrouiller l'essieu arrière au moyen d'un bouton monté sur le tableau de bord. Cette fonction peut être enclenchée à moins de 30 km/h en 1re et 2e vitesse et en marche arrière. Tests à l'appui, je puis témoigner de l'efficacité de ce système qui convient bien aux besoins de l'utilisateur moyen.
La fiche technique se complète par des freins ABS avec disque aux quatre roues et une direction à crémaillère à assistance variable. Soulignons en terminant qu'il s'agit d'un châssis monocoque avec des renforts transversaux intégrés pour assurer plus de rigidité.
Surdouée ?
Sur la route, le confort de la suspension et la tenue de route impressionnent. Ce n'est pas comparable à une berline, mais c'est supérieur aux Chevrolet TrailBlazer et Ford Explorer à châssis autonome. L'habitacle est bien insonorisé, les bruits de roulement bien filtrés. Seuls ceux du vent sont vraiment audibles. Les pneus 16 pouces de type 4 saisons ont une semelle davantage conÇue pour la route que pour les bourbiers et se sont révélés un compromis acceptable. Leur profil de 70 leur permet d'augmenter le niveau de confort. Par comparaison, les pneus de 17 pouces à profil de 65 du MDX absorbent moins biens les trous et les bosses.
Les 240 chevaux du V6 3,5 litres ne sont pas superflus puisque le Pilot pèse 2007 kg. Il peut quand même boucler le 0-100 km/h en 9,2 secondes et remorquer une charge maximale de 2041 kg. La boîte automatique figure également dans la tradition de la marque en effectuant les passages des rapports en douceur et en ne chassant pas inutilement dans les côtes. Par contre, la course du levier de vitesses monté sur la colonne est erratique et il n'y a pas de cran de résistance entre les positions « D » et « 3 ».
Il faut toutefois prendre note que malgré un comportement routier proche de celui d'une voiture, la garde au sol est de 20,3 cm. Ce centre de gravité plus élevé entre toujours en ligne de compte dans l'équation agrément de conduite/tenue de route en la réduisant d'autant.
Même si sa vocation première n'est pas d'être un baroudeur du désert, le Pilot se débrouille fort bien en conduite hors route. Son système de répartition de couple assure une bonne traction dans la boue tandis que sa garde au sol est assez haute pour franchir des obstacles moyens.
Tout vient à point à qui sait attendre et l'arrivée du Pilot en comblera plusieurs, malgré un stylisme conservateur et un prix élevé.