Audi A3, elle a du pif
Elle a du pif au sens propre, reste à voir si elle en aura au sens figuré. Avec la A3, Audi propose à la clientèle un modèle hatchback de luxe, alors que BMW et Mercedes-Benz ont échoué dans cette mission en Amérique du Nord, la 318Ti ayant disparu du paysage depuis plusieurs années, et le coupé sport C230K s'apprêtant peut-être à tirer sa révérence en 2006. Comme c'est souvent le cas lors du lancement d'un nouveau véhicule, Audi prétend que la A3 n'aura pas de concurrence directe, tout en oubliant l'existence de la Volvo V50? C'est là un discours connu que se plaisent à répéter les responsables de différentes marques automobiles (PT Cruiser, Mini, etc.) afin de démarquer leurs voitures du lot, mais tout ça, c'est du baratin de marketing, qu'en est-il de la voiture comme telle ?
Essentiellement, la A3 destinée au marché nord-américain est une version à 5 portes d'une voiture déjà présente en Europe.
Si elle a du pif au sens propre, c'est que la A3 est la troisième voiture de la marque qui est dotée de la nouvelle calandre de forme trapézoïdale, déjà vue sur la A8 à moteur W12 ainsi que la récente A6. Construite sur la plate-forme de la Golf/Jetta de cinquième génération, la A3 propose des dimensions légèrement réduites par rapport à la A4, et seulement deux moteurs seront offerts sur notre marché, contrairement à sept en Europe, où l'on compte évidemment une « flopée » de moteurs diesel à injection directe. Le premier modèle, qui fera ses débuts en mai 2005, est animé par un moteur 4 cylindres de 2,0 litres à injection directe d'essence développant 200 chevaux qui sera jumelé à une boîte manuelle à 6 rapports ou encore à la boîte DSG (Direct Sequential Gearbox), déjà vue sur la Audi TT 3.2. Seules les roues avant seront motrices, Audi réservant la traction intégrale Quattro à la version équipée du moteur six cylindres de 3,2 litres qui n'arrivera chez nous qu'au premier trimestre de 2006. Pourquoi n'avoir pas proposé une version à moteur 2,0 litres avec le rouage intégral comme en Europe ? Le prix de base, qui n'a d'ailleurs pas encore été fixé, devrait avoisiner les 33 000 dollars canadiens.
La grande nouveauté côté moteur est donc le moteur de 2,0 litres turbocompressé à injection directe d'essence. La plus grande qualité de ce moteur est qu'il développe un couple maximal de 210 livres/pied dès les 1 800 tours/minute et jusqu'à 5 000 tours/minute. Cette plage très large du couple maximal signifie que les accélérations sont assez vives (7,1 secondes pour le 0-100 kilomètres/heure), mais surtout que l'on peut toujours disposer d'une force d'accélération satisfaisante, peu importe le régime moteur ou le rapport de boîte choisi. Côté consommation, Audi annonce une moyenne très optimiste de 7,8 litres aux 100 kilomètres, que nous n'avons malheureusement pas eu le temps de valider.
Sur les routes sinueuses de la région des Alpes Maritimes, la tenue de route de la version à moteur de 2,0 litres et traction avant était bonne, mais elle n'était pas aussi assurée que sur la version équipée du même moteur et de la traction intégrale qui est de loin la configuration la mieux adaptée pour la A3. Au volant de ce modèle, le comportement routier est à la fois performant et rassurant, alors que la voiture enfile les virages avec beaucoup d'aplomb et donne cette impression de stabilité propre aux voitures à traction intégrale.
Même si le moteur de 3,2 litres développe 50 chevaux de plus que le 2,0 litres turbocompressé, on ne sent pas vraiment la puissance supplémentaire parce que le couple maximal de 320 livres/pied est livré sur une plage réduite, soit de 2 500 à 3 000 tours/minute. Des deux transmissions offertes, la boîte DSG continue d'impressionner par son degré de sophistication technique et par la rapidité des changements de vitesse. Développée dès 1985 pour la voiture de course Audi Sport Quattro S1, la boîte DSG n'a pu être intégrée aux voitures de série que récemment, et seulement en raison des progrès réalisés au cours des dernières années en électronique, ce qui permet de mieux contrôler l'embrayage.
Les ingénieurs de Audi font également grand cas de la nouvelle direction électromécanique avec assistance variable en fonction de la vitesse de la A3.
Je dois préciser que cette direction s'est avérée surassistée et empêche de bien sentir la route en virages rapides, ce qui est d'ailleurs un trait caractéristique des voitures de la marque. L'habitacle de la A3 propose la même présentation soignée et une qualité de finition sans reproches, de même qu'un tableau de bord d'inspiration TT, comme en témoignent les quatre buses de ventilation circulaires ainsi que les commandes du système de chauffage/climatisation. L'espace accordé aux passagers montant à l'arrière est très convenable, et seules les portières ? plutôt courtes ? gêneront l'accès pour les adultes.
Somme toute, il est difficile de prédire quel accueil sera réservé à la A3 au Québec, puisque son prix n'est pas encore communiqué et que les groupes d'options et les coûts qui leur seront associés n'ont pas été déterminés. Je suis toutefois d'avis que Audi rate une belle occasion en omettant d'offrir son modèle à moteur turbo avec la traction intégrale. Après tout, l'image de la marque est étroitement associée au rouage quattro.