Ferrari Enzo, du podium à la route
Il était temps. Oui, il était temps que l'on rende hommage au fondateur de la marque automobile la plus titrée et la plus célèbre d'entre toutes, Ferrari. On peut même se demander comment il se fait que l'on n'ait pas songé plus tôt à donner à l'une des voitures arborant l'emblème du cheval cabré le nom du créateur de quelques-uns des plus grands chefs-d'?uvre automobiles de l'histoire, Enzo Ferrari. C'est maintenant chose faite et celui que l'on surnommait le Commendatore serait sans doute très fier de voir son prénom accolé à la toute dernière création de la petite usine de Maranello, l'Enzo Ferrari.
Dans la lignée de ces autres modèles à tirage limité que furent la GTO, la F40 et la F50, l'Enzo est ce que l'on appelle dans toutes les langues du monde un supercar, c'est-à-dire une voiture d'exception produite en petite série (349 exemplaires sont prévus) sans aucune forme de compromis. Le seul mandat donné aux ingénieurs était d'en faire la voiture la plus performante au monde, à tous les points de vue. Conséquemment, rien n'a été épargné pour que l'Enzo Ferrari soit la voiture de sport « extrême » par excellence. Voyons un peu.
Une Formule 1 avec des ailes
M. Ferrari a toujours dit que les succès en course de la Scuderia (écurie) devaient contribuer à l'évolution des voitures de route. Dans cet esprit, la nouvelle Enzo est l'héritière directe des quatre championnats du monde des constructeurs remportés par la marque italienne depuis 1999. Le dessin par Pininfarina de la partie frontale en fait d'ailleurs clairement état avec un museau de Formule 1 auquel on aurait rattaché les ailes avant. Naturellement, le transfert de technologie du podium à la route ne se limite pas à ce rapprochement visuel. La carrosserie paraît plus achevée que celle des F40 ou F50 et bénéficie d'un aérodynamisme très poussé. Ainsi, les volets placés à l'avant et l'aileron arrière sont mobiles et se déplacent au fur et à mesure que la vitesse augmente. C'est ce qui fait que la poussée aérodynamique atteint 344 kg à 200 km/h et 775 kg à 300 km/h. Au-delà de 300 km/h, l'aileron arrière se rétracte complètement afin de privilégier la vitesse de pointe qui se situe à 350 km/h.
Très légère, l'Enzo Ferrari ne pèse que 1255 kg grâce à l'utilisation de matériaux composites comprenant un mélange de fibre de carbone et d'aluminium. Tant pour leur côté spectaculaire que pratique, on a adopté des portes en élytre qui s'articulent sur le toit de la voiture et près du garde-boue des roues avant comme dans les anciennes 512 m de course du début des années 70. Elles facilitent énormément l'accès à la voiture et à un siège type course ultraléger en fibre de carbone offert en 16 dimensions afin de s'adapter au gabarit de chacun des acheteurs.
Des départs comme en F1
Un autre emprunt à la course automobile est le volant quasi identique à celui que l'on trouve dans le cockpit de la monoplace de Michael Schumacher. On y aperÇoit six boutons associés aux divers réglages de la voiture et, sur le pourtour supérieur, une série de diodes lumineuses qui s'allument en séquence avec la montée en régime qui s'affiche au compte-tours. Sans bouger les mains du volant, le conducteur peut modifier la poussée aérodynamique, annuler l'antipatinage ou changer le mode de passage des 6 rapports de la boîte de vitesses. Cette boîte est identique à celle d'une Formule 1 et en mode « course », les passages de vitesse s'effectuent en 150 millisecondes à l'aide des palettes placées de part et d'autre du volant.
L'Enzo Ferrari est même équipée d'un système de lancement de la voiture (launch control) semblable à celui utilisé par les F1 modernes lors des départs de Grand Prix. Le conducteur désireux de faire un départ canon n'a qu'à appliquer le frein, à monter le régime du moteur et à accélérer à fond pour que l'embrayage s'engage électroniquement. De toute évidence, cette nouvelle Ferrari est ce qui se rapproche le plus d'une monoplace de Formule 1, tant sur le plan des performances que de la technologie.
Que diriez-vous de 660 chevaux ?
Le moteur central est lui aussi directement inspiré du laboratoire de recherche que constitue la F1. Il s'agit d'un V12 à 65 degrés de 6 litres avec 48 soupapes, quatre arbres à cames en tête et des bielles en titane. Développant 660 chevaux, il donne à cette Ferrari un meilleur rapport poids/puissance (1,9 kg par cheval-vapeur) que la Lamborghini Murciélago mais il convient de souligner que l'Enzo, contrairement à sa rivale de Sant'Agata, n'est pas une voiture de série.
Même les freins Brembo de 380 mm de diamètre et 34 mm d'épaisseur sont du même type que ceux que l'on retrouve en F1. Fabriqués d'un mélange de carbone et de céramique pour plus de légèreté, ils possèdent des étriers à six pistons à l'avant et quatre à l'arrière. Bridgestone a aussi été mise à contribution dans la mise au point de la voiture et a conÇu des pneus de 19 pouces appelés Scuderia spécialement pour celle-ci.
Dévoilée officiellement au Salon de Paris à l'automne 2002, l'Enzo Ferrari ne sera offerte qu'aux meilleurs clients et amis de la marque qui devront s'abstenir de spéculer et de la revendre à un prix supérieur à celui qu'ils auront payé. Car, même avant d'avoir fait ses preuves, cette voiture est d'ores et déjà un modèle de collection appelé à devenir la plus fabuleuse de toutes les Ferrari. Enzo doit bomber le torse dans son cercueil.