Ford Edge 2011, un voisin qu'on apprend à connaître...
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Il y a une dizaine d’années, les VUS avaient la cote. Ces véhicules utilitaires sport permettaient aux gens d’aller dans des endroits auparavant inaccessibles tout en procurant le confort d’une automobile. Puis, avec l’habitude, il est aujourd’hui de mise qu’un véhicule utilitaire, peu importe sa catégorie, offre une traction phénoménale, un raffinement suprême et une sportivité à l’avenant. Pourtant, malgré le « sport » dans l’appellation « véhicule utilitaire sport », bien peu de ces utilitaires peuvent revendiquer un comportement vraiment sportif. Et l’Edge de Ford ne fait pas exception à la règle malgré une certaine agilité.
Mais avant d’aborder la question du comportement routier, mentionnons que les modifications assez substantielles apportées l’an dernier à la carrosserie du Edge le servent très bien. C’est moderne et ça devrait bien vieillir. À l’avant, les changements sont plus importants et l’arrivée de deux bandes de lumières à LED apporte une touche de classe bienvenue. À l’arrière, les altérations sont infiniment plus discrètes. C’est surtout le tableau de bord qui a été le plus affecté. Désormais, les jauges qui font face au conducteur sont digitales et il est possible de choisir entre plusieurs menus. Elles sont empruntées à la Ford Fusion Hybrid et il y a fort à parier que lorsque le conducteur aura trouvé l’information qui lui convient, il évitera de jouer dans les différents niveaux des menus malgré la relative simplicité d’opération. En tout cas, c’est ce que j’ai fait.
Comme je me plais à le répéter depuis environ un an, je n’ai aucune affinité avec le système MyFord Touch qui gère une foule de paramètres et qui peut répondre à 10 000 commandes vocales. Impressionnant. Ce le serait encore plus si j’étais capable de m’y retrouver sans avoir à potasser le Guide du propriétaire à toutes les cinq minutes. J’ai l’impression que le MyFord Touch (baptisé MyLincoln Touch chez Lincoln) est un « trip » d’ingénieurs qu’on a lâchés « lousses » avec un budget illimité. C’est ainsi qu’on se retrouve avec une piscine olympique avec un tremplin de trois mètres pour deux poissons rouges…
En plus, on a maintenant droit à des touches sensibles au toucher pour régler la climatisation. C’est, encore une fois, très beau mais ces touches ne sont absolument pas intuitives. Il faut chaque fois quitter la route des yeux pour voir où on met le doigt. De petites dépressions ou une courbure différente permettraient au doigt fouineur de savoir sur quel bouton il s’apprête à appuyer.
Pour le confort
Nonobstant ces irritants, la vie à bord du Edge se déroule fort agréablement. La qualité des matériaux est relevée et l’assemblage, autrefois la bête noire de Ford, est maintenant très correct. L’habitacle est silencieux et il faudrait vraiment chercher les bibittes pour ne pas le trouver confortable. L’Edge se décline en quatre niveaux d’équipement (SE, SEL, Limited et Sport). Le premier est offert uniquement avec les roues avant motrices, les SE et SEL sont proposés autant en versions traction (roues avant motrices) qu’avec l’intégral. Le modèle Sport, lui, est invariablement à rouage intégral, ce qui est une bonne nouvelle compte tenu de son moteur plus puissant.
Pour la puissance
Sous le capot de la plupart des livrées, dont celle que nous avons essayée, Ford fait confiance à son V6 de 3,5 litres qui développe 285 chevaux et 253 livres-pied de couple, ce qui est amplement suffisant pour offrir des performances viriles à cette grosse boîte. La transmission, une automatique à six rapports, est généralement très professionnelle mais qui, à l’occasion, mettait un peu trop de temps à se décider à passer les rapports. Aussi, il lui arrivait d’être un peu brusque en passant les rapports inférieurs, autant en montée qu’en rétrogradation. Notre modèle d’essai était doté du rouage intégral qui, sans le transformer en Jeep Wrangler Rubicon, lui permettait de passer à travers nos hivers sans coup férir. D’ailleurs, à bord de l’Edge, on ne retrouve pas de boîtier de transfert à gamme basse, gage de virées mémorables dans les champs boueux. Le seul gage que l’Edge pourrait procurer, c’est celui de s’embourber assez rapidement! À la remise des clés du véhicule après une semaine d’essai, celui-ci avait englouti 12,8 litres tous les 100 km, ce qui est passablement élevé, surtout en considérant que nous ne l’avons aucunement « brassé ».
Il faut dire que l’Edge, un véhicule à cinq places, est très lourd et que ça sent dès qu’on le pousse le moindrement. La tenue de route est très correcte, le roulis en courbe est bien maîtrisé et le système de contrôle de la traction est efficace sans être trop intrusif. La direction est un peu vague et pas suffisamment bavarde sur le travail des rues. La direction hydraulique devient un peu dure au centre, ce qui est le propre de ce type de direction, mais à moins de faire du slalom avec le véhicule, bien peu de gens le remarqueront! Les freins qui, avant la refonte de cette année, figuraient parmi les plus cancres de la planète ont fait d’énormes progrès et stoppent maintenant l’Edge dans des distances respectables (42,9 mètres selon l’AJAC pour passer de 100 à 0 km/h, ce qui est dans la bonne moyenne compte tenu du poids élevé du véhicule).
Pour le prix?
Est-ce que l’Edge est un véhicule recommandable? Oui, sans hésiter. Sauf que (il y a toujours un « sauf que »!) il ne faudrait pas trop se surprendre de se retrouver avec une facture assez salée. Notre exemplaire, un Limited TI (pour Traction Intégrale) coûtait 39 799$. Ajoutons à cela l’ensemble Tourisme (toit panoramique et système de navigation à commande vocale) à 1850$, l’ensemble Vision (qui détecte s’il y a un véhicule dans les angles morts) à 650$, les tapis en caoutchouc à 100$, un chauffe-moteur ici, un ensemble remorquage catégorie II là, un petit régulateur de vitesse adaptatif par-dessus le tas, un système audiovisuel dans les appuie-têtes tant qu’à y être! Finalement, on se retrouve avec un véhicule de 49 079$, avant le transport et la manutention et les inévitables taxes. Et le modèle Sport peut être encore plus dispendieux si on a le crayon trop optimiste. À ce prix-là, un Ford Explorer à sept places pourrait être une alternative très intéressante…
À son arrivée en 2008, le Ford Edge était déjà bien né. Les modifications apportées cette année ne sont pas spectaculaires mais le bonifient grandement. Il consomme encore un peu trop, il pourrait perdre une centaine de kilos que personne ne s’en plaindrait et il peut vous vider un compte de banque assez rapidement. Mais il est tellement sympathique qu'on lui pardonne bien des choses. J’ai déjà eu un voisin comme ça…