Audi A4, simple question d'alphabet
N'eut été de Juan Manuel Fangio, cinq fois champion du monde dans les années 50, Sterling Moss aurait volé la vedette. Mais Fangio n'arrêtait pas de gagner et ne laissait que des miettes aux autres. Moss était le meilleur des autres. Cet épisode s'applique à d'autres champs de compétence. Prenez, par exemple, l'automobile. Audi est la meilleure... des autres, l'étoile de la BMW Série 3 brillant trop fort au firmament des marques prestigieuses et (relativement) accessibles. Mais la Audi A4, tout comme Sterling Moss, possède tout de même un sapré bon coup de volant !
Les designers de Audi possèdent LA touche. Celle qui leur permet de créer des lignes sobres et fluides, alliant présence, robustesse et classe. La Audi A4, dont la dernière génération a été dévoilée en 2002, fait siens tous ces qualificatifs même si certains lui reprochent des airs de Volkswagen Passat. Son air trapu, elle le doit à ses formes et non à ses dimensions, à peine plus étendues que celles d'une simple Honda Civic !
Si la A4 ne souffre d'aucun complexe au chapitre du dessin, elle n'a pas à rougir non plus de la qualité de sa finition, autant à l'extérieur qu'à l'intérieur. C'est à se demander si Audi n'engage que des docteurs en microchirurgie pour assembler ses voitures ! Les sièges, peut-être pas encore au niveau de ceux de Volvo, s'avèrent tout de même un régal même s'ils sont un peu durs. À l'arrière, on se sent à l'étroit sur la banquette et le confort pour deux personnes se montre correct, sans plus. Le volant se prend bien en main et les indicateurs du tableau de bord sont là, juste sous nos yeux. Par contre, on a, au début surtout, l'impression d'être assis dans un bain puisque la ceinture de caisse est plutôt relevée.
Il existe plusieurs A4 et il faut impérativement identifier de laquelle on parle. En effet, on ne dit pas à Laura « Je vais prendre un cornet de crème glacée ». On précise toujours la sorte. C'est pareil avec une A4. 1,8T ? 1,8T Avant ? 3,0 ? 3,0 Avant ? S4 ? S4 Avant ? Dans le cas des 1,8T et 3,0 il faut aussi ajouter « Quattro » si la Audi en question est équipée de ce rouage intégral? Et je ne parle pas des cabriolets (je laisse le soin à Jean-Georges de vous en brosser un portrait dans les pages précédentes). Au fait, le terme Avant signifie familiale chez Audi et toutes les remarques qui suivent s'adressent autant aux Avant qu'aux berlines.
Même avec son moteur 1,8T, la plus prolétaire des Audi peut garder la tête haute. Certes, les performances sont loin de celles d'une catapulte mais ce petit moteur livre ses 170 chevaux sans hésiter. Cet engin annonce cependant deux problèmes, et ils sont de taille. Le premier réfère à la piètre fiabilité de ses composantes électroniques. Si vous ne savez pas ce qu'est une bobine d'allumage, achetez-vous une Audi (ou Volkswagen) équipée du 1,8T et vous découvrirez rapidement à quel point cette fameuse pièce est importante? Le deuxième problème, de perception celui-là : bien des gens ne veulent rien savoir d'un quatre cylindres dans une voiture de cette classe. La 1,8T est, le plus souvent, livrée avec le rouage intégral Quattro. Ce système a fait ses preuves et il s'est bâti une solide réputation, surtout dans les contrées comme le Québec où l'hiver dure 363 jours par année. Sinon, cette Audi est une traction et deux transmissions sont disponibles, soit la manuelle à cinq rapports ou la Multitronic (une automatique à rapports continuellement variables). Cette dernière boîte est un charme à utiliser et elle permet une économie d'essence substantielle. La Quattro, elle, n'est livrable qu'avec une transmission automatique à cinq rapports avec mode semi-manuel.
La version avec V6 de 3,0 litres n'est pas dénuée d'intérêt même si ses performances sont à peine plus enthousiastes que celles obtenues avec le 1,8T. On est en droit de se demander ce que ce moteur fait dans une voiture de ce prix... Encore une fois, les transmissions diffèrent selon qu'on opte pour la traction ou la traction intégrale. La boîte continuellement variable n'est pas disponible. Bien entendu, le niveau d'équipement justifie le prix plus élevé d'environ 7 000 $. Et ne justifie absolument pas la direction aussi légère que les moeurs de certains politiciens?
Pour le sport?
Puis, la S4. V8 de 4,2 litres de 340 chevaux. En Quattro seulement. Pneus 18 pouces cotés Z. Deux transmissions à six rapports, une automatique l'autre manuelle. Du plaisir ? Oui, sans conteste même si BMW a établi de nouvelles marques en la matière. Même s'il entraîne la S4 aussi vite qu'Obélix chasse le sanglier, ce gros moteur n'est pas à l'aise dans une si petite voiture. Certes, le châssis, d'une rigidité à toute épreuve, peut endurer une telle puissance mais l'embrayage ne se montre pas à la hauteur. La direction pèche par excès de lourdeur et les quelque 150 kilos supplémentaires se font lourdement sentir. De plus, les suspensions, qui assurent une tenue de route plus qu'adéquate, tapent assez dur, merci. Mais ce V8 crache un son qui vaut le détour? aux pompes à essence super ! La M3, bien que plus dispendieuse, peut dormir en paix.
La Audi A4, peu importe les lettres ou les chiffres qui l'accompagnent, compte sur un châssis superbe, des lignes indémodables, un confort appréciable et des performances très adéquates. Mais aucun moteur ne semble parfaitement adapté. Vite un nouveau V6 !