Ferrari 360 Modena, son et plaisir
Si l'on fait exception de la nouvelle Enzo qui n'est pas un modèle de production courante, la 360 Modena est très certainement la plus sportive de toutes les Ferrari à vocation routière. Son moteur central et un meilleur rapport poids/puissance que ceux de la 575 Maranello et de la 456 GT en font une voiture pratiquement aussi à l'aise sur un circuit que sur la route. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de m'en rendre compte l'an dernier lors d'une séance d'essais des trois Ferrari de route sur le circuit fraîchement rénové de Mont-Tremblant. Et on peut ajouter que c'est la 360 que l'on a choisie comme animatrice du Challenge Ferrari, la série de course monotype réservée aux voitures de la marque.
Après s'être assuré que son compte en banque est en très bonne santé, l'acheteur d'une 360 a deux choix à faire. Il doit opter pour le coupé ou pour le Spider et choisir la boîte de vitesses manuelle à 6 rapports ou la transmission automatique type F1. Pour votre information, près des trois quarts des 360 Modena vendues par Ferrari Québec sont des Spider majoritairement équipés de la boîte séquentielle F1.
Personnellement, je n'ai jamais été très chaud pour cette transmission automatique dotée d'un mode manuel permettant de monter ou de descendre les 6 rapports au moyen de palettes placées sous le volant. Il semble toutefois que l'on finisse par s'habituer aux saccades qui accompagnent les changements de rapports en conduite non sportive et même par en diminuer l'intensité. Lorsqu'on roule à fond ou sur un circuit, le système est une pure merveille et il n'est pas exagéré de dire que les changements de vitesse se font plus rapidement qu'avec une boîte manuelle classique. C'est surtout en ville que les choses se gâtent, mais il faut croire que les propriétaires de 360 Modena savent éviter les embouteillages. Bref, vous serez meilleur juge en prenant la précaution de faire l'essai de la voiture avant de l'acheter.
Coupé ou Spider ?
En ce qui a trait au type de carrosserie, c'est matière de goût et de budget puisque le Spider vous coûtera une trentaine de milliers de dollars de plus que le coupé. Vous obtiendrez en retour non seulement le plaisir de rouler à ciel ouvert, mais aussi celui de pouvoir mieux savourer l'exquise sonorité du V8 de 3,6 litres qui piaffe dans votre dos. En plus, Ferrari s'est finalement mise au pas en optant pour une capote entièrement automatisée qui disparaît complètement sous son couvercle comme dans les Porsche Boxster et autres cabriolets civilisés. Il y aurait lieu toutefois de pousser l'exercice un peu plus loin et de se défaire de cette vilaine lunette arrière en plastique qui n'a pas sa place dans une voiture de cette classe. Dans la voiture relativement neuve mise à l'essai, le plastique était déjà jauni. On peut ajouter que le système de pliage de la capote combiné aux rayons du soleil semble provoquer une décoloration du tissu. Le bleu de la toile du Spider de nos photos était blanchi par endroits.
L'une des belles qualités du Spider 360 Modena est la rigidité de son châssis. J'ai été en mesure de le constater avec encore plus de conviction parce que j'avais fait l'essai du Spider Maserati Cambio Corsa quelques heures auparavant. Bien que les deux voitures soient issues de la même famille, il y a un monde de différence entre la solidité de la carrosserie de la 360 et le manque de robustesse du châssis Maserati (voir essai). Et comme la tenue de route d'une voiture sport tient en grande partie à la qualité de son châssis, la Ferrari se retrouve loin devant sa « rivale » à ce chapitre.
Il convient toutefois de souligner que comme toutes les voitures à moteur central, la 360 Modena exige un pilotage appliqué. Tous les pilotes qui participent au Challenge Ferrari vous diront que la 360 possède une superbe tenue de route, mais que la voiture devient très délicate à conduire lorsque la limite d'adhérence a été atteinte. Bref, la 360 ne pardonne pas facilement les excès d'enthousiasme et il faut être très alerte pour éviter le tête-à-queue. Après plusieurs tours du circuit Mont-Tremblant, les freins n'avaient pas tendance à surchauffer comme cela se produit avec une Maranello ou une 456, toutes deux beaucoup plus lourdes.
L'agrément de conduite avec un grand A
S'il fallait dresser la liste des voitures offrant le meilleur agrément de conduite, la Ferrari 360 Modena viendrait sûrement en tête du classement. Ce n'est toutefois pas tant son comportement routier que son fabuleux moteur qui alimente le plaisir que l'on ressent au volant. On a beau ne pas aimer le bruit, le son qui en émane à plein régime est plus mélodieux que dérangeant. Et s'il faut le voir pour le croire, on n'a qu'à regarder à travers le couvercle vitré qui abrite ce petit V8 aux culasses rouges posées en plein centre du châssis. Peu importe que l'on ait choisi la boîte manuelle ou F1, les performances sont pratiquement les mêmes, c'est-à-dire foudroyantes. Avant même que vous ayez eu le temps de compter jusqu'à 5, vous serez arrivé à 100 km/h et vous aurez franchi 1 kilomètre en moins de 30 secondes, départ arrêté.
Comme je l'écrivais l'an dernier, une Ferrari c'est d'abord un fabuleux moteur et une irrésistible carrosserie. Cela s'applique notamment à la 360 qui ne s'embarrasse pas de garnitures en bois ou en fibre de carbone, d'accessoires de luxe, de systèmes de navigation ou de tout autre équipement superflu. Le tableau de bord est correct sans plus, mais les sièges offrent le maintien et le confort nécessaires au pilotage d'une voiture haute performance. La visibilité vers l'arrière est presque nulle mais, à bien y penser, a-t-on vraiment besoin de regarder derrière au volant d'une Ferrari ?