Honda CR-V, au lieu d'une familiale
Profondément remanié l'an dernier, le Honda CR-V reprend une place honorable parmi les utilitaires compacts. Les changements ont principalement porté sur la motorisation, le comportement routier, l'habitabilité et le design de l'intérieur. Le but était d'offrir au CR-V, dans la mesure du possible, les qualités dynamiques d'une voiture pour mieux plaire à un public qui commence à déchanter à l'égard des gros utilitaires gourmands au comportement douteux.
Honda s'est d'abord penchée sur le groupe motopropulseur, un 4 cylindres de 2,4 litres, affichant une puissance honorable (160 ch) et, surtout, un couple bien dosé (162 lb-pi) qui culmine à un régime relativement bas pour un moteur multisoupape. Ces résultats, qui proviennent essentiellement du système de distribution variable i-VTEC, autorisent des reprises satisfaisantes (80 à 120 km/h en 9 secondes en 4e), alors qu'elles étaient tout simplement minables dans la version précédente. La sécurité active (lors des dépassements) et l'agrément de conduite s'en trouvent améliorés, sans pénaliser la consommation. Il serait certes possible de loger un V6 plus puissant sous le capot du CR-V (comme dans le Hyundai Santa Fe), mais ce serait au prix d'une plus forte consommation. D'ailleurs, le nouveau et plus imposant Honda Pilot répondra sans doute aux désirs des amateurs de plus grosse mécanique.
Notons aussi que Honda a opté pour un système de transmission qui privilégie la traction dans les conditions normales, le système à 4 roues motrices n'intervenant que lorsque la chaussée est glissante. Le résultat est satisfaisant, car ce système à pompe hydraulique qui ne nécessite aucune intervention de la part du conducteur intervient instantanément lors d'un démarrage à pleins gaz sur surface enneigée, par exemple. Pour ceux qui se posent la question, sachez que la mise hors service de l'essieu arrière permet de réduire la consommation d'essence, car on économise l'énergie nécessaire à l'entraînement des roues arrière. Certes, un tel système de transmission intégrale partiel ne présente pas la même efficacité qu'un système permanent (comme celui de Audi ou de Subaru), ni les capacités tout-terrains d'un vrai système 4X4 avec boîte de transfert. Mais pour la très grande majorité des automobilistes, le système Honda est amplement suffisant et assure une sécurité active très convenable, sans nécessiter le recours à un coûteux antipatinage électronique. Notons aussi que la garde au sol du CR-V convient parfaitement aux chemins non asphaltés et à la plupart des sentiers hors route.
Presque amusant
Sur route, le CR-V offre donc un certain agrément de conduite. À la limite, on pourrait même dire qu'il est amusant à conduire. Sur autoroute, la tenue de cap ne présente pas de problème, mais la caisse s'incline encore en virage serré. Précisons que l'abaissement du centre de gravité par rapport au modèle précédent a permis d'améliorer la sensation de stabilité. Le freinage est confié à quatre freins à disque doublés de l'ABS, même dans la version de base. Un bon point donc à Honda en matière de freinage et un exemple que d'autres constructeurs devraient s'efforcer de suivre.
Maniable et confortable à la fois, le CR-V se conduit bien en ville et offre une excellente visibilité vers l'avant et sur les côtés. Vers l'arrière, par contre, les choses se gâtent sérieusement. La largeur des montants arrière, la présence des trois appuie-tête et les faibles dimensions de la lunette transforment les man?uvres de stationnement et de marche arrière en véritable cauchemar. De plus, la faible visibilité arrière nuit à la sécurité sur route, surtout de nuit.
Moderne et même original
L'habitacle vieillot du modèle antérieur a cédé la place à un aménagement nettement plus moderne. Commandes lisibles, molettes de chauffage/climatisation bien dimensionnées et agréables à actionner, vide-poches et casiers de rangement abondants, radio (avec CD) placée bien haut et bien en vue et portant des boutons bien dimensionnés. Seul bémol, la radio est trop enfoncée dans le tableau de bord et nécessite qu'on tende le bras pour la rejoindre. Touches originales : le montant gauche de la console centrale sert de levier pour le frein de stationnement et le sélecteur de boîte automatique sort du tableau de bord, à droite du volant. Pratique et bien pensé !
Le conducteur et le passager avant bénéficient d'un siège confortable et d'un généreux dégagement en hauteur, mais nous aurions apprécié un peu plus d'espace pour les pieds du passager avant. À l'arrière, l'accès à la banquette ne présente pas de problème grâce à la bonne largeur des portes. Trois occupants peuvent y prendre place et le dégagement aux jambes est remarquable. Il est d'ailleurs possible d'agrandir le coffre en avanÇant la banquette qui coulisse sur des rails. La banquette se rabat aussi et culbute pour dégager complètement le plancher. Côté coffre, le seuil descend jusqu'au ras du plancher et la porte comporte une lunette qui s'ouvre vers le haut. En prime, le plancher amovible du coffre se transforme en table de pique-nique. En somme, un aménagement pratique, spacieux et facile à moduler. Dommage que la porte arrière, qui s'ouvre encore de gauche à droite, gêne l'accès lorsque vous êtes garé le long d'un trottoir. La version EX reÇoit des rétroviseurs chauffants, des coussins de sécurité latéraux, un CD à six disques et des roues en alliage. Pour le toit ouvrant et les sièges en cuir chauffants, il faut passer à la version EX Cuir.
La nouvelle génération du Honda CR-V a su gommer la plupart des lacunes de l'ancien modèle. Il s'agit d'un utilitaire compact, spacieux, confortable, polyvalent, fiable et doté de performances améliorées. De quoi plaire aux friands de ce type de véhicule? familial.