Suzuki Kizashi 2012- Le modèle de prestige de la marque
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Il n'est pas besoin d'être un grand connaisseur de l'actualité automobile au Canada pour savoir que la compagnie Suzuki a déjà connu des jours meilleurs. En effet, au cours des deux dernières années, une chape de plomb semble s'être abattue sur la division canadienne de ce constructeur. En plus d'avoir adopté la loi du silence quant à ses nouveaux produits, ses relations avec la presse étaient limitées à leur plus simple expression. D'ailleurs, les ventes de Suzuki dans notre pays ont décliné de plus de 30 % en une année. Mais voilà qu'on doit s'attendre à des changements : un nouveau président est arrivé au pays au début de 2011 et ce dernier à la ferme intention de renverser la vapeur.
Satoshi Shimizu est ce nouveau président et il possède une expérience dans la vente au détail. Il a amorcé sa carrière chez un concessionnaire avant de joindre Suzuki en 1986. Depuis ce temps, il a occupé de nombreux postes, notamment à titre de responsable de la mise en marché en Allemagne et dans plusieurs autres régions européennes. Son but en arrivant au Canada est d'augmenter les ventes et de combler le retard que Suzuki a pris sur notre marché.
Le secret : une approche locale et régionale
Monsieur Shimizu s'est immédiatement mis à la tâche lors de son arrivée au printemps et ses gestes ont connu du succès. En effet, alors que le marché en général connaissait une baisse, les ventes des véhicules Suzuki au Canada ont progressé de 14 %. Il est vrai que le pourcentage est toujours plus important lorsque le nombre d'unités est relativement bas au départ, mais cela a renversé une tendance à la baisse qui s'était établie depuis plusieurs mois.
L'une des stratégies utilisées a été de créer des activités au niveau régional et même local afin que les concessionnaires Suzuki puissent sensibiliser leur entourage à leur présence. Parfois ce sont des tirages, parfois ce sont des activités caritatives impliquant un ou plusieurs concessionnaires. Le but est d’inciter les gens à visiter les salles de démonstration de la marque. Suzuki Canada, on sait qu'on ne peut dépenser autant d'argent que les compagnies les plus importantes sur notre marché. On préfère utiliser ces investissements plus modestes qui sont d'une grande efficacité.
Cette façon de faire est basée sur le fait que si les gens visitent un concessionnaire et font l'essai d'un produit Suzuki, le taux de vente est plus élevé que la moyenne de l'industrie. On prétend également avoir des véhicules possédant des caractéristiques uniques, capables d'intéresser un grand nombre d'acheteurs.
C'est ainsi que la SX-4 est le seul le véhicule de sa catégorie à proposer une traction intégrale, du moins sur la version hatchback cinq portes. Pour sa part, le Grand Vitara est le seul VUS compact propulsé par un moteur quatre cylindres à avoir une capacité de remorquage de 3 000 livres (1 360 kg). De plus, son châssis monocoque est renforcé de longerons intégrés qui en font un véhicule très robuste tandis que son rouage intégral est l'un des plus sophistiqués de la catégorie.
Ce duo est complété par la berline Kizashi qui est sur notre marché depuis un peu plus de deux ans et qui, elle aussi, tente de se démarquer par des caractéristiques uniques. C'est d'ailleurs ce dernier modèle que nous avons conduit lors d'une rencontre avec les dirigeants de la compagnie qui nous ont présenté leur plan d'action pour les prochains mois.
Victime de la perception des gens
Lorsque cette berline a été dévoilée, l'unanimité s'est faite à son sujet : c'est le meilleur véhicule Suzuki jamais commercialisé au Canada. De plus, même si son moteur de 2,4 litres n'est pas le plus puissant de sa catégorie, son rendement est correct. Par contre, la plupart des observateurs ont déploré un prix trop élevé de nature à décourager les acheteurs potentiels. L'an dernier, on a tenté d'étoffer l'offre en proposant une version Sport dotée d'une boîte manuelle et de la traction aux roues avant seulement. Mais son prix était encore plus élevé...
Sans vouloir insulter les responsables de Suzuki, une voiture similaire vendue sous la bannière Toyota ne se serait pas attirée de telles critiques. Mais compte tenu de la réputation de Suzuki et du manque d'information quant à la dévaluation probable de la Kizashi, il semble qu'il aurait été plus sage d'offrir un modèle un peu plus dépouillé et au prix plus compétitif.
Cette année, on a conservé le modèle Sport mais celui-ci est, comme les deux autres modèles au catalogue (S et SX), équipé d'une transmission automatique de type CVT et du rouage intégral. Cette solution est la plus logique, puisque la transmission intégrale de cette berline peut être désactivée pour diriger le couple uniquement aux roues avant.
Un bel équilibre
La Kizashi est une berline possédant des lignes relativement élégantes et bien équilibrées. Certains ont critiqué la grille de calandre avec la lettre S stylisée en plein centre, mais, à mon avis, il y a pire. On peut la juger trop sobre, mais même après une couple d'années sur le marché, elle ne s’est pas trop démodée, signe d’une silhouette réussie. L'habitacle est de même mouture alors que les stylistes ont résisté à vouloir trop en mettre. C'est sobre et discret tandis que l'ergonomie est dans la bonne moyenne de l'industrie. Comme le veut la tendance actuelle, les rayons du volant possèdent différentes commandes permettant de régler le système téléphonique, la radio et le régulateur de croisière. Il faut également souligner que les sièges avant sont confortables et fournissent un bon support latéral tout en assurant une bonne position de conduite. Quant à la finition elle-même, il n'y a pas grand-chose à reprocher.
Lors d’un bref essai d'une centaine de kilomètres, nous avons conduit le modèle Sport, donc le plus équipé. Il est vrai que les prestations du moteur ne sont pas nécessairement à la hauteur de l'identification Sport affublée à ce modèle, mais c'est quand même adéquat. Le 0-100 km/h se boucle en moins de 10 secondes. Quant à la transmission CVT, elle est dans la moyenne de la catégorie et il est possible de passer les rapports simulés à l'aide des palettes placées derrière le volant.
Sur la route, la voiture est neutre et elle se conduit au doigt et à l'œil. De plus, sa suspension est assez confortable ce qui la rend assez bien adaptée aux routes du Québec. En fait ce qu'on peut reprocher à cette voiture, c'est de ne pas se démarquer suffisamment. Elle fait tout relativement bien et même que sous certains aspects, elle est supérieure à la moyenne de la catégorie. Mais il lui manque un petit quelque chose qui pourrait inciter l'acheteur à signer au bas de la page.
Chez Suzuki, on a beau comparer ce modèle à différents autres concurrents directs sur le marché, il sera difficile de convaincre les gens surtout en raison des prix demandés qui s'étalent de 28 000 $ à 33 000 $. Et comme on sait que souvent la mise en marché d'un produit est une histoire d'images, l'idéal serait sans doute avoir un modèle d'environ 25 000 $ doté d'un équipement moins complet et de proposer une authentique version Sport avec un moteur turbo d'au moins 225 chevaux pour lui donner un peu plus de prestige.
Si l’on veut terminer sur une note positive, certains des modèles présentement offerts par Suzuki seront remaniés au cours de 2012, ce qui devrait créer plus d’achalandage dans les salles de démonstration, ce qui ne devrait pas nuire à la Kizashi.