Audi A8, en plein dedans?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2005

Complètement revue en 2003, et redessinée par le québécois Dany Garand faut-il mentionner, la A8 représente l'ultime Audi. La marque de prestige allemande n'avait pas le droit à l'erreur en concoctant sa berline de luxe. Quand on affronte des bagnoles comme les BMW série 7, Lexus LS430, Mercedes-Benz Classe S et Volkswagen Phaeton, mieux vaut avoir son chargeur rempli ! Le tir manque encore peut-être un peu de précision à l'occasion, mais quand la balle touche la cible c'est "bull's-eye" !

Depuis 2003, seule la version allongée était présente en Amérique. Cette année, on retrouve trois modèles... Le modèle régulier, c'est à dire à empattement normal (A8), le modèle que nous sommes « habitués » de voir ici (A8L) et, pour les quelques très rares millionnaires qui pourront se l'offrir, la version W12 déjà disponible en Europe et qui posera ses pneus chez-nous vers la fin 2004 ou au début de 2005. Il s'agit de la A8L 6,0, ces derniers chiffres faisant référence à la cylindrée de ce moteur à douze cylindres disposés en « W ».

DE LA GRANDE CLASSE

Dire de la A8 qu'elle a de la classe est un euphémisme? Parce qu'elle en possède beaucoup, énormément, même ! Les lignes sont pures et parfaitement équilibrées. Son coefficient de traînée se montre particulièrement bas avec 0,27. L'accès à bord ne cause bien entendu aucun problème, surtout pas à l'arrière si on a eu la sagesse (et les moyens !) d'opter pour une version allongée. Prendre note, par contre, que l'accès à bord de la version à empattement régulier ne cause aucun problème non plus ! Le coffre se révèle très logeable mais il est dommage que les dossiers des sièges arrière ne s'abaissent pas. Tout au plus, on retrouve une trappe à ski qui demande de s'allonger de tout son long dans le coffre pour permettre son ouverture.

À l'intérieur, nul besoin de préciser que le luxe se marie au bon goût et au confort. Les sièges invitent aux grandes randonnées même si j'ai eu passablement de difficultés à trouver une bonne position de conduite. Tout de même curieux puisque les sièges s'ajustent dans 16 sens et que le volant se déplace autant en hauteur qu'en profondeur ! Ce doit être à cause de mon corps d'athlète? De plus, et encore curieusement, le support latéral n'est pas fantastique. Pour justifier son prix dépassant facilement les 100 000 $, la A8 propose une foule d'équipements sans doute destinés à faciliter la vie des occupants. Alors ici mes amis, c'est raté ! Les commandes placées derrière le volant et quelques autres au tableau de bord sont invisibles et celles qui le sont doivent être étudiées avec attention avant de pouvoir servir efficacement. Un bouton central gère une foule de paramètres. Le MMI (Multi Media Interface) de Audi se révèle certes plus amical à vivre que le « i drive » de BMW mais ce n'est pas encore parfait. Avant de songer à partir sur la route avec sa nouvelle A8, il ne faut pas hésiter à potasser le manuel du propriétaire qui pèse, tenez-vous bien, 1,2 kilo, et ce pour la version française uniquement ! Autre cible ratée, la visibilité arrière qui se veut franchement pauvre. De plus, aucune caméra de recul n'est proposée. Lexus peut sourire? L'insonorisation est poussée, le confort fait partie des gènes de la A8 et la radio Bose satisfera à peu près toutes les oreilles par sa riche sonorité. Quant à la finition, même un moine zélé ne trouverait rien à redire et la noblesse des matériaux donnerait des frissons à madame Deux, Élizabeth de son prénom.

Du côté des petites douceurs, on peut mentionner la fonction « service » qui permet aux essuie-glaces de se positionner pour que le propriétaire (pardon, le garçon de service) puisse changer les balais sans s'esquinter le dos.

NOBLE PUISSANCE

Côté moteur, le V8 de 4,2 litres développe 330 chevaux et pratiquement autant de couple. Inutile de mentionner que les performances ne font jamais défaut ! En plus de se révéler fort souple, il ne consomme pas plus que ses concurrents et offre une belle sonorité quand on écrase l'accélérateur. Pas moins de quatre niveaux de suspensions sont disponibles, la tenue de route se veut impériale et une foule de béquilles électroniques empêchent la voiture de révéler son comportement survireur inné. Heureusement, on peut désactiver le mode de contrôle de traction et s'amuser un peu, si le verbe « amuser » peut être utilisé avec une voiture de ce prix! Mais il ne faut jamais oublier que la A8 est très lourde malgré l'utilisation intensive de l'aluminium. Si, comme moi, vous vous inquiétez des coûts de réparation et d'entretiens futurs, c'est sans doute que vous n'avez pas les moyens de vous payer une A8 !

Imaginez que ce sera encore plus onéreux avec le W12 dont le prix devrait avoisiner celui d'une maison chic. De plus, on se demande si ce moteur est vraiment utile compte tenu de la bonne performance du V8. Mais plusieurs millionnaires, prêts à se départir d'une semaine de paie, vous répondront sûrement que oui, le W12 sera un « must ». Et s'il y avait un W24, il s'en trouverait pour l'acheter !

La Audi A8 est, sans contredit, une voiture d'exception, à l'égale des meilleures Mercedes-Benz, Lexus, Infiniti et BMW de ce monde. Par contre, il est notoire que les marques allemandes souffrent d'une infinité de problèmes électriques et électroniques. Et comme ce type de voiture est farci de gadgets, il faut choisir entre le plaisir de conduire et la possibilité de se retrouver au garage ou la fiabilité ennuyante des japonaises?

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