Bentley Mulsanne 2012, au diable la dépense!
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Il y de cela très longtemps, les gens riches qui désiraient se démarquer au volant de leur automobile faisaient appel à des carrossiers indépendants (coachbuilders). Ces derniers, moyennant beaucoup, beaucoup de sous, dessinaient une carrosserie et un habitacle au goût du client. Aujourd’hui, cette pratique est pratiquement disparue mais il est toujours possible pour les gens doués pour la fortune de rouler dans une voiture unique.
La semaine dernière, Bentley, par l’entremise de Décarie Motors de Montréal, donnait la chance à quelques journalistes de faire l’essai de quelques-unes de ses créations. Après avoir passé un peu de temps au volant d’une Flying Spur Serie 51, www.guideautoweb.com a pu faire l’essai de la nouvelle Mulsanne. Contrairement à ce que peut laisser supposer le paragraphe d’introduction, la Mulsanne n’est pas une voiture unique. Elle est fabriquée en petite série. Mais à voir la réaction des gens que nous avons croisés, nous nous sentions au volant d’une voiture unique!
Mentionnons tout d’abord que la Mulsanne, qui remplace la vieillissante Arnage, est imposante. Gigantesque serait plus approprié. Se garer demande un certain doigté, mais les nombreux capteurs ici et là sur les pare-chocs avisent le conducteur (ou la conductrice, bien entendu!) des objets qui pourraient abîmer la superbe peinture. Après tout, une Mulsanne de plus de 400 000$ avec une « scratch » sur un pare-chocs, ça fait un peu bizarre!
Le charme de la tradition anglaise
L’intérieur de la voiture est, lui aussi, atteint de gigantisme. Si vous manquez de place à son bord, c’est un autobus que ça vous prend! Même si la Mulsanne a droit aux toutes dernières technologies, on s’est efforcé, à l’usine de Crewe en Angleterre, de ne pas trop le laisser paraître. Le tableau de bord présente un charme suranné avec son bois véritable recouvert d’innombrables couches de laque. Les boutons sont faits de chrome, et pas de plaqué. Selon des sources dignes de confiance (?), l’AMV (Association Mondiale des Vaches) s’apprêterait à déposer une injonction contre Bentley pour utilisation abusive de cuir… En passant, la chaîne audio Naim, une marque écossaise, ravira les marteaux et enclumes les plus difficiles.
Les sièges sont hyper accommodants et ajustables de multiples façons. Trouver une position de conduite parfaite n’est pas donc pas un problème. À l’arrière non plus, il n’y a pas grand problèmes… L’espace est plus que suffisant et le confort est indescriptible. La quantité de boutons de réglages impressionne et, en même temps, insécurise tant l’expérience est hors de l’ordinaire… Le coffre, curieusement, n’est pas très vaste et il est impossible d’abaisser les dossiers pour l’agrandir. Mais j’imagine qu’il est assez rare de voir le propriétaire d’une Mulsanne acheter des 2x4 chez RONA et les transporter dans sa voiture…
Ça, c’est du moteur!
Une Mulsanne, on l’a vu, c’est gros. Et ça pèse près de trois tonnes. Et pour déplacer près de trois tonnes, ça prend un moteur. Un gros moteur. Les ingénieurs de Bentley auraient, selon mes sources, essayé un moteur de smart, mais auraient finalement opté pour quelque chose d’un peu plus substantiel. Le V8 de 6,8 litres (ou, pour respecter la tradition, de 6 ¾ litres) développe 505 chevaux et 752 livres-pied de couple dès 1750 tours/minute. La transmission est une automatique (qui oserait même penser à une manuelle…) à huit rapports.
Dire que la Mulsanne est puissante serait l’euphémisme du siècle. Lorsqu’on enfonce l’accélérateur, on est tout d’abord surpris par l’immobilisme de la voiture. Pendant environ une seconde, il ne se passe pas grand-chose. Un peu comme si l’ordinateur de bord se demandait ce qui se passe. Puis, soudain, il réalise qu’on lui demande d’activer la machine. « Ah, c’est ça que vous voulez? Ben, accrochez-vous, je vais y aller! » Et là, ça décolle. La masse s’arrache de l’inertie avec une force rarement vue. Et alors qu’on se demandait, il y a à peine une seconde, si ça allait avancer, on se retrouve soudain avec un odomètre indiquant les 60-70-80-90 km/h. Le 0-100 est abattu en 5,0 secondes (6,0 avec les roues de 21 pouces). Rendu à 150, on commence à se demander si la voiture s’essoufflera un moment donné. Puis, à 180 on relâche l’accélérateur par crainte de la répression policière. Et la Mulsanne aurait facilement pu nous tenir en haleine jusqu’aux 296 km/h promis par Bentley.
Plus puissante que sportive
On ne peut pas dire que cette voiture soit une sportive. Elle est trop lourde pour démontrer une telle aptitude. En plus, la direction est trop assistée et procure trop peu d’information pour être vraiment agréable, ce qui dilue l’agrément de conduite. Les suspensions, on s’en doute, privilégient le confort. Le Confort, avec un grand « C »…
Un coin de rue tourné trop rapidement démontre un certain roulis, mais on serait en droit de s’attendre à bien pire. Les freins sont étonnants d’efficacité malgré un son de ressort qui étonne un peu l’essayeur qui simule un arrêt d’urgence à partir de 100 km/h. Malgré tout, les distances sont tout à fait acceptables même si une utilisation sur une piste aurait sans doute tôt fait de les faire souffrir.
Mais on ne se promène pas en Bentley Mulsanne pour le simple plaisir d’écouter la chouette sonorité feutrée de l’échappement en pleine accélération. Les trous et les bosses de notre réseau routier sont avalés par les suspensions avec bonheur et le silence de coffre-fort de l’habitacle est impressionnant, peu importe le type de revêtement sur lequel la voiture roule.
Avant de terminer ce tour d’horizon de la nouvelle Bentley Mulsanne, www.guideautoweb.com désire vous aviser qu’à moins de posséder des moyens financiers bien au-delà de la moyenne, on ne peut que rêver d’une telle bagnole. Certes, le prix de 358 595$ a de quoi rebuter, mais il faut aussi penser à la consommation démentielle de ce paquebot (32,2 litres/100 km, en ville et avec de très fortes accélérations faut-il avouer) qui ne se contente que de super. Et, surtout, il faut envisager le coût des réparations et de l’entretien. Mais si on pense à de telles futilités, c’est sans doute que la Bentley Mulsanne n’est pas pour nous. En tout cas, elle n’est pas pour l’auteur de ces lignes. Malheureusement. Oh, et si vous êtes un privilégié qui avez les moyens de penser à la Mulsanne, n'oubliez pas que le carrossier Mulliner modifie, moyennant un léger supplément, les Bentley selon les goûts des clients...