Ford Focus, bien née
« Aux âmes bien nées? », vous connaissez sans doute le reste. Oui, la Ford Focus est bien née. Design original, même s'il ne plaît pas à tous, gamme variée, châssis bien étudié. La voiture mondiale de Ford a réussi, depuis son lancement en 1998, à faire oublier un peu l'Escort qui, malgré une fin de règne paisible, a connu des années de tourmente. Et quel meilleur moyen de faire la démonstration des qualités intrinsèques d'une voiture que d'en produire une version haute performance qui réussisse à épater la galerie? et à laisser les rivales loin derrière ! C'est précisément le rôle qui revient à la Focus SVT dont l'essai complet figure dans le match comparatif « sport jeunesse » que vous trouverez dans nos pages.
L'importance que les constructeurs nord-américains ont accordée aux camions leur a nui auprès des jeunes ; ce marché a été envahi par les sous-compactes japonaises, européennes et coréennes. Première compagnie américaine à réagir sérieusement à cette invasion, Ford a confié à la descendante de l'Escort le soin de charmer les jeunes et les moins jeunes en quête d'une voiture bien pensée, économique, abordable et, en prime, amusante à conduire.
Une gamme variée
Pour plaire au plus vaste public possible, la gamme Focus se décline en quatre types de carrosseries : une 3 portes (ZX3 et SVT), une berline 4 portes (SE, LX, et ZTW), une familiale (SE et ZTW) très populaire et une berline 5 portes (ZX5), réservée jusqu'à récemment au marché européen. Je vous concède que les désignations prêtent à confusion, mais l'important est de retenir l'existence de ces quatre configurations qui ciblent chacune une clientèle définie. À noter aussi qu'il existe trois versions du moteur 4 cylindres de 2 litres : 110, 130 et 170 chevaux (SVT seulement). Nous n'exposerons pas dans le détail chaque variante, car nous risquons de nous y perdre. Contentons-nous de souligner la variété de la gamme Focus qui s'est enrichie au printemps 2002 de la redoutable SVT. Que manque-t-il pour boucler la boucle ? Un diesel et un cabriolet. On sait que Ford propose à sa clientèle européenne deux turbodiesels destinés aux Focus ; quant au cabriolet, face aux cabriolets Golf et PT Cruiser, il serait peut-être temps que Ford réagisse.
Outre la variété de la gamme, les Focus se distinguent aussi par un design différent qui, dans le cas des 3 portes, se traduit par une séduisante ligne en ?uf. La 5 portes reprend ce thème, sauf que l'?uf y est un peu plus ovale. Quant aux berlines, si le dessin de l'avant reste le même, le profil et l'arrière adoptent un dessin qui leur est propre et qui, de l'avis de votre humble serviteur, manque singulièrement d'élégance. Notons aussi que les Focus sont toutes des « voitures verticales » affichant une hauteur supérieure à la moyenne (149 cm pour la ZX3, contre 144 cm pour une Civic). La position assise et le gain en habitabilité ainsi obtenus rappellent, entre autres, la Toyota Echo. La visibilité y gagne aussi et, par conséquent, la facilité de conduite en ville.
L'originalité du design se reflète aussi à l'intérieur, notamment sur le tableau de bord à nul autre pareil qui plaira à certains par son dessin original, mais risque de faire regimber les gens épris de classicisme. Mais tous s'entendront pour louanger l'ergonomie très saine de ce design qui réussit à placer les commandes aux bons endroits, à les rendre lisibles et faciles à manier. Reste ce volant un peu trop massif?
Un comportement prometteur
Sur la route, la rigidité du châssis de la petite Ford et ses suspensions entièrement indépendantes lui confèrent un comportement satisfaisant dans l'ensemble. Le confort est appréciable et la tenue de route saine. Certes, des ressorts et un amortissement plus fermes transformeraient cette paisible sous-compacte en sportive douée, comme le démontre si bien la petite SVT. Cet exercice de mise au point illustre d'ailleurs ce qu'il est possible de faire avec un châssis convenablement rigide. Il faudrait aussi remplacer les antiques tambours arrière par des disques et doter tous les modèles de l'ABS pour rehausser la sécurité active rendue quelque peu boiteuse par le blocage intempestif des freins arrière lors d'un freinage violent.
Côté moteur, le Zetec de 2 litres et 130 chevaux livre des performances honnêtes et une consommation raisonnable, tandis que le 2 litres de 110 chevaux privilégie l'économie au détriment du chronomètre. Reste le Zetec de 170 chevaux de la surprenante SVT qui fera la joie des amateurs de vroum-vroum.
Un v?u exaucé
Et puisqu'il est question de vroum-vroum, vous vous souviendrez que dans Le Guide de l'auto 2002, nous terminions notre essai de la Focus en souhaitant l'arrivée « d'une 3 portes véritablement sportive ». Eh bien ! c'est chose faite. La Focus SVT répond parfaitement au cahier des charges souhaité : moteur atmosphérique de 170 chevaux (toujours le même Zetec de 2 litres), boîte Getrag à 6 rapports, suspensions et freins sérieusement revus (avec disques à l'arrière et ABS !), roues et pneus appropriés, aménagement intérieur plus sportif. Résultat : une petite traction superefficace et superamusante à conduire. Capable d'en montrer à des voitures bien plus prétentieuses et surtout bien plus coûteuses, la SVT fait la preuve irréfutable qu'il existe chez les constructeurs nord-américains des ingénieurs et des concepteurs fervents d'automobile, capables de nous livrer autre chose que des baleines molles ou des camions gargantuesques. Pour généraliser cette tendance, il faudrait sans doute que le bon sens et le souci d'économie qui animent les automobilistes québécois s'étendent au reste de l'Amérique du Nord.