BMW Série 6, le retour du grand coupé
Disparue en 1989, la Série 6 aura marqué l'histoire de BMW par ses performances et surtout par son élégance classique qui en a fait l'une des voitures les plus appréciées de son époque. En tirant sa révérence, la 635 Csi a fait place à la Série 8, une voiture plus luxueuse, mais surtout beaucoup plus lourde qui n'a pas autant séduit les adeptes de la conduite sportive malgré la présence d'un V12 qui en équipait la version la plus performante à ses dernières années. Avec l'actuelle Série 6, BMW renoue avec la production d'un coupé et d'un cabriolet sport de grandes dimensions dont le style est à la fois inspiré de la berline de Série 7, mais surtout de la voiture concept Z9 qui avait été dévoilée au Salon de l'auto de Francfort en 1999.
On ne peut parler des voitures BMW aujourd'hui sans évoquer le nom de Bangle et le stylisme controversé qu'il a donné à la marque de Munich. La Série 6 s'inscrit parfaitement dans cette nouvelle approche qui marque un clivage évident avec les réalisations précédentes du constructeur bavarois. Si la partie avant de la voiture ne prête généralement pas flanc à la critique, c'est tout le contraire qui se produit lorsqu'il est question de sa partie arrière dont les lignes évoquent la juxtaposition de deux couvercles de coffre presque emboîtés l'un dans l'autre, tout comme la Série 7. La version cabriolet propose quant à elle un toit souple qui se rétracte en 25 secondes et qui présente deux arêtes disposées de part et d'autre de la lunette arrière, tout comme la génération précédente de la Ferrari Spider, soit la 355. Comme le succès d'un coupé ou d'un cabriolet sport dépend beaucoup de son style, l'avenir nous dira si le marché est réceptif à la Série 6. Si l'on se fie à la chute marquée des ventes du roadster Z4, à peine deux ans après son arrivée sur le marché, l'avenir ne sera peut-être pas très rose pour la Série 6.
Petits plaisirs de la vie
Sur le plan technique, la Série 6 fait grand usage d'éléments développés pour la berline de Série 5. Ainsi sa plate-forme en est une version raccourcie, et la motorisation retenue est le V8 de 4,4 litres jumelé soit à une boîte manuelle à six vitesses, une boîte automatique à six rapports, ou encore la boîte SMG (Sequential Manual Gearbox) à six vitesses avec paliers au volant qui a fait sa première apparition sur le coupé/cabriolet M3. Généralement, les voitures de type GT ne sont souvent proposées qu'avec des boîtes automatiques. Il est remarquable que BMW offre tout de même une boîte manuelle qui permet d'ailleurs de tirer le meilleur parti des performances livrées par le moteur, puisque la Série 6 est ainsi capable d'un temps de 5,6 secondes lors d'un sprint de 0 à 100 kilomètres/heure. Mais ce qui plaît plus encore que la livrée de la puissance, c'est le plaisir qu'on éprouve à jouer du levier de vitesses, la course étant précise et le maniement ne demandant que très peu d'efforts. Les accélérations ne semblent cependant pas aussi rapides qu'elles le sont réellement, car l'insonorisation de l'habitacle isole un peu trop le conducteur de la sonorité du V8, un léger bémol qui est éliminé par la conduite de la version cabriolet avec le toit replié. La vocation Grand Tourisme de la Série 6 en fait une voiture confortable et très stable à vitesse d'autoroute où l'on se surprend souvent à rouler beaucoup plus vite que les limites permises sans vraiment s'en apercevoir.
Méchants pneus !
Malgré son gabarit et son poids, la Série 6 n'est pas en reste lorsque vient le temps de négocier un parcours plus sinueux, du moins tant que la chaussée est sèche. Dans ces conditions idéales, la voiture est nettement plus performante et plus agréable qu'une Jaguar XK8, ou qu'une Mercedes-Benz CL, puisque la Série 6 enfile les virages avec un aplomb qui inspire confiance. Sous la pluie cependant, le comportement de la voiture n'est plus du tout aussi assuré et précis que sur une chaussée sèche et dégagée, et cette différence marquée est à mon avis attribuable aux pneus zéro pression (run-flat) qui sont livrés de série sur la 6, qui est par ailleurs dépourvue d'une roue de secours. Essentiellement, ces pneus zéro pression permettent de rouler à vitesse réduite même si l'air s'en est échappé suite à une crevaison. Ceci est rendu possible puisque les flancs des pneus sont beaucoup plus rigides que ceux d'un pneu ordinaire justement afin de supporter le poids de la voiture même lorsque le pneu est dégonflé. Cette rigidité accrue du flanc des pneus, couplée au fait que la Série 6 est chaussée de pneus à profil bas (série 45) montés sur des roues de 18 pouces, fait en sorte que les pneus décrochent beaucoup plus rapidement sur une chaussée détrempée, ce qui entraîne l'intervention constante du système de contrôle de la stabilité (Dynamic Stability Control). J'ai pu constater ce phénomène à deux reprises, soit lors de la première prise en mains de la Série 6 lors de son lancement sur les routes andalouses en Espagne, de même que lors d'un essai subséquent réalisé au Québec. Je suis d'avis que les performances en tenue de route de la Série 6 seraient nettement meilleures sous la pluie si la voiture était chaussée de pneus de performance plus traditionnels et qui ne seraient pas du type zéro pression.
Et le cabriolet ?
Les performances en accélération ainsi qu'en tenue de route de la version cabriolet
ne sont pas aussi relevées considérant que ce modèle est pénalisé par un excédent de poids, environ 400 livres par rapport au coupé. Ce surplus est dû aux éléments ajoutés afin de rigidifier la structure maintenant dépourvue de son toit, ainsi qu'aux arceaux de sécurité à déploiement automatique qui logent derrière les places arrière.
La vie à bord est rendue agréable par des sièges confortables qui offrent un très bon maintien en virages. J'ai apprécié le fait que la console centrale soit plus orientée vers le conducteur que sur la berline de Série 5, par exemple. Quant au système iDrive, il est important de préciser que celui-ci sévit également ici dans sa version simplifiée. Et comme notre voiture d'essai était à la fois dépourvue du système de navigation assistée par satellite ainsi que du téléphone, le iDrive ne servait en fait qu'à contrôler la chaîne stéréo puisque la console centrale intégrait également toutes les commandes du système de chauffage et ventilation. Ce court exposé sur la relative inutilité du iDrive dans ces circonstances met également en lumière le fait que même si la Série 6 offre tous les équipements et accessoires propres à une voiture de luxe. Certaines options sont intéressantes, par exemple l'affichage tête-haute qui projette les informations en réflexion dans le pare-brise sans que le conducteur ait à quitter la route des yeux. Ces options ajoutent évidemment au coût de la voiture. L'accueil à bord est quant à lui rehaussé par les seuils de portière qui affichent le nom de la marque en rétroluminescence, ce qui est du plus bel effet la nuit. Les passagers embarquant à l'arrière se retrouveront cependant plutôt à l'étroit, ce qui leur sera nettement moins agréable. Quant au coffre, il offre 450 litres de capacité et deux sacs de golf peuvent y être logés sans problème.
La Série 6 correspond parfaitement à la définition d'une voiture de Grand Tourisme ce qui ne manquera pas de plaire à une certaine clientèle établie. Elle laissera toutefois les véritables amateurs de performance sur leur appétit, du moins jusqu'à l'arrivée imminente de la version M avec moteur V10, dont la puissance sera vraisemblablement de 550 chevaux. Cette voiture sera définitivement à surveiller et permettra à BMW d'offrir des performances plus relevées aux purs et durs de la conduite sportive.