Honda Accord, une septième vie
Si la petite Civic a été la première voiture de grande diffusion signée Honda, c'est l'Accord qui a permis au constructeur nippon, dès 1976, de prendre sa place parmi les constructeurs sérieux. Le succès de l'entreprise et de ses concessionnaires repose donc en bonne partie sur celui de sa berline intermédiaire. Sa réussite est obligatoire pour l'avenir de Honda. Un lourd pari que la nouvelle Accord devrait remporter si l'on se fie aux premières impressions notées lors du dévoilement en avant-première de la berline et du coupé Accord 2003.
Populaire et fiable à souhait, l'Accord meuble depuis 25 ans le paysage automobile nord-américain. Avec le temps, cette compacte a évolué, prenant centimètres et kilos, pour se placer en tête du créneau des intermédiaires, face à son éternelle rivale, la Toyota Camry. Le succès est donc acquis et c'est précisément là que se pose le grand défi. Comment améliorer la recette sans nuire au succès ? Tel fut donc le mandat confié à Charlie Baker, chef du projet Accord, cet Américain passionné de moto et de belle mécanique.
Le guépard à l'attaque
Le guépard ? Oui, car selon les responsables de la nouvelle Accord, c'est le félin qui a servi d'inspiration pour cette 7e génération de la populaire berline japonaise. Museau effilé, corps élancé et flancs musclés, telle est l'image que Honda souhaite éveiller dans l'esprit du public. Mission essentiellement réussie sur le plan du design, grâce au dessin de l'avant qui ressemble à celui du roadster S2000, avec ses « yeux » tendus et son « nez » en pointe, le tout agrémenté par un capot plongeant ultralisse et des ailes musclées où se mêlent judicieusement formes concaves et convexes. De profil, on remarque l'importance de l'habitacle qui se termine par la lunette enveloppante surmontant le coffre court. À peine plus longue que le modèle antérieur, la nouvelle berline Accord repose sur un empattement légèrement plus important (2,5 cm) et affiche un porte-à-faux plus court à l'arrière, améliorant ainsi le dessin de la carrosserie. Seule fausse note à ce design autrement réussi : l'arrière. Générique à souhait, la forme du coffre, des feux et du pare-chocs arrière rappelle la berline Saturn.
Quant au coupé, tout aussi nouveau, il évoque aussi par sa partie avant la belle S2000. Le profil en coin lui procure une ligne dynamique et l'arrière, bien plus réussi que celui de la berline, ressemble à s'y méprendre à celui des Mercedes. Ce n'est pas laid, mais on dirait que les stylistes Honda manquent singulièrement d'imagination lorsqu'ils arrivent aux roues arrière !
Malgré ces « bémols postérieurs », le style des nouvelles Accord reflète un souci de modernisme et de distinction et parvient à s'éloigner de la ligne peu inspirante du modèle antérieur. Avant de terminer cet aperÇu stylistique, précisons que ces nouvelles carrosseries se traduisent par une amélioration du coefficient de traînée aérodynamique (de 0,33 à 0,30 pour la berline et de 0,32 à 0,29 pour le coupé), d'où une diminution des bruits de vent et de la consommation. Le profilage soigné ? jusqu'à la forme des rétroviseurs ? se conjugue à une insonorisation à l'uréthane pour procurer à l'Accord un incroyable silence de fonctionnement.
Des sièges étudiés. Enfin !
L'augmentation de l'empattement permet d'améliorer le dégagement aux jambes à l'arrière, tandis que le volume du coffre reste le même à 399 litres. L'accès à bord de la berline ne présente pas de difficulté et la bonne position de conduite est facile à trouver grâce au siège réglable en hauteur et au volant télescopique et réglable en hauteur, et ce, dans toutes les versions ! Autre particularité digne de mention : la forme des sièges. Sensible à l'importance de la position de conduite sur la sécurité et le confort, Charlie Baker précise que Honda a entrepris une grande étude à ce sujet, étude qui s'est soldée par un repositionnement de votre auguste postérieur sur l'assise. Quand on voit le nombre de bonnes voitures affublées de mauvais sièges, on ne peut qu'applaudir l'initiative de Honda. D'ailleurs, les quelques centaines de kilomètres parcourus à bord de la berline et du coupé nous permettent de confirmer que l'effort en a valu la peine.
Moderne et plus aéré, l'habitacle conserve néanmoins l'aménagement typique des Honda, c'est-à-dire un tableau de bord dominé par un bloc central proéminent. Plus élégant et plus fonctionnel qu'auparavant, le tableau de bord se distingue aussi par son ergonomie et ses commandes intuitives. Constructeurs allemands, veuillez prendre note.
