Ford Fusion vs Mazda6 2011- Des jumeaux qui s'ignorent
Beaucoup sont surpris d’apprendre que la première Ford Fusion avait emprunté sa plate-forme à la Mazda6. Il faut se rappeler que Ford était l’actionnaire majeur du constructeur nippon et que les deux compagnies s’étaient associées pour la conception d’une multitude de modèles. Cela explique également pourquoi les Focus ont toujours été dérivées de la très populaire Mazda3 – d’ailleurs, la toute nouvelle version de la Focus est une variante modifiée de la Mazda3 européenne. Mais puisque ces deux constructeurs sont dorénavant indépendants l’un de l’autre, cette collaboration risque de disparaître.
Ce n’est pas parce que deux voitures partagent une même plate-forme qu’elles sont des copies conformes, bien au contraire. D’ailleurs, dans la première génération de la Fusion, les ingénieurs de Dearborn avaient fort bien adapté les caractéristiques relativement sportives de la Mazda6 en concoctant une suspension plus souple qui offrait tout de même une très bonne tenue de route. Depuis le lancement de la Fusion en 2006, beaucoup de changements ont été effectués et la Mazda6 a pris du coffre. En fait, elle est devenue la plus grosse des deux, et la plus lourde également, lors de sa révision majeure d’il y a trois ans.
Voilà qui remet en cause le mythe de la grosse Américaine et de la petite Japonaise. Mais il faut relativiser le tout. La différence entre ces deux voitures n’est pas énorme. L’empattement de la Mazda6 est plus long de 72 mm tandis que la longueur hors tout de la japonaise est supérieure de 114 mm. C’est que Mazda a décidé de grossir sa berline intermédiaire en 2009 afin de profiter d’une part de marché occupée par les Toyota Camry et Honda Accord, plus grosses que la Mazda. Heureusement, ces modifications n’ont eu aucune incidence négative sur son élégance et sa tenue de route.
Comment comparer ces deux modèles qui, s’ils ont plusieurs points communs, sont néanmoins fort différents l’un de l’autre?
Les goûts ne se discutent pas
Pas facile de comparer l’esthétique extérieure et intérieure de ces deux voitures tout en restant neutre et impartial. Les stylistes qui ont conçu la Fusion ont voulu créer un véhicule d'allure familiale. Dans la hiérarchie des modèles Ford, cette voiture est destinée à la famille, et n’a aucune prétention sportive. On retrouve la calandre traditionnelle de Ford, avec ses trois bandes horizontales, tandis que la section arrière est relativement sage. En fait, seuls les feux triangulaires donnent un peu plus de personnalité à l'ensemble.
En ce qui a trait à la Mazda6, c'est une tout autre histoire. Les designers d'Hiroshima avaient pour mission d'accentuer le caractère sportif – l’aspect « Zoom Zoom » – propre à toute voiture de cette marque. La partie avant plonge vers le sol tandis que le look de la calandre est nettement plus dynamique sur la Mazda que sur la Ford. À l’arrière, la ligne de toit est plus agressive et on a presque l'impression d'avoir affaire à un modèle hatchback.
La silhouette plus agressive de la Mazda signifie par contre que l'accès aux places arrière est plus difficile en raison d’un pavillon plus bas qui nous oblige à nous pencher davantage pour prendre place à bord. Mais une fois assis dans le siège du conducteur, force est d'admettre que la présentation générale est beaucoup moins sobre que dans la Fusion. Le volant, avec ses appliqués en aluminium sur ses rayons, ses deux cadrans à fond noir cerclé de blanc, sa console centrale également relevée par un cadre en aluminium, donnent un impact plus fort à cette présentation.
Cela ne signifie pas que l'intérieur du Ford soit moins intéressant, il est simplement plus discret. Il reprend presque les mêmes recettes que celles utilisées par les stylistes de Mazda, mais avec moins de punch. Bien que les cadrans indicateurs soient électroluminescents, il reste qu’il y a beaucoup plus de plastique gris dans la Fusion. Cela dit, en fait de qualité d'assemblage et de matériaux, difficile de départager les deux voitures : c'est un match nul.
Comme il s'agit de véhicules à vocation familiale, il est intéressant de vérifier la capacité des coffres à bagages. Encore là, on peut déclarer qu’il y a égalité, puisque la Fusion possède un coffre de 467 litres tandis que celui de la Mazda peut en contenir 469.
