Bentley Continental GT et Flying Spur, tout pour un puits de pétrole
La marque de Crewe en Angleterre, fondée par Walter Owen Bentley en 1919, s’est surtout illustrée en course automobile, particulièrement à la célèbre épreuve des 24 Heures du Mans qu’elle a remporté à cinq reprises entre 1924 et 1930. Ces victoires au Mans sont d’ailleurs à l’origine de l’appellation de certains modèles de la marque, Mulsanne et Arnage étant les noms de virages du circuit. La marque Bentley a beau avoir ses origines en Angleterre, il n’en demeure pas moins que les deux dernières créations de Bentley ont une saveur tout à fait germanique, ce constructeur de voitures de prestige étant passé aux mains du groupe Volkswagen en 1999.
Bentley a également fait un retour aux 24 Heures en 2003, remportant la victoire après une absence de 73 ans, mais cette voiture n’avait en fait de Bentley que le nom puisqu’elle a été élaborée sur la base des Audi victorieuses au Mans lors des années précédentes, et que son aérodynamique a été développée dans les installations de Audi Motorsport. Cette filiation entre Audi et Bentley s’expliquant évidemment par le fait que le constructeur britannique fait partie du portefeuille de marques du groupe Volkswagen. Et qu’un sérieux coup de marketing s’imposait afin de redorer le blason de Bentley en vue de vendre les nouveaux modèles de la marque comme la récente Continental GT, dont le lancement en 2003 suivait de quelques mois la victoire aux 24 Heures...
Deux modèles exclusifs…
Bentley offre donc la Continental GT, un coupé sport à quatre places, de même qu’une version berline de cette même voiture appelée Continental Flying Spur. Une cavalerie de 552 chevaux et la traction intégrale sont au programme, et les principaux éléments retenus pour ces deux modèles proviennent directement de l’entrepôt de pièces développées pour d’autres modèles Audi et Volkswagen. Ainsi, la plate-forme de la Continental GT est dérivée de celle de la Audi A8 et le moteur W12 de 6,0 litres provient de la défunte Phaeton, les ingénieurs ayant toutefois pris soin d’y greffer deux turbocompresseurs. Ce moteur à configuration W12 est essentiellement réalisé par le jumelage de deux moteurs VR6 qui partagent le même vilebrequin, et cette architecture unique en fait un moteur très compact, moins long qu’un V12 ou même qu’un V8 habituel.
On retient surtout que cette version du moteur W12 développe un couple phénoménal de 479 livres/pied dès les 1600 tours/minute, ce qui est un exploit remarquable sur le plan technique. Quant au rouage intégral, il provient bien évidemment de chez Audi qui a par ailleurs développé une nouvelle boîte automatique à six rapports plus compacte en localisant le convertisseur de couple derrière le différentiel plutôt que devant.
Exclusifs et assoiffés…
La Flying Spur possède un empattement allongé de plus de 12 pouces (3 048mm) par rapport à la GT, et elle est également plus longue de près de 20 pouces (5 080mm), ces dimensions supérieures permettant d’ajouter plus de dégagement pour les jambes des passagers assis à l’arrière. En mettant l’accélérateur au plancher, on observe à la fois la montée en régime du moteur de même que l’ascension de l’indicateur de vitesse, alors que l’aiguille du niveau de carburant semble suivre la trajectoire inverse. À ce moment précis, l’indicateur de la consommation immédiate nous informe que celle-ci se situe à 49,4 litres aux 100 kilomètres, mais j’ai tout de même enregistré une moyenne de 19,8 litres aux 100 en adoptant une conduite plus retenue. Pour ce qui est du comportement routier, ce fut une cruelle et amère déception, la Flying Spur n’étant pas très performante en tenue de route malgré le fait qu’elle soit équipée de pneus surdimensionnés à profil bas et de la traction intégrale.
Même le confort laissait à désirer, l’harmonie entre ces pneus Yokohama et les suspensions à ressorts pneumatiques avec amortisseurs calibrés par ordinateur n’étant pas des meilleures. Le résultat, c’est que la Flying Spur s’accommode mal des routes dégradées de la belle province, la moindre lézarde étant télégraphiée dans le châssis au point d’engendrer des bruits de caisse, ce qui est simplement inacceptable pour une voiture de ce prix, et ce, même si notre voiture d’essai affichait plus de 11 000 kilos au compteur.
Style et présence assurés
Ce qui n’a pas déçu, c’est le style et la présence de la Flying Spur qui n’a pas manqué de faire tourner les têtes. L’habitacle de notre voiture d’essai était aussi un modèle de luxe et de volupté, les sièges de cuir perforés étant à la fois chauffants et climatisés, à l’avant comme à l’arrière. J’ai cependant noté deux autres déceptions : les paliers de changements de vitesse sont identiques à ceux de la Lamborghini Gallardo et comme ils sont fixés à la colonne de direction, ils ne suivent pas le mouvement du volant, ce qui oblige que l’on délaisse parfois le volant pour changer de rapport en sortie de virage en conduite sportive. De plus, le système de navigation assisté par satellite était inefficace, puisque seuls les noms des grandes artères apparaissaient à l’écran témoin. En outre, le système fait appel à toute une série de CD-Rom pour couvrir l’ensemble de l’Amérique du Nord, ce qui exige un changement de CD chaque fois que l’on change de région, alors qu’à peu près tous les systèmes de navigation offerts aujourd’hui nécessitent un seul DVD capable de couvrir l’Amérique du Nord au complet !
Et maintenant voici la question qui tue, comme dirait l’autre : à plus de 200 000 dollars l’unité, le jeu en vaut-il la chandelle ? À mon avis, la réponse est non. Ayant eu l’occasion de conduire la Flying Spur et la Mercedes-Benz S550 durant la même semaine, je dois dire que j’ai largement préféré la Mercedes qui était tout aussi luxueuse, confortable et performante, mais qui permettait à l’acheteur d’économiser la bagatelle de 100 000 dollars, soit de quoi faire le plein de la Classe S pendant plusieurs années…
feu vert
Style unique
Traction intégrale de série
Habitacle spacieux
Finition soignée
feu rouge
Poids très élevé
Consommation phénoménale
Prix très élevé
Bruits de caisse
Sonorité du moteur peu présente