Honda Odyssey, presque grande routière
La compagnie Honda a quelquefois mis du temps à s'intéresser à une certaine catégorie de véhicules, mais elle se démarque toujours une fois qu'elle y est impliquée. C'est du moins le scénario de l'Odyssey qui est devenue l'une des références chez les fourgonnettes après des débuts hésitants. Comme le démontrent les résultats du match comparatif publié dans la première partie de ce guide, une brillante conception et une exécution pratiquement sans faille compensent pour une arrivée tardive sur le marché. La première Odyssey se voulait différente, mais le public n'a pas embarqué. La seconde mouture, apparue en 1998, a visé dans le mille.
Fidèle à sa politique de progression logique de ses modèles, Honda a apporté quelques modifications à sa fourgonnette l'an dernier, après trois années sur le marché. Ce qui semble être une règle quasiment incontournable chez ce constructeur, en attendant une révision plus en profondeur d'ici deux ans.
Parmi les « améliorations », la plus impressionnante est le gain de puissance du moteur. Ce V6 3,5 litres se tirait passablement bien d'affaires avec 210 chevaux. Mais l'addition de 30 autres chevaux a non seulement permis de réduire les temps d'accélération, mais de diminuer également le niveau sonore de ce V6 VTEC dont le jeu des soupapes était un peu trop tonitruant. Et tant qu'à améliorer le groupe propulseur, l'ajout d'un 5e rapport à la boîte de vitesses automatique a permis de mieux utiliser cette puissance du moteur et de raffiner ses prestations. Toujours logiques avec eux-mêmes, les ingénieurs de Honda ont ajouté de série des freins à disque à l'arrière afin d'améliorer la qualité du freinage. Enfin, la suspension plutôt rétive a été calibrée différemment afin d'assurer un meilleur confort sur mauvaise route.
Sobriété de mise
Les stylistes ont résisté à l'envie d'y aller de quelques coups d'éclat au chapitre de la carrosserie. En fait, il faut y regarder deux fois afin de distinguer une Odyssey 2001 des cuvées 2002 et 2003, visuellement semblables. Par contre, les quelques petites retouches apportées aux phares avant et aux feux arrière ne sont pas de trop, permettant à cette Honda de soutenir la comparaison avec toutes les autres de sa catégorie. Il faut toutefois ajouter qu'un peu plus d'audace n'aurait pas fait de tort. Mais, au fil des années, le classicisme du style maison a fait ses preuves.
Pas surprenant alors que l'habitacle soit relativement sobre au chapitre de la présentation. Les couleurs sont discrètes, l'habitacle d'une belle exécution et la finition impeccable. Nous sommes loin du tableau de bord d'une Pontiac Montana avec ses boutons de couleur contrastante et son tableau de bord tape-à-l'?il. À défaut d'originalité, la planche de bord de l'Odyssey est pratique : la plupart des commandes se trouvent à la portée de la main. De gros boutons permettent de commander la chaîne audio et le climatiseur. Par contre, notre véhicule d'essai était équipé d'un lecteur DVD avec écran à affichage par cristaux liquides et il a fallu quelques minutes pour en décoder les contrôles, intégrés aux autres commandes audio. En revanche, ce lecteur fait des merveilles pour intéresser les jeunes et même les moins jeunes lors d'un long trajet.
Les sièges avant sont moyennement confortables et leur support latéral est à repenser. Les fauteuils de la rangée médiane peuvent être déplacés latéralement pour créer deux sièges ou une banquette. Là encore, le confort est couci-couÇa puisque le coussin est trop plat. La 3e rangée de sièges peut accueillir deux ados sans problème, mais sa caractéristique la plus spectaculaire est le fait qu'elle s'escamote en un rien de temps dans le plancher. Malheureusement, ce siège est lourd. Il faut une certaine force pour l'extirper de son nid et il se referme très rapidement par gravité. Attention à vos doigts !
Enfin, les portières électriques se sont avérées d'une extrême lenteur. À défaut d'avoir un bouton d'activation le long du pilier B, les ingénieurs de Honda ont placé un commutateur dans le levier intérieur d'ouverture. Une légère pression et la portière se referme très, très, très lentement.
Du sérieux
Rares sont les personnes qui se procurent une fourgonnette en raison de son agrément de conduite. Pourtant, le comportement routier et les prestations du moteur sont autant de raisons qui viennent s'ajouter au caractère pratique de cette Honda. Curieusement, ce n'est pas la puissance de son moteur ou encore la suspension arrière indépendante qui la démarquent davantage, ce sont surtout la précision de la direction et sa stabilité en ligne droite. De plus, dans les virages, elle tient bien le cap et les corrections du volant ne sont généralement pas nécessaires.
Le moteur de 240 chevaux n'est pas un atout à négliger. Toutefois, ses prestations à bas régime sont assez modestes. Il suffit par contre de dépasser la barre des 3 000 tr/min pour que la vélocité augmente de faÇon assez spectaculaire. Assez pour boucler le 0-100 km/h en moins de 9 secondes. La consommation pour sa part demeure toujours assez raisonnable à 12,7 litres au 100 km.
Parcourir des routes sinueuses n'est pas une corvée au volant de cette fourgonnette. Toutefois, le niveau sonore de l'habitacle est plus élevé que la moyenne, surtout lorsque la 3e banquette est déployée. Et, chose curieuse pour un produit Honda, notre modèle d'essai était affligé de quelques bruits de caisse, même si l'odomètre affichait moins de 9 000 km. Espérons qu'il s'agit d'une rare exception.
Malgré ces quelques réserves, cette Odyssey justifie son prix élevé par un équipement très complet tout en offrant un certain agrémeent de conduite et beaucoup de polyvalence. Il n'est pas surprenant qu'elle soit en forte demande, même si le prix de son modèle le plus économique est supérieur à celui de plusieurs concurrents directs.