Une première dans cette catégorie de voitures : l'instrumentation à diodes électroluminescentes (DEL) à éclairage progressif. Notons aussi la présence de la climatisation de série dans tous les modèles et de la climatisation automatique bizone dans les versions EX-L Cuir et EX V6. En outre, le regroupement des commandes audio et de climatisation a permis d'aménager un gros casier de rangement dans la console centrale. Tous les modèles reÇoivent le régulateur de vitesse avec commandes intégrées au volant, le télédéverrouillage avec fonction d'ouverture des glaces et le lecteur CD dans l'une des trois chaînes audio de qualité croissante qui peuvent agrémenter l'habitacle. En matière de sécurité passive, Honda équipe toutes les Accord, sauf la DX, de coussins de sécurité frontaux et latéraux aux places avant.
Un 4 cylindres trompeur !
Nous étions trois chroniqueurs à bord de la berline au départ de l'hôtel californien niché sur le bord de la mer. Une petite demi-heure plus tard, nous roulions dans les montagnes qui entourent Los Angeles. Persuadés que nous étions à bord d'une Accord à moteur V6, quelle n'a pas été notre surprise de constater, en levant le capot, qu'il s'agissait plutôt d'un 4 cylindres ! C'est vous dire la souplesse et la verve de ce nouveau moteur de 2,4 litres signé Honda.
Deux arbres à cames en tête, 2 arbres d'équilibrage, 16 soupapes et le système de distribution i-VTEC permettent au moteur tout en aluminium de développer 160 chevaux et un couple de 161 lb-pi à 4 500 tr/min, un régime raisonnable, tout en consommant moins de 10 litres aux 100 km. Plus puissant, plus souple, plus économique et plus propre, tel est le palmarès de ce moteur qui confirme l'enviable réputation de motoriste de Honda. Allié à une nouvelle boîte manuelle à 5 vitesses ou à la nouvelle boîte automatique à 5 rapports, le 4 cylindres procure à la berline un très bel équilibre.
Certes, Honda propose toujours un V6, un nouveau moteur plus léger et plus court qui affiche 40 chevaux de plus que le 3 litres de la version antérieure. Ses 240 chevaux qui s'alimentent encore à l'essence ordinaire consomment pratiquement la même quantité d'essence que les 200 chevaux du 3 litres antérieur, tout en étant plus propres. Sur route, le V6 procure à la berline et au coupé des performances supérieures. Cependant, le surplus de poids à l'avant et l'effort considérable que l'on demande aux roues avant chargées de transmettre ces 240 chevaux nuisent à l'équilibre général de la voiture et rappellent, une fois de plus, que la traction convient mieux aux petites cylindrées.
C'est ainsi que le nouveau 4 cylindres et ses 160 chevaux sauront satisfaire la plupart des automobilistes, à l'exception possible des fervents du 0 à 100 km/h. Associé à la nouvelle boîte automatique à 5 rapports, le 4 cylindres est le moteur de choix.
Quant au coupé, il sera aussi livrable avec le 4 cylindres de 2,4 litres et le V6 de 3 litres avec boîte automatique ou ? grande nouvelle ? avec boîte manuelle à 6 vitesses, Honda corrigeant ainsi une lacune du précédent coupé.
Un constat favorable
Sur le plan dynamique, l'Accord est montée sur des suspensions entièrement indépendantes à double triangulation. Les raffinements apportés aux suspensions permettent de réduire les mouvements de caisse en accélération et au freinage ainsi que le roulis en virage. Quoique précise, la direction à crémaillère est un peu légère, du moins à notre goût, et le volant au dessin vieillot détonne par rapport au modernisme du tableau de bord.
Refusant le compromis boiteux des freins arrière à tambour, sauf pour la DX, Honda adopte les quatre freins à disque sur la gamme Accord, ainsi que l'ABS qui équipe de série tous les modèles. Quant à l'antipatinage, seules les versions V6 peuvent en être équipées.
Convaincue que ses nouvelles Accord tranchent avec les précédentes, Honda n'a pas hésité, lors de l'avant-première, de mettre à notre disposition l'Accord 2002, question pour nous de mieux constater les différences. Exercice réussi, car les écarts sont bien présents, tant sur les plans visuel, mécanique que dynamique. Notre prévision : l'Accord de 7e génération permettra à Honda de consolider sa position sur le marché. Plus distinctive, plus habitable, plus performante, plus économique, plus propre et dotée d'un meilleur comportement routier, l'Accord est aussi bien plus agréable à conduire. Face à une concurrence de plus en plus étoffée, Honda demeure le chef de file de la catégorie.