Chrysler Sebring, «the look of marketing»
La Chrysler Sebring mise sur la séduction pour nous appâter, comme en font foi les publicités mettant en vedette la capiteuse chanteuse Diana Krall. C'est vrai, elle ne manque pas de superbe (et que dire de madame Krall !), mais sa fiabilité pas toujours exemplaire pourrait refroidir l'ardeur de ses prétendants. Sa dot, dont le contenu embrasse une longue liste d'équipements de série, allumera-t-elle définitivement the look of love dans les yeux du consommateur ?
Deux années ont passé depuis que les Dodge Stratus, Plymouth Breeze et Chrysler Cirrus ont été chassées par les vents mauvais, laissant à la seule Chrysler Sebring le soin de défendre le créneau des intermédiaires. Le client n'y a guère perdu au choix, qui est d'ailleurs un peu étourdissant. La berline est offerte en trois versions, LX, LX Plus et LXi, et le cabriolet en quatre : LX, LXi, Limited, et la GTC, apparue en cours d'année 2002, quelques mois après le retrait du coupé du marché canadien.
Le châssis plus rigide et mieux insonorisé reÇoit un V6 2,7 litres de 200 chevaux en lieu et place du faiblard 2,5 litres. On le retrouve sous le capot des cabriolets et des berlines LXi et LX Plus, tandis que la berline LX continue d'offrir un 4 cylindres 2,4 litres de 150 chevaux. Ses prestations sont dans la norme pour une telle cylindrée, mais sa rugosité et les vibrations qu'il engendre n'incitent pas à écraser l'accélérateur. En outre, il consomme à peine moins que le V6. Quelque peu bruyant sous l'effort, ce dernier donne satisfaction en reprise comme en accélération, grâce à son rendement linéaire. Une transmission automatique à 4 rapports équipe tous les modèles. Convenant bien aux deux moteurs, elle effectue les changements de rapports avec douceur. L'Autostick, au mécanisme séquentiel, vient d'office dans le cabriolet Limited, ou à l'intérieur d'un groupe d'option « de luxe » destiné à la berline LXi. Une « vraie » manuelle à 5 rapports est offerte en option dans le cabriolet GTC, et les performances s'annoncent intéressantes avec le V6.
La suspension de base (des suspensions Tourisme et Sport sont disponibles) s'acquitte assez bien de ses tâches. Son calibrage trahit un parti pris en faveur du confort plutôt que de l'adhérence maximale, mais dans l'ensemble, le compromis est acceptable. La précision de la direction et la résistance au sous-virage agrémentent la conduite sur route sinueuse, alors que sur autoroute, la Sebring se distingue par son confort et son silence de roulement. Les freins à disque aux quatre roues immobilisent la caisse avec efficacité, mais l'ABS n'est compris sans supplément que dans le cabriolet Limited.
Un intérieur moins raffiné
Honnête routière, donc, la Sebring attire d'abord l'attention par sa silhouette digne d'une voiture haut de gamme. Personnellement, je lui reproche la longueur exagérée de son porte-à-faux avant, mais pour lui avoir fait partager mon garage pendant une semaine avec une Lexus ES 300, je dois admettre qu'elle était la plus racée des deux. La primauté accordée à l'apparence donne toutefois lieu à de petites bizarreries, comme la batterie placée hors de vue sous l'aile avant gauche, et à laquelle on a branché des bornes auxiliaires permettant le survoltage. Il faut aussi déplorer la finition parfois approximative : les panneaux de la carrosserie montrent un espace considérable et irrégulier entre eux.
Autre conséquence de la priorité donnée à l'esthétisme : la Sebring offre un peu moins d'habitabilité que ne le laisseraient croire ses dimensions. La berline loge confortablement quatre personnes, mais une cinquième se sentira coincée, et la ligne de toit assez basse complique l'accès aux personnes de grande taille. Plus volumineux que la moyenne, le coffre s'agrandit encore en rabattant le dossier de la banquette. On apprécie sa forme régulière et les cylindres hydrauliques qui soutiennent son couvercle. Pour sa part, le cabriolet ne donne droit qu'à quatre places et à un coffre de dimension réduite (320 litres), ce qui ne l'empêche pas de se comparer avantageusement à ses concurrents.
La présentation intérieure manque un peu de raffinement, en raison notamment des matériaux d'apparence bien quelconque. Les contrôles sont simples, bien lisibles, et respectent généralement l'ergonomie, sauf le lecteur CD situé trop bas devant le porte-verres. Les sièges avant offrent un confort correct, et rien ne vient gêner la visibilité du conducteur, à l'exception de la ligne élevée du coffre lors de man?uvres de recul. À l'arrière, le dégagement pour les genoux suffit malgré l'assise trop basse de la banquette, mais vous devrez vous tordre les chevilles pour glisser les pieds sous le siège avant. Enfin, les espaces de rangement, assez nombreux, joueraient mieux leur rôle s'ils étaient plus grands.
La Sebring LX (de base) se présente avec un équipement assez complet qui comprend les glaces, serrures et rétroviseurs à commande électrique, le climatiseur, le régulateur de vitesse, ainsi qu'une chaîne AM/FM avec lecteur CD. Le débours des dollars supplémentaires exigés pour la LX Plus ne semble pas nécessaire, sauf si l'on tient au télédéverrouillage et au réglage électrique du siège conducteur. Mieux vaut garder ses sous pour le V6? à moins que l'on ait les moyens de se l'offrir avec toutes les autres gâteries de la LXi : sellerie en cuir, ordinateur de bord, suspension Tourisme et roues d'aluminium de 16 pouces. Le toit ouvrant, les rideaux gonflables et les sièges chauffants sont à la carte.
Tout dépend de ce que vous êtes prêt à payer pour une belle voiture, compétente dans l'ensemble, sans qualité exceptionnelle ni défaut majeur. Le constructeur semble décidé à les laisser aller à un prix très étudié et multiplie les promotions. À vous de saisir une occasion.