Buick LeSabre / Pontiac Bonneville, une mécanique, deux personnalités
Les Pontiac Bonneville et Buick LeSabre partagent le même châssis, un même V6, et la plupart de leurs organes mécaniques. Il y a pourtant autant de différence entre leurs personnalités respectives qu'il peut y en avoir entre un joueur de hockey du style Les Boys et un retraité passant ses journées sur les terrains de golf.
Fidèle à la mentalité Pontiac, la Bonneville s'adresse à des conducteurs plus exubérants, à qui il arrive occasionnellement de retomber en adolescence lorsqu'un feu de circulation passe du rouge au vert. La LeSabre attire plutôt une clientèle traditionaliste ayant des idées bien arrêtées en matière d'élégance, et qui n'accepte pas les compromis à propos de son confort. Des deux voitures, c'est la Bonneville qui procure le plus grand plaisir de conduire, mais ce n'est pas elle qui obtient le plus de succès au Québec, peut-être, en partie, à cause d'une échelle de prix assez élevée.
Plus sportive Bonneville
La Bonneville se décline en versions LE, SLE et SSEi. Les deux premières sont équipées de l'increvable V6 3,8 litres, le même que l'on retrouve dans les Buick Regal et Century, mais avec des modifications aux tubulures d'admission et d'échappement qui lui procurent 5 chevaux de plus, pour un total de 205. On a déjà tout dit et tout écrit sur lui depuis son entrée en service il y a quelques décennies. Contentons-nous cette fois de déclarer qu'il a du souffle, de la souplesse, et que sa fiabilité ne se dément pas. Cependant, pour espérer lutter dans la même arène que les Nissan Maxima ou Acura TL, il faut opter pour la livrée SSEi qui propose le même V6 en version suralimentée de 240 chevaux et 280 lb-pi de couple. Les deux moteurs font équipe avec une boîte automatique à 4 vitesses dont les changements de rapport semblent toujours s'effectuer au bon moment, et de faÇon à peine perceptible. Les freins à disque démontrent un fonctionnement rassurant, et, contrairement à la politique qui prévaut cette année pour plusieurs modèles GM, l'ABS fait encore partie de la dotation de base.
Sur la grand-route, on ne ressent pratiquement pas le passage des inégalités, mais d'entrée de jeu cette fois, même avec la SE, Pontiac a voulu faire un petit velours aux adeptes de la conduite « sportive ». Plate-forme bien rigide, roues de 16 pouces, réglages plus fermes des suspensions avec correcteur d'assiette automatique à l'arrière, sans oublier l'antipatinage à toute vitesse, tous ces éléments contribuent à donner à la Bonneville un comportement routier intéressant et sécuritaire. Son encombrement occasionne cependant un certain manque d'agilité, et sa tendance au sous-virage ne prédispose pas le conducteur à la pousser jusque dans ses derniers retranchements. La SSEi tente de remédier à la situation avec une suspension sport, des roues de 17 pouces et le système StabiliTrak, qui analyse en tout temps la trajectoire du véhicule par rapport à l'angle du volant et corrige automatiquement sa course, si nécessaire, en relâchant les gaz ou en appliquant sélectivement les freins. Mais malgré tous ces efforts, les performances et l'agrément de conduite que procure la SSEi ne résistent pas encore à la comparaison avec les berlines sport européennes auxquelles elle prétend se frotter.
La silhouette apparaît, bien sûr, quelque peu tarabiscotée, avec les porte-à-faux et moulures hypertrophiées faÇon Pontiac, sans oublier l'aileron superflu fiché sur le couvercle de la malle. Celle-ci possède des dimensions généreuses, tout comme l'habitacle, qui reÇoit à l'avant des baquets catcher's mit (gant de receveur) au confort remarquable. À l'arrière, deux adultes bénéficient de l'espace nécessaire pour voyager à l'aise ; un 3e au centre forcera tout le monde à se serrer les coudes, et son postérieur constituera le principal « rembourrage ». La finition intérieure a fait des progrès, mais le tableau de bord conserve encore des relents psychédéliques, et surprend toujours par sa grande variété de buses d'aération et de gros « pitons » ronds.
La version SE de base est munie des principales commodités, incluant les réglages électriques du siège du conducteur, ce qui est bien le moins, vu son prix. La SEL ajoute, entre autres, l'ordinateur de bord, les commandes radio redondantes montées sur le volant et le système de navigation OnStar. La SSEi, enfin, propose la sellerie de cuir, les sièges chauffants avec réglages à mémoire, et de petites gâteries telles que le Head-Up Display (dispositif tête-haute) qui affiche la vitesse courante dans le pare-brise. Mais il en faudrait davantage pour lui conférer le prestige et la séduction que devrait normalement commander une voiture de plus de 43 000 $
Plus sage LeSabre
La Buick LeSabre est un peu plus courte et étroite que la Bonneville pour un même empattement, mais offre une habitabilité légèrement supérieure. La version Custom se distingue en accueillant six passagers grâce à sa banquette avant, (pauvre passager écroué au centre), les baquets catcher's mit se retrouvant dans la Limited.
Son roulement privilégie le confort, comme en fait foi le choix de pneumatiques de 15 pouces à haut profil. Les roues de 16 pouces sont optionnelles, de même que la suspension Gran Touring, mais seul le V6 de 205 chevaux est offert, ce qui est cohérent avec ses habiletés routières limitées mais étonne tout de même, considérant que la Regal, en retrait dans la hiérarchie Buick, a droit au même moteur, mais suralimenté. Elle offre à quelques détails près les mêmes accessoires et commodités que la Bonneville, livrés dans un emballage soigné et un tantinet suranné caractéristique de la marque centenaire. Comme pour la Bonneville, il n'y a pas tellement de nouveautés à signaler cette année, sinon quelques détails de-ci, de-là, et la venue d'une édition Celebration richement équipée. Si la formule plaît, Buick serait bien malvenue de la changer.