Aston Martin Vanquish, le début de la renaissance
Même si la DB7 s'est vendue plus que toute autre Aston Martin à ce jour, elle semblait incapable de donner à cette marque britannique le prestige nécessaire afin de venir entraver les succès de Ferrari. Rachetée par Ford en 1987, la compagnie de Newport Pagnell avait connu plus de bas que de hauts. Et malgré tous ses accessits, la DB7 était trop associée aux échecs du passé pour impressionner les clients potentiels.
La situation s'est renversée du tout au tout avec le dévoilement de la Vanquish au Salon de l'auto de Genève en mars 2001. Les personnes présentes au lancement sur les quais bordant le Lac Léman ont été témoins d'une véritable résurrection. Cette fois, pas de vieux châssis rafistolés ou de discours parlant davantage du passé que de l'avenir. La voiture était spectaculaire, jolie comme ce n'est pas possible et en plus elle était la plus extraordinaire Aston Martin jamais produite.
Il faut dire que le design du styliste Ian Callum explique en bonne partie l'enthousiasme des gens. La Vanquish a retenu la calandre traditionnelle de cette marque et certains autres attributs visuels mais le résultat est moderne, dynamique, unique en son genre. Et s'il est vrai que les concepteurs de l'habitacle ont retenu les cuirs fins propres aux voitures britanniques de haut niveau, ils ont définitivement tourné le dos à l'approche rétro.
Certes, la console centrale du tableau de bord arbore une pendulette analogique, comme dans le bon vieux temps, mais le reste est définitivement moderne, notamment l'utilisation de pièces en aluminium un peu partout. Un détail en passant, il faut appuyer sur le gros bouton rouge au centre de cette console pour lancer le moteur. Et pas n'importe quel moteur.
Il est vrai que ce V12 6 litres de 460 chevaux est capable de performances à l'égale de ses rivales chez Ferrari et Lamborghini mais ses origines sont quelque peu prolétaires puisqu'il s'agit de deux moteurs Ford V6 réunis pour les besoins de la cause. C'est d'autant plus à l'honneur des ingénieurs de chez Cosworth qui ont anobli cette mécanique pour en faire l'une des références de la catégorie. Ce V12 est monté à l'avant comme le veut la tendance actuelle chez les super voitures et sa présentation extérieure est réussie avec ses collecteurs d'admission noirs en contraste avec les cache-soupapes de couleur grise. La transmission automatique a été développée conjointement par Magneti-Marelli et Ford. De type manumatique, elle se contrôle à l'aide d'ailettes de commandes placées de chaque côté du volant. Et si vous ne voulez pas jouer les Michael Schumacher, vous laissez la transmission à "Drive". Cette boîte de vitesses est même dotée d'un mode « Hiver » qui diminue automatiquement la puissance et le couple du moteur. Pour ma part, si jamais je devenais propriétaire d'une telle voiture, jamais, ô grand jamais j'aurais l'audace de la conduire en hiver. Qui sait ? Cette caractéristique peut être pratique lors d'un orage violent ou dans le cas d'une chute de neige en plein mois de juillet !
Ulrich a tenu ses promesses
Lorsqu'il a été nommé le grand patron d'Aston Martin en juillet 2000, le Dr Ulrich Bez avait promis de faire de cette marque la référence en fait de design, d'ingénierie et de performances. Cet ingénieur de réputation mondiale est arrivé à ce poste précédé de toute une réputation. Chez Porsche, entre autres, il a dirigé le développement de la Porsche 911 Turbo, de la Carrera RS, de la 968 et de la 993. Il n'est donc pas surprenant que la Vanquish soit dotée d'une carrosserie et d'une plate-forme constituée de pièces en fibre de carbone, en composite et en aluminium extrudé. Tous ces éléments sont collés et la rigidité de ce monocoque est hors norme.
Il est vrai que le Dr Bez est arrivé une année seulement avant le lancement de la Vanquish et que la plupart des décisions techniques avaient été prises. Mais puisqu'il agissait à titre de consultant pour Ford avant de déménager ses pénates à Newport Pagnell, le château fort de la marque, il a certainement eu son mot à dire avant d'entrer en fonction.
Quoi qu'il en soit, il a tenu parole puisque le dévoilement de la Vanquish a permis à la marque d'être autre chose qu'un nom au passé glorieux. Elle a dorénavant un avenir prometteur.
Au printemps 2004, lors du Salon de Genève, une Vanquish de couleur orangée était stationnée devant un hôtel chic de cette ville et elle volait aisément la vedette à une Ferrari 456 M stationnée juste derrière ! Pour une fois, j'ai eu un coup de coeur, un vrai cette fois. Pas une petite passée. Si jamais j'avais les moyens ! Mais, même si cela se produisait, il me faudrait attendre car la production annuelle est limitée à 300 et la liste des prétendants est longue.
Il faut également ajouter que la fiabilité abominable des modèles antérieurs n'est plus une source d'inquiétude. La DB7 s'est taillé une réputation correcte à ce chapitre et l'arrivée d'un homme comme le Dr Bez à la tête de l'entreprise sert de caution morale.
Mais le plus important dans cette voiture, c'est que son ramage est à la hauteur de son plumage. Elle boucle le 0-100 km/h en moins de cinq secondes, possède une vitesse de pointe excédant les 300 km/h tandis que sa tenue de route est capable de satisfaire les plus exigeants. Si cela ne réussit pas à vous convaincre, elle est docile en conduite de tous les jours même si la visibilité n'est pas son point fort. Ce qui devient angoissant dans la circulation compte tenu du prix de la voiture?
Mais à un peu moins de 350 000 $, il faut bien trouver quelque chose à redire !