Maybach 57: 62 2011: Y a-t-il un moteur sous le capot ?
Bentley et Rolls-Royce jouissent d’une réputation enviable dans le petit monde des voitures très haut de gamme et doivent leur popularité actuelle à leur riche passé. Lorsque Mercedes-Benz a décidé d’investir ce créneau, pour le moins restreint mais tellement lucratif, la marque germanique a choisi de ressortir des boules à mites un nom autrefois prestigieux, Maybach. Or, Maybach a beau être bien connu en Allemagne, c’est loin d’être le cas ailleurs. En fait, seuls quelques maniaques de voitures anciennes savent que la marque Maybach a produit certaines des bagnoles les plus marquantes des années 1920, 30 et 40.
Mais le nom Maybach n’est pas mal choisi pour autant puisque Wilhelm Maybach et Gottlieb Daimler ont collaboré aux prémices de l’automobile en créant, entre autres, le riding car, une sorte de motocyclette à moteur monocylindre vertical en 1885. En 1909, Maybach crée sa propre marque de prestige. Il décède le 29 décembre 1929. Voilà pour l’origine du nom, bien choisi mais peu connu.
Maybach aujourd’hui
Les Maybach actuelles ne connaissent pas le succès escompté, en grande partie parce que le lien, surtout visuel, avec la Mercedes- Benz Classe S est trop évident. En effet, la Maybach repose sur la plate-forme allongée d’une Classe S. En plus, cette dernière lui fournit son V12, nous y reviendrons. Dans ce monde, les changements sont plutôt évolutifs. Mais cette année, grosse révolution, la partie avant est remaniée : le capot est un peu surélevé, la grille de calandre est différente et la partie inférieure du pare-chocs montre deux rangées de lumières à DEL. Les changements à la partie arrière sont des plus discrets mais même s’ils avaient été plus prononcés, il en aurait fallu bien plus pour que l’on cesse de confondre une Maybach avec une Classe S « pimpée »
Malgré des ventes très confidentielles, Maybach propose pas moins de cinq modèles. On retrouve tout d’abord la version de base, la 57 (57 représentant la longueur de la voiture – 5 734 mm) et la 62 (6 171 mm). Ces deux modèles se déclinent en variantes « S », non pour Sport mais pour Spezial, le terme Sport étant sans, doute tabou chez les très riches. Il y a aussi la très spécialisée Landaulet, qu’il est permis d’appeler « Landau laitte » tellement ses lignes sont… différentes. En fait, tout comme certains modèles anciens très luxueux, la partie arrière de son toit s’ouvre pour permettre aux occupants de saluer la foule alors que le chauffeur ganté avance lentement dans le défilé protocolaire. Je me demande bien qui, outre un premier ministre ou un pape peut avoir besoin de ce véhicule ? On peut aussi se poser la question à savoir qui a besoin d’une Maybach, peu importe le modèle…
Des versions pour multimillionnaires pauvres
La différence de longueur entre les versions 57 et 62 se remarque surtout au niveau des places arrière qui passent d’extraordinairement grandes pour la 57 à « galactiquement » grandes pour la 62. Lors du lancement de la marque en 2002, Maybach parlait d’un habitacle digne d’un jet privé. Et, effectivement, je ne vois pas de meilleure référence. Les matériaux sont d’une qualité rarement égalée et leur assemblage est parfait. Une fois les portières refermées, c’est le silence le plus total. Il faut d’ailleurs voir l’épaisseur des vitres. Un millimètre de plus et on appelle ça du blindage ! Inutile d’insister sur le fait que les sièges sont confortables ou que l’espace n’est pas compté. Les sièges arrière possèdent tous les ajustements imaginables et inimaginables, les coupes de champagne sont spécialement dessinées pour ne pas renverser leur capiteux contenu sur les occupants habillés par Armani (qui aurait l’indécence de s’asseoir dans une Maybach avec des vêtements provenant de chez l’Équipeur ?), la connectivité Bluetooth et toutes les autres technologies sont contrôlées par les passagers arrière, le système DVD est double, ce qui permet à chacun de regarder son film préféré et, enfin, gâterie entre toutes, on retrouve un flacon de parfum branché au système de climatisation arrière…
Le chauffeur, lui, s’ennuie à mourir. Conduire une Maybach, en particulier de base, est d’une navrante platitude. Le moteur des 57 et 62 est un V12 turbo de 5,5 litres dont la puissance limitée à 550 chevaux est quand même suffisante pour des dépassements en toute sécurité. Lorsque des clients ont montré leur intérêt pour une Maybach plus puissante, les dirigeants n’ont surtout pas voulu les offenser (ils en ont tellement peu…). C’est ainsi que les modèles S ont droit à un V12 turbo de 6,0 litres de 630 chevaux, une hausse de 80 par rapport au 5,5 litres. Certes, les S sont très performants mais l’habitacle est si feutré qu’on n’a aucune sensation de vitesse. Sur une autoroute, conserver une vitesse de croisière de 100 km/h sans utiliser le régulateur de vitesse tient du miracle. Les suspensions des modèles Spezial sont un peu plus fermes, ce qui améliore la tenue de route. Si vous étiez sur le point de faire l’achat d’une S, ne craignez rien. Chez Maybach, suspension plus ferme veut quand même dire ultraconfortable. D’un autre côté, les 57 et 62, sans être des bêtes de circuit de course (les prototypes ont assurément été testés sur les autoroutes allemandes plutôt qu’au Nürburgring !) tiennent très bien la route. Après tout, quand une voiture peut atteindre 250 km/h, elle est mieux de bien coller à la route ! Et de très bien coller à la route quand elle peut rouler jusqu’à 278 km/h !
Feu vert
Prestige discret
Confort extraordinaire
Matériaux d’une sublime qualité
Puissance plus qu’adéquate
Possibilité de personnalisation
Feu rouge
Image de marque diluée
Incroyablement gros et lourd
Consommation éhontée
Conduite endormante
Boite automatique
à cinq rapports seulement