Lexus GX 2011: Les vertus de l'humilité
Dans le Guide de l’auto de l’an dernier, dans son article sur le Lexus GX470, Denis Duquet nous entretenait de la quête de Toyota/Lexus pour devenir le numéro un mondial de l’automobile. Pour ce faire, l’entreprise nippone se devait de présenter un produit dans chaque créneau, quitte à cannibaliser les produits Toyota pour en faire des Lexus. De plus, monsieur Duquet dénonçait le comportement condescendant de certains dirigeants.
Le temps semble avoir donné raison à notre rédacteur en chef préféré, les malheurs s’abattant sur Toyota/Lexus comme les frais sur un utilisateur de téléphone cellulaire. D’ailleurs, il est assez ironique de constater que la présentation du nouveau GX460 à la presse québécoise a eu lieu en janvier 2010 (en tant que modèle 2010), la veille de l’annonce du premier des problèmes affectant les produits de la marque japonaise, à savoir une pédale d’accélérateur trop zélée. Et, fait assez rare, le GX a perdu environ 2 % de sa dénomination alors que généralement, on cherche à impressionner davantage les consommateurs. Par exemple, un GX480 serait plus puissant qu’un GX470.
Qui perd gagne
Pourtant, ce n’est pas le cas. En passant au V8 de 4,6 litres, on gagne 38 chevaux et 6 livres-pied de couple. Quelquefois, moins c’est mieux! Ce moteur, d’une souplesse et d’une discrétion exemplaire, se veut des plus modernes et j’irais même jusqu’à dire, assez économique. Toyota promet 14,1 litres aux 100 km en ville et 9,8 sur la route, mais l’ordinateur de bord de notre véhicule d’essai indiquait 12,9 après une semaine passée à 80 % sur les routes. Cependant, il ne faut pas oublier que ce moteur doit promener 2 320 kilos, un poids loin d’être plume, tout en assurant des performances relevées. Bien entendu, le nom Lexus réclame de l’essence super…
La transmission est une automatique à six rapports d’une grande douceur. Le rouage 4x4 Torsen à temps plein permet de passer à peu près n’importe où et personne, ou presque, n’exploitera la moitié de ces capacités hors route. Pour ceux que ça intéresserait, la garde au sol est de 20 cm pouces tandis que les angles d’attaque et de départ sont, respectivement, de 28 et 25 degrés. Le GX460 de « base » jouit d’une gamme basse et du contrôle de descente en pente. La version haut de gamme, Ultra Premium, reçoit, en plus, le Sélecteur Tout-Terrain qui permet d’optimiser la traction selon le type de surface sur laquelle on roule. D’ailleurs, on retrouve déjà ce système, à quelques petites nuances près, dans le Toyota 4Runner duquel le GX est intimement dérivé. Cependant, on remarque plusieurs différences entre les deux véhicules, question de respecter les normes plus élevées de Lexus. Par exemple, le 4Runner possède un six cylindres tandis que le GX460 en a deux de plus. La transmission de ce dernier présente un rapport supplémentaire et la capacité de remorquage est plus élevée chez le Lexus (6 500 livres contre 5 000).
Si ce n’était des marchepieds intégrés, accéder à l’habitacle du GX460 serait plutôt ardu puisqu’il est haut sur pattes. Une fois monté à bord, on est frappé par le luxe et par la qualité des matériaux. Les sièges sont très confortables et font face à un tableau de bord de belle facture avec ses différents agencements de couleur et ses boiseries de qualité. L’espace, on s’en doute, ne fait pas défaut, tout comme les espaces de rangement. La deuxième rangée de sièges, de type 40/20/40 s’avère tout aussi accueillante malgré sa dureté initiale. Quant à la troisième rangée dont les dossiers s’abaissent à parts égales, permettez-nous d’en rire puisqu’elle est difficile d’accès et n’accueille que des gens sans jambes. Remarquez que plusieurs concurrents ne font guère mieux. Le coffre est superbement fini mais son seuil est très élevé. La porte arrière ouvre grâce à des pentures situées à droite. Plusieurs préféreraient un hayon même si la configuration du GX peut être très utile à l’occasion. La vitre ouvre séparément de la portière, une bénédiction quand vient le temps de transporter des objets longs.
Utilitaire sport… où ça ?
Il faudrait être passablement déconnecté de la réalité ou incroyablement naïf pour croire à la partie « sport » dans le terme « utilitaire sport » utilisé par Lexus pour définir son GX460. Dès les premiers tours de roue, la direction, inconsciente du travail des roues avant et imprécise, sert d’avertissement. Une courbe prise à une vitesse le moindrement élevée fait naître un roulis important. De plus, dès que les pneus glissent d’un seul millimètre, une panoplie de systèmes d’aide à la conduite intervient avec un « bip bip bip » plus stressant qu’informatif. D’ailleurs, malgré quelques virages serrés pris rapidement, le GX460 n’avait aucune intention de se retourner sur lui-même (on se souvient que Lexus avait effectué un rappel l’hiver dernier à la suite de plaintes plus ou moins justifiées, selon moi, concernant le risque de capotage). Même à des vitesses supra-illégales, on n’a aucune impression de la vélocité du véhicule. Au moins, la tenue de cap, même sur une route bosselée est excellente.
Par contre, il faut souligner le confort de l’habitacle et le silence de roulement.
J’imagine qu’au moins 10 % du poids du GX460 est constitué de matériel isolant. De plus, malgré le roulis de la caisse et le manque de précision de la direction, il s’accroche au bitume avec une belle ténacité. C’est juste qu’à part des journalistes consciencieux, personne n’a intérêt à le pousser.
Feu vert
Luxe et confort omniprésents
Habitacle silencieux
Finition monacale
Très habile en hors route
Grandes capacités
de remorquage
Feu rouge
Dimensions irraisonnables
Consommation élevée
Direction déconnectée
Comportement routier
de type « bof »
Troisième rangée de
sièges risible