Diversité et uniformité
Dans le cadre des choix de moteurs, la Fusion l’emporte toutefois sans conteste. On peut commander cette berline avec un moteur hybride, un moteur quatre cylindres de 2,5 litres, un V6 de 3,0 litres et un autre de 3,5 litres. Dans le cas de la Mazda, l'offre est beaucoup plus simple. Il y a d'abord les modèles équipés du moteur quatre cylindres de 2,5 litres. C’est le même que celui de la Fusion puisque, dans le cadre de leur entente, Mazda développait les moteurs quatre cylindres pour Ford. Ensuite, il est possible de commander une Mazda6 avec un moteur V6 de 3,7 litres, celui-ci développé par Ford.
Dans le cadre de cette comparaison, nous nous baserons sur le moteur de 2,5 litres. Chez Mazda, il est possible de le commander avec une boîte manuelle à six rapports ou encore avec l'automatique à cinq vitesses. Sa puissance est de 170 chevaux. Installé sous le capot de la Ford, ce même moteur produit cinq chevaux de plus et peut être associé à une boîte manuelle ou automatique à six rapports. En théorie, la Fusion a un léger avantage au plan de la puissance et un peu plus de raffinement en fait de boîte automatique. Par contre, la Mazda se montre un peu plus rapide dans le cadre du 0-100 km/h, mais concède quelques dixièmes de seconde à la Ford pour boucler le 80-120 km/h. Cependant, quand vient le temps de freiner, il faut 3,7 mètres de moins pour immobiliser la Mazda lorsqu'on roule à 100 km/h. Finalement, en matière de consommation de carburant, la Fusion devrait consommer 1,0 litre de moins par 100 km.
C'est presque un match nul en ce qui a trait aux performances, mais Ford conserve un léger avantage en fait de consommation de carburant. Toutefois, ces derniers résultats dépendent également du style de conduite. À cause de cette variable, il est possible de conclure, une fois de plus, à la quasi-égalité. Reste maintenant à les départager sur la route.
Place au « Zoom Zoom »
Vous avez remarqué qu’on ne mentionne pas « Vroom Vroom » lorsqu’il est question de Mazda, même si c’est cette onomatopée qui est utilisée dans les publicités de la marque au Québec. Je ne suis pas d'accord avec cette approche qui évoque davantage une Chevrolet Camaro à moteur V8 qu'une voiture japonaise qui mise sur l'agilité et la subtilité en matière de conduite. Dans mon esprit, « Zoom Zoom » – utilisé dans les publicités anglaises – est plus approprié et pas moins français que « Vroom Vroom ».
Mais trêve de balivernes. Nous avons choisi, pour notre comparaison, le moteur quatre cylindres de 2,5 litres car, dans les autres variantes, il est difficile de trouver un équivalent. Et nous comparerons deux versions équipées d'une boîte automatique. Même si celle de la Mazda comprend un rapport de moins que la transmission de la Ford, son usage est presque similaire en matière de vitesse, de réaction et de douceur des passages des rapports. De plus, on ne peut passer sous silence la qualité de la boîte manuelle de ce modèle. Comme sur tous les modèles Mazda, celle-ci est un plaisir à manipuler.
Quant à la Ford, sa transmission est sans reproche, les changements de vitesse se font sans à-coup et le sixième rapport permet d'optimiser la consommation de carburant. C’est d’ailleurs ce qui explique la différence de consommation entre les deux. Mais au niveau des émotions, la Mazda l'emporte haut la main. Curieusement, c'est le modèle doté du moteur quatre cylindres qui est le plus impressionnant à conduire, le plus nerveux et celui qui adhère le mieux au bitume. Une version GT à moteur quatre cylindres devrait vous impressionner.
Ajoutons que chez la Mazda, la direction est plus précise, la suspension plus sportive et un peu plus rigide que la majorité des voitures de cette catégorie. Si vous préférez une voiture un peu plus bourgeoise, mais qui tient quand même la route d'excellente façon, vous apprécierez la Ford Fusion qui fait preuve de plus de bonhomie dans son comportement routier. À son volant, on a l'impression de conduire une berline beaucoup plus grosse, beaucoup plus luxueuse, et se vendant à un prix plus élevé. Au volant de la Mazda, ces pensées ne nous effleurent même pas l'esprit tant on s'amuse à la piloter. On est enivré par le plaisir d’anticiper les prochaines courbes sur une route sinueuse.
En fin de compte, le verdict est relativement simple. Si vous cherchez une berline confortable, bien insonorisée et dotée d'une suspension qui pardonne, vous aimerez la Ford Fusion. Et sachez que ce modèle brille encore davantage dans sa version à moteur hybride, le meilleur de sa catégorie. Toutefois, les gens qui apprécient la conduite plus nerveuse, la tenue de route et les silhouettes plus raffinées opteront pour la Mazda6, plus sportive d'allure et de comportement.